PestiRiv, l’étude sur les pesticides qui fait trembler les vins de Bordeaux – Le Monde

Jean-Paul, 49 ans, porte un masque indiquant ses résultats d’analyses aux résidus de pesticides, à Bordeaux, le 13 octobre 2021.

L’étude n’a pas encore commencé mais elle inquiète déjà la filière viticole. Au point que Bernard Farges, le patron du très influent Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) a pris sa plume, début octobre, pour s’en émouvoir auprès de la préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et Santé publique France (SpF) ont annoncé, mardi 19 octobre, le lancement de PestiRiv, la plus grande étude d’exposition aux pesticides des riverains d’exploitations viticoles conduite à ce jour en France.

Si la viticulture a été choisie, explique-t-on à SpF, c’est d’une part que « l’imbrication » entre habitations et parcelles cultivées est plus forte que pour d’autres types de cultures et d’autre part que « des remontées de signaux sanitaires nous parviennent de zones viticoles avec notamment des cas de clusters de cancers pédiatriques proches de ces zones ». L’étude se déroulera en deux temps : d’octobre 2021 à février 2022, puis de mars à août 2022 pour inclure une période de traitements. Les résultats ne sont pas attendus avant 2024.

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La perspective de leur publication met pourtant déjà en émoi le patron du CIVB. « Nous ne sommes pas convaincus que l’Anses et SpF, une fois le travail d’analyse et de diffusion réalisés, feront l’effort de pédagogie et de contradiction nécessaire pour éviter des conclusions hâtives, faisant fi de toute rigueur scientifique », écrit Bernard Farges dans son courrier du 1er octobre, dont Le Monde a pu prendre connaissance.

« Rigueur scientifique »

Le représentant des viticulteurs bordelais prévient la préfète que son organisation ne participera pas à la prochaine réunion prévue le 10 novembre : « Nous n’accompagnerons pas cette démarche, ni auprès des entreprises viticoles girondines, ni auprès des maires des communes concernées. » Une menace à peine voilée qui peut mettre péril PestiRiv, dont la réalisation implique la coopération des viticulteurs, qui devront partager avec les agences leur calendrier d’épandages et les produits qu’ils utilisent. Contacté, le CIVB n’a pas souhaité faire de commentaires.

« Aucune discussion n’a été ouverte, ni sur l’échantillonnage, ni sur le protocole, ni sur la politique de diffusion des résultats à venir », reproche M. Farges dans sa missive. « Les parties prenantes sont informées, assure-t-on à SpF. Mais aucune, ni les professionnels viticoles ni les ONG n’ont leur mot à dire sur le protocole. C’est la garantie de sa rigueur scientifique. »

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