« Personne ne peut exclure le scénario vertigineux d’un Brexit sans fin » – Blog Le Monde

Les nuages s’amoncellent sur les promesses faites par Boris Johnson d’une sortie définitive du Royaume-Uni de l’UE. Et les législatives à venir sont imprévisibles.

Publié hier à 11h37, mis à jour hier à 13h37 Temps de Lecture 4 min.

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Le premier ministre britannique Boris Johnson, lors d’une réunion au 10 Downing Street, le 5 novembre.

Chronique. « Qu’on en finisse ! » Jamais les protagonistes du Brexit n’ont été aussi unanimes pour réclamer un clap de fin sur ce feuilleton tragicomique long de bientôt quatre ans. Les Britanniques, quel que soit leur bord, n’en peuvent plus. Les 27 Etats de l’Union européenne ont depuis longtemps dépassé le cap de l’exaspération. L’ennui est que les véritables enjeux du divorce, longtemps brouillés par les responsables politiques, n’apparaissent clairement qu’aujourd’hui à l’opinion publique britannique. L’autre léger problème est que le « deal » présenté par Boris Johnson comme décisif et final n’est en réalité que le point de départ d’années de négociations commerciales et sécuritaires à l’issue hautement imprévisible.

Même s’ils finissent par s’entendre sur la date de la rupture de la vie commune, Européens et Britanniques sont loin d’avoir décidé du « sort des enfants ». Condamnés par l’histoire et la géographie à vivre côte à côte, ils ne peuvent couper subitement les mille liens qui les unissent sans échafauder de nouvelles relations. Ainsi, le dernier quart d’heure du Brexit pourrait se révéler comme le plus long.

« Thatchérisme sous stéroïdes »

Bizarrement, l’arrivée au pouvoir du brouillon Boris Johnson a rendu les enjeux plus clairs : le Brexit est destiné à transformer le Royaume-Uni en une puissance concurrente de l’UE, déliée des règles fiscales, sociales et environnementales européennes. Alors que Theresa May tentait de noyer le poisson, Boris Johnson revendique cette nouvelle révolution thatchérienne. L’avenir radieux du « Royaume-Uni global » qu’il a promis aux électeurs pro-Brexit passe par un retour à la grande aventure libre-échangiste de l’empire britannique. « Libéré » de Bruxelles, Londres pourrait négocier de fructueux accords commerciaux avec les pays du Commonwealth, et en premier lieu avec les Etats-Unis.

Trump vient de faire un accroc de taille dans l’argumentaire du premier ministre.

Or Donald Trump vient de faire un accroc de taille dans l’argumentaire du premier ministre. Supporteur de Nigel Farage, le leader du Brexit Party (extrême droite britannique), le président américain enjoint à M. Johnson de faire alliance avec lui – ce que ce dernier exclut – et conditionne l’octroi d’un accord de libre-échange à une rupture plus radicale encore avec l’UE que ne le prévoit le nouveau « deal » négocié avec les 27.

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L’intervention de M. Trump valide en revanche la rhétorique antiaméricaine du leader de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, qui présente Boris Johnson comme un valet de Washington et son Brexit comme un acte de soumission à Trump dont la première conséquence serait de lui « vendre le NHS ». Une formule pointant le risque d’une mainmise des géants américains de la pharmacie et de la médecine, en cas d’accord de libre-échange, sur ce système de santé gratuit vénéré des Britanniques.

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