“Personne ne l’avait jamais vu”: le glaçant portrait d’Amin M., tueur présumé de Salomé, battue à mort à Cagnes-sur-Mer – Nice-Matin

Amin M. est apparu comme par magie à l’été 2018. “Personne ne l’avait jamais vu, il prétendait être de Grasse, mais bizarrement ça ne disait rien à personne”, explique une connaissance.

Aux uns il affirme venir de Paris, à d’autres avoir de la famille à Cagnes, ou sa mère à Nice. Un garçon secret. Amin M. sympathise avec un jeune qui l’héberge. L’atelier de la maman de Salomé est à deux pas. “Il l’a vite repérée. Il m’a demandé son Facebook”, confie le logeur, rétrospectivement écrasé de chagrin.

Salomé, belle comme le jour, venait de se séparer d’un garçon “très bien”, de l’avis unanime. C’était en fin d’année 2018.

Amin M. ne dit alors rien de son passé.

Qui savait que, deux ans plus tôt, une ex-compagne avait déposé plainte contre lui? En mai 2016, Marie, 17 ans (2), affirme aux policiers qu’Amin, dans une folle crise de jalousie, lui a attaché les mains dans le dos et plongé la tête à dix reprises dans la baignoire. Le but, insensé: lui faire avouer une relation extraconjugale qui n’existait pas. La dénonciation arrive cinq mois après les faits, la jeune femme, vraisemblablement terrorisée, refuse la confrontation, lui nie: la plainte suit un classement vertical.

Qui savait que la maman de Marie avait également déposé une main courante, le 22 mars 2016, au commissariat de Vallauris, affirmant qu’Amin aurait poussé “involontairement” sa fille sur la voie ferrée du côté de Cannes?

Qui savait dans les ruelles grassoises, que la propre maman d’Amin avait déposé deux plaintes, le 9 août 2017 et le 14 mars 2018 pour menaces et violences de la part de son fils? Personne.

Amin M. est-il venu à Grasse se refaire une virginité? Il ne se livre alors que par bribes. Explique, sans que personne ne puisse vérifier, que ses parents sont séparés, que son père battait sa mère. Indique avoir été serveur, disposer d’un peu d’argent de côté et toucher les minima sociaux.

Salomé rejoint Amin dans l’appart pour une coloc à trois. Le couple regarde des séries japonaises, Amin boit parfois, parle foot, écoute de la musique. “C’était de l’instrumental bizarre. Salomé a fini par aimer aussi”, confie le logeur.

Salomé s’enfonce

Très vite, la relation dégénère. Amin laisse entrevoir, malgré un physique malingre, un caractère ombrageux. Il la gifle, recevant en retour l’ire des très fidèles amis de Salomé. Et même quelques coups. Ce qui n’empêche pas d’autres, en ville, de le percevoir comme un garçon gentil.

Salomé, elle, s’enfonce. Prise dans la spirale infernale, cette fille bosseuse quitte étonnamment la fac. Elle travaille désormais chez un pâtissier du cours Honoré-Cresp (nos éditions précédentes). “Une très bonne vendeuse, épanouie. Mais on s’est vite rendu compte qu’il y avait un problème. Et le problème, c’était lui… “, confie Serge Noël, le patron.

>>RELIRE. VIDÉO. “Je lui disais: avec lui, tu finiras dans un cercueil”: son ex-patron craignait le pire pour Salomé, battue à mort à Cagnes

Amin se persuade à ce moment que sa compagne entretient une liaison avec le jeune pâtissier de la maison. Il envoie texto sur texto à l’employeur de Salomé: “Dites à votre ouvrier qu’il avoue qu’il couche avec elle.” Il la surveille tous les après-midi, planté devant la vitrine. Serge Noël prévient Salomé du danger: “Si tu continues comme ça, tu vas être voilée, il va te taper dessus, et tu finiras dans un cercueil…”

Pâle et malade

Devenue pâle, “comme malade”, la jeune femme pleure souvent dans la boutique. Le pâtissier alerte la maman. Le soir elle et son compagnon tombent sur Amin. La scène se terminera en bagarre, distendant les relations entre la jeune fille et sa famille. Le piège semble s’être refermé. Jaloux maladif, Amin aurait cassé l’ordinateur de la jeune femme, lui aurait fait retirer des publications des réseaux sociaux.

Une dernière anecdote, terrible. Un mois et demi après avoir été contrainte de quitter son job, Salomé revient à la boutique. Elle veut les bandes de vidéo surveillance. “Pour prouver à Amin que je n’ai pas couché avec le pâtissier.” Elle semble désespérée. “Nous lui avons répondu que nous-mêmes ne pouvions les avoir. Qu’elles étaient communiquées à la police uniquement en cas de vol ou d’agression”, raconte Serge Noël. Perdue, vraisemblablement acculée, la jeune femme supplie alors ses patrons… de l’accuser de vol afin de pouvoir récupérer les bandes. Ils refuseront.

Samedi 31 août, vers 2 heures du matin, au terme d’une énième dispute, Salomé sera rouée de coups, puis son corps enroulé dans un tapis et caché sous des branchages. 100e victime d’un féminicide en France en 2019.

Amin M. nie. Il est présumé innocent. Il encourt la perpétuité.

(1) Son avocate, contactée, n’a pas donné suite à nos demandes.

(2) Le prénom a été modifié.

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