Pédocriminalité dans l’Eglise : l’heure des décisions pour les évêques – Le Monde

Les évêques de France réunis à Lourdes, le 2 novembre 2021.

Un collectif de victimes de violences sexuelles dans l’Eglise catholique a pris pour nom « De la parole aux actes ». C’est aussi le défi qu’affrontent les évêques, réunis à Lourdes (Hautes-Pyrénées) pour leur assemblée plénière consacrée en grande partie au rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). Lundi 8 novembre, au terme d’une semaine de travail, ils voteront sur plusieurs résolutions dont les associations, comme de nombreux catholiques, attendent qu’elles commencent à mettre en œuvre les quarante-cinq préconisations du rapport de la commission présidée par Jean-Marc Sauvé. Et qu’ils traduisent en actes la responsabilité institutionnelle de l’Eglise dans ces violences, qu’ils ont reconnue à une large majorité, vendredi.

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Ce premier vote ouvre la voie au dispositif de reconnaissance et de réparation qu’attendent urgemment les victimes. Il devrait être mis aux voix, et probablement adopté, lundi matin. Dans ses grandes lignes, il comporterait deux éléments. Le premier est une instance indépendante nationale qui serait chargée de recueillir les demandes de personnes victimes, notamment celles pour lesquelles les faits sont prescrits ou l’agresseur est mort, et de les traiter de manière personnalisée. Les évêques doivent encore préciser si les victimes de faits non prescrits y auront accès.

Un fonds de dotation

Présidée par une ancienne magistrate, déjà pressentie mais dont l’identité n’a pas été révélée, et composée par elle, cette instance permettra aux personnes victimes d’être reconnues comme telles. Elle pourra servir au besoin de médiateur entre ces personnes et les diocèses ou autres institutions ecclésiales, par exemple pour obtenir des informations sur l’agresseur présumé, l’existence ou non d’autres victimes… Ce parcours débouchera sur une réparation, qui pourra notamment prendre la forme d’une indemnisation – quoique l’on ne sache pas encore si elle portera ce nom –, quand tant de victimes ont dû engager de coûteux parcours de soin. En revanche, il est acquis que cette somme d’argent variera en fonction des personnes.

Le second élément du dispositif de réparation est un fonds de dotation, chargé de financer l’instance indépendante. Il a déjà été institué en mars par les évêques et certains y ont déjà versé de l’argent. Mais des associations de victimes et des catholiques avaient alors protesté contre le fait que les fidèles puissent eux aussi abonder le fonds, certains estimant que ce n’était pas à eux de payer pour les agressions commises par des clercs. Dans l’épiscopat, on fait observer que certains catholiques insistent, malgré tout, pour pouvoir contribuer et qu’il serait malvenu de le leur refuser. En revanche, il semble acquis qu’il n’y aura pas d’appel aux dons, comme en mars dernier, pour alimenter ce fonds. L’Eglise catholique, à travers ses diocèses, devra donc probablement vendre certains biens immobiliers pour l’abonder. « Il est normal que cela coûte à l’Eglise », dit l’un de ses prélats. Il est difficile de savoir combien de victimes solliciteront une indemnisation.

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