Pédocriminalité dans l’Eglise : les évêques s’engagent dans l’indemnisation des victimes – Le Monde

Réunis à Lourdes en assemblée plénière, les évêques ont adopté, lundi 8 novembre, une série de mesures visant à lutter contre les violences sexuelles dans l’Eglise catholique, à la suite de la publication du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels (Ciase), le 5 octobre. Selon Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), ces décisions « marquent un pas décisif » de la part de l’épiscopat et constituent « un vaste programme de renouvellement de[s] pratiques de gouvernance à l’échelle des diocèses et à l’échelle de l’Eglise en France ».

La première décision est l’institution d’une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), dont la présidente est la juriste Marie Derain de Vaucresson, ancienne défenseure des enfants (2011-2014). Elle choisira elle-même les membres de sa commission, qui déterminera les règles de fonctionnement de cette institution.

Pourront la saisir toutes les personnes victimes de violences sexuelles dans un diocèse, que les faits soient ou non prescrits. L’Inirr pourra servir au besoin de médiateur entre ces personnes et les diocèses ou autres institutions ecclésiales, par exemple pour obtenir des informations sur l’agresseur présumé, l’existence ou non d’autres victimes… Ce parcours pourra déboucher sur une réparation, qui pourra prendre la forme d’une « indemnisation » – le terme, longtemps écarté par l’Eglise, a été employé par Mgr de Moulins-Beaufort. Cette indemnisation sera individualisée.

Lire aussi Pédocriminalité : les évêques de France reconnaissent « la responsabilité institutionnelle » de l’Eglise catholique

Un emprunt « si nécessaire »

Cette instance disposera des « moyens financiers nécessaires » à l’exercice de sa mission. Ils lui seront fournis par le fonds de dotation déjà voté en mars, et qui a commencé de fonctionner sous le nom de Fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs (Selam). Il a déjà reçu quelque 500 000 euros, de la part d’évêques mais aussi de fidèles, indique Ambroise Laurent, chargé des questions économiques et financières de l’épiscopat.

Désormais, il n’est plus question de recourir aux dons des laïcs. « Comme il faut des sommes bien supérieures à ce que nous avions imaginé », a précisé le président de la CEF, il sera abondé par des biens mobiliers et immobiliers de la CEF ou des diocèses, ainsi que par « les réserves de sécurité » dont disposent inégalement les diocèses. Cette trésorerie, précise Ambroise Laurent, peut représenter environ 500 millions d’euros, l’équivalent d’un an à un an et demi de budget. En outre, les évêques contracteront un emprunt « si nécessaire ».

Il vous reste 62.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading