Passe d’armes entre Castaner et Faure : pourquoi ils se détestent tant – Le Parisien

« Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis je m’en charge. » Christophe Castaner et Olivier Faure ont fait leur, hier, cette maxime attribuée à Voltaire. Le ministre de l’Intérieur a tiré le premier. Puis tout est allé crescendo, des opposants de tous bords s’emparant de cette querelle d’anciens camarades.

Invité à réagir aux propos du Premier secrétaire du PS sur la « légèreté incroyable » de Benjamin Griveaux, le locataire de Beauvau lâche sur France Inter : « J’ai été surpris d’entendre Olivier Faure, que je connais bien et que j’ai accompagné dans ses divorces et ses séparations. J’ai été étonné de ses leçons de morale. » Tollé. « Manque de maîtrise, de sang-froid et de jugeote », charge un ponte du PS.

VIDÉO. « Une faute grave », Olivier Faure en colère après les déclarations de Castaner sur sa vie privée

Réplique d’Olivier Faure, tout en formalisme. Pupitre et fond tricolore de l’Assemblée nationale, le socialiste dénonce « une faute grave » : « Le fait pour un ministre de l’Intérieur de chercher à intimider l’un des dirigeants de l’opposition, en ayant recours à des insinuations relevant de sa vie privée, est une atteinte au fondement de la démocratie. »

Castaner et Faure, c’est l’histoire d’une amitié, ancienne, mise à mal par une vie passée en politique. Leur camaraderie remonte aux années étudiantes, lorsqu’ils militaient ensemble au sein des jeunesses rocardiennes. Ils cheminent en parallèle dans les arcanes socialistes, jusqu’à arriver, ensemble toujours, à l’Assemblée en 2012. Nouveau petit club, autour du Premier ministre Jean-Marc Ayrault cette fois. Vient la rupture. Castaner, meurtri de sa défaite aux régionales de 2015, se sentant lâché par son parti, mais aussi par son ami, s’en va rejoindre Macron. Faure reste dans le giron socialiste.

Des échanges au vitriol

Le premier devient l’un des lieutenants du nouveau pouvoir, le second patron d’un PS exsangue. Leurs échanges se font, depuis, par médias interposés. Avec, toujours, une pincée de vitriol. Ainsi Castaner n’a-t-il jamais digéré que Faure l’accuse de gérer le maintien de l’ordre « entre deux verres ». « Il s’agit, bien plus qu’autre chose, de deux hommes qui ont une longue histoire commune », souffle un Marcheur.

Une vision rejetée par Olivier Faure, déterminé à contre-attaquer sur le volet politique. « Ce n’est pas une affaire personnelle », martèle le Premier secrétaire du PS, qui demande au président « de convoquer » son ministre « dans les meilleurs délais et d’en tirer les conséquences ». Et se réserve, nous glisse-t-on, la possibilité de donner d’autres suites à cette affaire, en l’absence de « réponse appropriée ».

Démentant toute « mauvaise intention », l’entourage du ministre de l’Intérieur s’en tient, lui, au tweet de ce dernier. Où Castaner fait le choix délibéré de s’adresser en direct à son ancien camarade : « Il n’y avait ni menace, ni attaque personnelle dans mon propos. Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour savoir l’un et l’autre que la vie n’est pas linéaire. » Puis, en fin de journée, en présentant ses regrets dans une déclaration à l’AFP.

Au sein du gouvernement, certains enjoignent, en outre, « à se rappeler aussi que Faure n’a pas toujours été d’une élégance extrême, notamment lorsqu’il a traité Jean-Yves Le Drian et l’aile gauche de la majorité de Club d’alcooliques anonymes ». Gardez-moi de mes amis…

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