Parlement britannique: à la tête des rebelles conservateurs, Philip Hammond pourrait arrêter Boris Johnson – RTBF

Il ne souhaitait pas faire ce “cadeau” à Boris Johnson. En démissionnant fin juillet, juste avant la prise de fonction du nouveau Premier ministre, Philip Hammond aura donc annoncé clairement la couleur : il sera l’impitoyable adversaire d’un chef de gouvernement avec lequel le courant ne passe pas. Et pour cause, en redevenant simple député, après avoir enchaîné les portefeuilles ministériels, Hammond incarnera le chantre des “rebelles”, porte-voix de ces conservateurs, farouchement opposés à un divorce brutal avec l’Union européenne. Ceux-là même qui comptent se faire entendre aujourd’hui. 

Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter un no-deal

On l’a surnommé “Phil le Comptable”. Mais ça, c’était avant. Car depuis juillet 2016, Philip Hammond occupait le poste stratégique de chancelier de l’Echiquier de Theresa May. En d’autres termes, l’homme de 63 ans, physique longiligne, avait trouvé ses marques au Trésor, malgré les quelques couacs des débuts. Ce fils d’ingénieur, à l’âme résolument conservatrice, sera particulièrement fier de rendre une maison en ordre et bien tenue, avant de tirer sa révérence.

Une révérence comme un pied de nez : d’après des confidences de ses proches, Hammond avait prévenu qu’il ne voulait pas laisser à Boris Johnson “la joie de le virer”. Il savait que ses jours étaient comptés au Trésor, il est parti avant la fin.

Qu’on ne s’y trompe pas. L’ex-argentier britannique n’est pas un europhile totalement convaincu. Il a juste fini par adopter un ton plus conciliant avec Bruxelles. Avec les mois, il s’est rangé du côté des milieux d’affaires qui redoutent un Brexit sans accord. Et fait donc aujourd’hui de relais de la fronde des Conservateurs qui compte donner du fil à retordre à Boris Johnson. 

Il dévoile son plan de bataille dès juillet. Hammond livre une longue interview à deux quotidiens, français et allemand. Il y évoque toute sa détermination pour empêcher que son pays ne quitte l’Union européenne sans accord. On lui demande s’il sera prêt à soutenir un vote de défiance contre le Premier ministre, il devient moins explicite. Il parle de ces “mesures” à prendre pour éviter un Brexit dur, sans s’épancher.

Un vote crucial pour les anti-no deal

Le bras de fer prévu ce mardi sera donc particulièrement scruté. La rentrée est électrique pour les députés britanniques, l’affrontement aura lieu. Entre Boris Johnson et les députés de l’opposition, d’une part. Mais aussi avec son propre camp conservateur. Boris Johnson s’exprimera devant les députés. Il fera face à ces rebelles Tories (Philip Hammond, en tête), qu’il a menacé d’exclusion si l’envie les prenaient de voter avec l’opposition. Une pression qui ne semble pas vraiment décourager les rebelles. Philip Hammond continue à scander qu’il bénéficiera de soutiens suffisants au Parlement pour bloquer une sortie sans accord.

Dans cette bataille tactique, la principale formation d’opposition garde toutes les options ouvertes, y compris une motion de censure contre le gouvernement. Et se dit prête à des élections anticipées. Si, après le vote de ce soir, les partisans du “no deal” l’emportent au Parlement, la perspective d’élections anticipées est l’option la plus crédible. Boris Johnson n’acceptera, en tout cas, aucun nouveau report du Brexit, lui qui s’est engagé à faire sortir son pays de l’Union le 31 octobre prochain. 

Que va-t-il advenir de cette alliance entre députés de l’opposition et rebelles du parti conservateur, le temps d’un vote ? L’issue, si elle est autorisée par le président de la Chambre des Communes, trouvera son dénouement dans la soirée. Les uns et les autres tenteront en tout cas de jouer leur va-tout pour tenter de contrer Boris Johnson. 

Les conservateurs opposés à un brexit dur quittent le 16 downing street

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