Paris en « alerte maximale » : les bars ferment, les restaurants restent ouverts – Le Monde

Au Café de Flore, le 2 juin, à Paris.

Trois jours de faux suspense, et la décision est tombée dimanche 4 octobre à 21 h 30 : Paris et les trois départements limitrophes – les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne – sont comme prévu placés désormais en « zone d’alerte maximale » face à l’épidémie de Covid-19, pour au moins 15 jours, a annoncé le gouvernement. Principale conséquence immédiate, les milliers de bars de Paris et de la petite couronne devront rester fermés à partir de mardi 6 octobre. Les restaurants, en revanche, pourront rester ouverts, au prix d’un protocole sanitaire renforcé, et ce dans toutes les zones placées en alerte renforcée ou en alerte maximale. Dans toutes ces zones enfin, les universités devront réduire de moitié le nombre d’étudiants accueillis simultanément.

Jeudi, Olivier Véran avait prévenu que si l’aggravation de la situation sanitaire se confirmait, le gouvernement n’aurait « pas d’autre choix que de placer Paris et la petite couronne en alerte maximale et ce dès lundi ». Ce sursis a permis aux bars de gagner un week-end de chiffre d’affaires. La mairie de Paris, elle, a sauvé sa « Nuit blanche », une série de parcours artistiques dans la capitale à laquelle la maire Anne Hidalgo tenait beaucoup, même si la manifestation organisée samedi soir a réuni bien moins de spectateurs que le million de personnes atteint en 2019, et créé dans certaines rues des attroupements peu respectueux des nouvelles règles sanitaires.

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Mais dimanche, le premier ministre, Jean Castex, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, en sont convenus : les indicateurs sanitaires sont toujours aussi mauvais. Paris « a franchi, depuis plusieurs jours, les trois seuils qui correspondent à la zone d’alerte maximale », et « la tendance s’est confirmée pendant le week-end », souligne-t-on à Matignon.

Double contrainte

Le nombre de personnes diagnostiquées positives au cours des sept derniers jours dépasse en effet largement les 250 pour 100 000 habitants : il se situe à 270 pour 100 000, au dernier pointage. Chez les personnes âgées, les plus fragiles, ce taux d’incidence est supérieur à 100 pour 100 000. Enfin, la tension devient nette dans les hôpitaux d’Ile-de-France, où 35 % des lits de réanimation sont maintenant occupés par des patients atteints du Covid-19.

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Dans ces conditions, guère d’autre solutions pour le gouvernement que de donner un tour de vis, dans l’espoir de briser enfin la deuxième vague que les mesures précédentes n’ont pas réussi à empêcher d’enfler. « Le passage en zone d’alerte maximale implique de prendre des mesures plus contraignantes », affirme Matignon.

Quelles mesures ? Les pouvoirs publics sont pris entre deux feux. D’un côté, ils veulent éviter que l’épidémie ne devienne hors de contrôle, et que les hôpitaux ne soient débordés dans quelques semaines. D’un autre, ils tiennent à préserver au maximum l’économie, pour limiter la crise sociale qui se profile.

Les mesures arbitrées au cours du week-end sont le fruit de cette double contrainte. Si les bars ferment, les restaurants, eux, restent ouverts. Depuis des jours, les professionnels faisaient pression pour maintenir leur activité, en proposant un contrôle sanitaire plus strict. Pour échapper à la fermeture, ils se disaient prêts à noter les coordonnées des clients, assurer le paiement à table, ou encore à limiter les groupes de convives à huit. Le gouvernement en a accepté le principe. Ce « protocole sanitaire renforcé », qui sera détaillé lundi, sera mis en place dans les zones dites d’alerte renforcée et d’alerte maximale – ce qui signifie que les restaurants d’Aix-Marseille vont pouvoir rouvrir.

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Eviter les amphis bondés

De même, tout en soulignant le rôle des étudiants dans la reprise de l’épidémie, l’exécutif n’a pas voulu fermer brutalement toutes les universités. La solution retenue consiste à réduire nettement les effectifs physiques dans les établissements, afin d’éviter les amphis bondés propices à la circulation du Covid-19. « Tous les établissements d’enseignement supérieur (universités, écoles, instituts de formation) classés en zone d’alerte renforcée et en zone d’alerte maximale réduiront de moitié le nombre d’étudiants accueillis en présentiel au même moment par rapport à leur capacité d’accueil maximale », annonce donc Matignon.

Enfin, la ministre du Travail Elisabeth Borne devrait rappeler lundi aux partenaires sociaux « la nécessité de privilégier, plus que jamais, le télétravail » dans les zones d’alerte renforcée et maximale.

Ce cocktail de mesures suffira-t-il à stopper la vague ? Le gouvernement a prévu de faire un nouveau point dans 15 jours, pour « réévaluer » les décisions.

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