Pap Ndiaye, un choix symbolique à la tête de l’éducation nationale – Le Monde

Pap Ndiaye et Jean-Michel Blanquer, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs, au ministère de l’éducation nationale, à Paris, le 20 mai 2022.

C’est « la » nomination surprise du remaniement : l’historien Pap Ndiaye, 56 ans, est devenu, vendredi 20 mai, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. D’autres noms avaient circulé, ces derniers jours – ceux de Gabriel Attal, de Bruno Le Maire ou encore de Julien Denormandie – pour succéder à Jean-Michel Blanquer et s’installer rue de Grenelle. C’est finalement sur celui de ce professeur des universités, spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis, que la nouvelle première ministre, Elisabeth Borne, et le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, ont trouvé un accord.

« Je suis un pur produit de la méritocratie républicaine, dont l’école est le pilier », a-t-il mis en avant lors de la passation des pouvoirs organisée, dès vendredi soir, avec Jean-Michel Blanquer au ministère de l’éducation. Il a adressé ses premières « pensées » à Samuel Paty et au monde enseignant. « Un monde qui est le mien depuis longtemps », a-t-il précisé en faisant explicitement référence à sa mère professeure.

« Le choix vaut symbole », soufflait-on avant même cette cérémonie dans les cercles de l’école, tant Pap Ndiaye a l’image d’un « homme de consensus », quand Jean-Michel Blanquer, au terme d’un mandat à la longévité record, était devenu clivant.

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C’était déjà pour apaiser les esprits que l’agrégé d’histoire avait été placé par Emmanuel Macron, en février 2021, à la tête du Palais de la Porte-Dorée, qui abrite le Musée national de l’histoire de l’immigration, avec l’objectif de calmer les tensions autour d’un sujet hautement inflammable – l’histoire coloniale. Le voilà désormais chargé, dans un secteur stratégique pour ce second quinquennat Macron, de renouer le dialogue avec des enseignants échaudés par deux années de crise sanitaire et la gestion « verticale » reprochée à son prédécesseur.

« Je me sens plus cool que “woke” »

Entre Ndiaye l’historien et Blanquer le juriste, il n’y a pas qu’une différence de style ou de ton. Il y a aussi une rupture, très nette, sur le plan des idées : l’idéologie « woke » est un « épouvantail plus qu’une réalité sociale ou idéologique », affirmait Pap Ndiaye au Monde, en janvier 2022. A mille lieues de la croisade contre l’« islamo-gauchisme » et le « wokisme » incarnée, ces dernières années, par M. Blanquer.

Des militants « woke », M. Ndiaye disait aussi ceci à M Le magazine du Monde, en juin 2021 : « Je partage la plupart de leurs causes, comme le féminisme, la lutte pour la protection de l’environnement ou l’antiracisme, mais je n’approuve pas les discours moralisateurs ou sectaires de certains d’entre eux. Je me sens plus cool que “woke”, c’est sans doute une question de génération. »

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