« Pandora Papers » : plongée mondiale dans les secrets de la finance offshore – Le Monde

Par Jérémie Baruch , Anne Michel , Maxime Vaudano et ICIJ

Publié aujourd’hui à 18h32, mis à jour à 18h40

C’est le cauchemar des riches et des puissants qui recourent à des paradis fiscaux pour dissimuler leurs avoirs aux regards indiscrets : un leak, une fuite massive de données confidentielles, qui jette une lumière crue sur leurs secrets.

Ce jour tant redouté est arrivé pour les 35 chefs d’Etat (anciens ou actuels) et les 130 milliardaires qui apparaissent dans les « Pandora Papers », la nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire. Près de 12 millions de documents, provenant des centres offshore les plus opaques de la planète, ont été transmis par une source anonyme à un consortium de 150 médias internationaux, parmi lesquels Radio France et « Cash Investigation » en France.

L’ICIJ et ses partenaires ont eu accès aux archives de quatorze cabinets distincts, tous spécialistes de la création de sociétés anonymes. Quatorze maillons de la longue chaîne qui fait tourner le monde parallèle de l’offshore, où les règles classiques de l’économie (transparence, équité, responsabilité) n’ont pas cours. Leurs noms ne parleront pas au grand public : Trident Trust, DadLaw, SFM, Alcogal, Il Shin…

Pourtant, à l’image du cabinet Mossack Fonseca, au cœur du scandale des « Panama Papers » en 2016, ces cabinets disséminés dans des paradis fiscaux aux secrets d’habitude bien gardés (Belize, îles Vierges britanniques, Chypre, Dubaï, etc.) jouent un rôle central dans ce système biaisé en faveur des plus riches, à même de s’offrir, pour quelques milliers d’euros, la protection d’une société-écran.

Assurance-vie contre les aléas politiques

Parmi les dizaines de milliers de propriétaires de sociétés révélés par les « Pandora Papers », dont 600 Français, figurent un nombre sans précédent de responsables politiques de haut niveau, aux quatre coins du monde : l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, l’ancien directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, le président kenyan Uhuru Kenyatta, le premier ministre libanais Najib Mikati, le roi de Jordanie Abdallah II, le premier ministre tchèque Andrej Babis, le président équatorien Guillermo Lasso, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président gabonais Ali Bongo, le premier ministre ivoirien Patrick Achi, le président congolais Denis Sassou Nguesso… A leurs côtés, une poignée d’hommes politiques français, souvent murés dans le silence au moment d’expliquer la raison d’être de leurs sociétés offshore. Au total, l’ICIJ a dénombré dans le leak plus de 300 responsables publics du monde entier.

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