Ouvrir le Puy du Fou mais pas les jardins? Les choix du gouvernement critiqués – Le HuffPost

AFP
Pluie de critiques sur le gouvernement et ses priorités dans le déconfinement (Emmanuel Macron au Puy-du-Fou en 2017)
POLITIQUE – Pas une journée. Depuis le début du confinement, il ne se passe pas 24 heures sans que la maire de Paris, Anne Hidalgo, ne réclame à cor et à cri la réouverture des parcs et jardins dans la capitale. Subissant, avec la même constance, les refus successifs du gouvernement, d’Olivier Véran à Christophe Castaner, jusqu’au Premier ministre Édouard Philippe.

Tous estiment, au contraire de la majorité des scientifiques interrogés sur le sujet, qu’une telle mesure ne serait pas raisonnable alors que l’Île-de-France fait partie des dernières régions “rouge” sur la carte du coronavirus. Une position qui exaspère de nombreux élus parisiens, à commencer par Anne Hidalgo qui voit là, une décision contreproductive. 

“Si vous n’ouvrez pas les parcs et jardins à la promenade, pour y faire du sport, pour marcher, pas pour y faire des pique-niques, les Parisiens seront renvoyés à des trottoirs ou à des espaces comme les berges, le canal Saint-Martin”, plaidait-elle notamment le 13 mai, avant que cela ne soit vérifié, chaque jour, par les images publiées sur les réseaux sociaux ou dans les médias. 

Feu vert pour les cérémonies religieuses…

Mais au-delà de ce sujet, ce sont les priorités du gouvernement dans ce déconfinement qui sont pointées du doigt. Pourquoi autoriser les cérémonies dans un espace fermé et dans le même temps contraindre les cinémas à garder le rideau baissé? Comment comprendre la réouverture de certains parcs à thème… quand l’interdiction de flâner dans un jardin public demeure? Beaucoup, dont certains élus, ne comprennent pas les choix du gouvernement. 

Et les dernières décisions de l’exécutif ne vont pas arranger les choses. Dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 mai, le gouvernement a publié un décret autorisant immédiatement la reprise des cérémonies religieuses avec public dans les lieux de culte. Qu’elles soient organisées dans les départements “verts” ou “rouges.”

Cette mesure, bien qu’elle ait été guidée en ce sens par un avis du Conseil d’État, n’est pas vraiment du goût de tous. Le député Insoumis Éric Coquerel, dans un débat à l’Assemblée portant sur cette question, estimait par exemple qu’on “ne pouvait pas faire d’exception”. “Soit on ouvre les libertés pour absolument tous types de rassemblements, mais c’est évident, ça ne peut pas être uniquement pour des rassemblements cultuels”, expliquait-il le 8 mai dernier. 

Même avis du côté du député MoDem Bruno Millienne, pour qui “autoriser à nouveau des réunions publiques importantes dans les lieux de culte n’est quand même pas l’urgence la plus absolue.” 

Cette réouverture n’est d’ailleurs visiblement pas une priorité pour les Cultes eux-mêmes. La décision réjouit surtout les catholiques, les autres prévoyant une reprise beaucoup plus progressive. Les autorités musulmanes appellent par exemple les fidèles à faire la prière de l’Aïd-el-Fitr, qui marque dimanche la fin du ramadan, chez eux.

… et le Puy-du-Fou

Les autorités juives sont sur la même ligne: “Le respect de chaque vie est important, on ne peut pas prendre le risque de faire apparaître un foyer épidémique”, souligne Joël Mergui, président du Consistoire, tandis que le grand rabbin de France, Haïm Korsia, martèle depuis plusieurs jours qu’il ne faut pas “se ruer sur la réouverture des synagogues” fermées y compris pour la fête de Chavouot, qui a lieu en ce moment.

Outre la question de la réouverture des églises et des mosquées, le gouvernement est largement critiqué depuis plusieurs jours pour un autre déconfinement: celui du Puy-du-Fou.

Une décision obtenue de haute lutte par Philippe de Villiers, qui n’a eu de cesse de réclamer l’ouverture du parc de loisirs qu’il a fondé dans son département de Vendée, allant même jusqu’à crier à la “discrimination” faute d’obtenir gain de cause. Une enquête du Monde, publiée vendredi 22 mai, détaille les pressions exercées par l’ancien député sur Emmanuel Macron, afin qu’il cède et promette in fine la réouverture rapide du parc. 

De quoi provoquer la colère de nombreux élus, ulcérés par le déroulé du déconfinement et de ses priorités. La critique la plus rude, venant sans doute du député européen Raphaël Glucksmann, qui n’a pas hésité à rappeler les liens personnels, connus, entre le chef de l’État et l’ancien ministre de la Culture de Jacques Chirac. 

“Magnifique ce pays où le Président, en plus de décider perso de la fermeture des jardins municipaux, mobilise son conseil de défense pour la réouverture du Puy du fou… PS: juste dommage pour le festival d’Avignon que son directeur ne soit pas un ami d’extrême droite de Sa Majesté”, a cinglé l’eurodéputé.

L’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti ne s’est pas non plus montrée très tendre à l’égard de l’exécutif et de sa décision, qu’elle qualifie de “trahison la plus totale des idéaux républicains.”

“On ferme le festival d’Avignon mais cet individu d’extrême droite pourra continuer à faire l’apologie de son révisionnisme historique. Copinage relevant de la trahison la plus totale des idéaux républicains. La devise de la République c’est ‘liberté égalité fraternité’”, a-t-elle fulminé sur les réseaux sociaux, dans la lignée de très nombreux messages du monde de la culture ou des loisirs.

Certains allant jusqu’à s’interroger: les centres commerciaux ouverts, et les jardins publics fermés, un avant-goût du monde d’après?

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