Ouverture du procès contre Eric Zemmour pour ses propos sur les mineurs isolés – Le Monde

Eric Zemmour à Paris, le 14 novembre 2021.

Sa défense a prévenu : « Pour la sérénité des débats », Eric Zemmour ne viendra pas à l’audience, qui s’ouvre mercredi 17 novembre à 9 h 30, et pour laquelle il est convoqué en raison de propos tenus sur la chaîne CNews, le 29 septembre 2020, sur les mineurs isolés.

Le polémiste d’extrême droite, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles pour 2022 mais ne s’est encore pas déclaré candidat, sera représenté par ses avocats « Il ne sera pas présent, afin d’éviter que l’enceinte judiciaire ne se transforme en studio de télé d’information en continu », a déclaré Me Olivier Pardo.

Lire aussi Le raccourci caricatural d’Eric Zemmour sur la responsabilité de François Hollande dans les attentats du 13-Novembre

Habitué des sorties controversées, Eric Zemmour est cette fois cité à comparaître par le parquet pour « complicité de provocation à la haine raciale et d’injure raciale ». Lors d’un débat de l’émission « Face à l’info » sur les mineurs isolés après une attaque devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le chroniqueur avait déclaré : « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent ».

« Amalgames et racisme »

Sa défense estime que M. Zemmour n’a fait que « redire avec des mots différents » les inquiétudes exprimées par les autorités sur la délinquance liée aux mineurs non accompagnés.

Les jeunes soutiens d’Eric Zemmour, « Génération Z », ont prévu un rassemblement devant le tribunal avant l’ouverture de l’audience, qui aurait dû se tenir le 8 septembre, mais a été renvoyée en raison du grand nombre de parties civiles.

Une trentaine d’entre elles se sont constituées, dont les associations SOS Racisme, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et la Maison des Potes, ainsi qu’une vingtaine de conseils départementaux, les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, gérée par les départements.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Comment Marine Le Pen tente de contrer Eric Zemmour avant 2022

« Il s’agit de jeunes qui ont le droit à la protection et à un accueil digne », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), le président socialiste du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, constitué partie civile « car nous ne pouvons tolérer les amalgames et le racisme dont ce fossoyeur de la république est coutumier ».

« Que viennent faire les conseils départementaux dans cette affaire ? », a critiqué la défense de M. Zemmour. « C’est de la pure politique s’ils sont là. »

Plusieurs fois relaxé

Les propos tenus à l’antenne sont « absolument intolérables » et laissent entendre que « tout mineur isolé est un délinquant en puissance qui vient en France pour commettre des exactions », a estimé l’avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman. « C’est l’essence même du racisme. »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Election présidentielle 2022 : les macronistes déterminés à hausser le ton contre Eric Zemmour

Comme c’est l’usage dans les procès de presse, le patron de Canal+ sera jugé aux côtés de M. Zemmour, en tant que diffuseur des propos. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a d’ores et déjà sanctionné, en mars, la chaîne d’information d’une amende de 200 000 euros, pour « incitation à la haine » et « à la violence ».

« Contrainte » par une décision du CSA, CNews avait annoncé mi-septembre que M. Zemmour, locomotive des audiences depuis son arrivée sur la chaîne en 2019, n’interviendrait plus dans l’émission. Plusieurs voix s’étaient auparavant élevées pour dénoncer la tribune offerte chaque jour à un potentiel candidat à la présidentielle.

Les prises de position du polémiste de 63 ans lui ont valu, depuis une dizaine d’années, une quinzaine de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur l’élection présidentielle

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *