Oui, la femme interpellée mardi lors de la manifestation des soignants à Paris est bien infirmière – Libération

Question posée par Charles le 17/06/2020

Bonjour,

Vous faites référence à l’interpellation polémique d’une femme en blouse blanche mardi, lors de la manifestation des soignants à Paris.

Sur plusieurs vidéos publiées dans le cours de l’après-midi, on la voit être interpellée sans ménagement par les forces de l’ordre près de l’esplanade des Invalides, au terme de la manifestation des soignants pour l’hôpital public, alors que des violents affrontements ont lieu entre les forces de l’ordre et des manifestants. On entend également cette femme, Farida C., réclamer sa Ventoline.

D’autres vidéos, diffusées dans le cours de l’après-midi, la montrent en train jeter des projectiles en direction des forces de l’ordre, avant son interpellation. Cette scène a ému une partie de la classe politique et fait ressurgir le débat, déjà vif ces derniers jours, autour des violences policières en France.

A la suite de cette interpellation, Farida C. a été placée en garde à vue dans le commissariat du VIIe arrondissement. Un rassemblement réclamant la libération de l’infirmière, s’est tenu mardi soir, réunissant plusieurs députés de La France insoumise : Eric Coquerel, Mathilde Panot et Danièle Obono. Sur Twitter, leur chef de file, Jean-Luc Mélenchon, a réclamé la libération de «Farida l’infirmière». Une personne se présentant comme la fille de l’interpellée l’a aussi décrite comme une «infirmière» sur Twitter.

Carte rose et carte bleue

Pourtant, depuis hier soir, de très nombreux internautes mettent en doute le fait que cette personne puisse être infirmière. A l’origine de leurs soupçons : des images sur lesquelles elle porte une carte CPE, de couleur saumon, qui ne correspond pas aux badges portés par les infirmières (ni par les personnels soignants). Il existe en effet deux grands types de cartes nominatives, selon la documentation de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), disponible en ligne.

D’abord, les «cartes de personnel d’établissement» (CPE), qui se destinent aux personnels administratifs et logistiques, aux étudiants ou aux prestataires intervenant pendant plus de six mois au sein de l’AP-HP. Elles sont ornées d’un liseré rose saumon.

L’autre grande catégorie est celle des «cartes de professionnel de santé» (CPS). Selon la profession médicale du porteur ou de la porteuse, le liseré peut être de différentes couleurs : violet pour les chirurgiens-dentistes, rose pour les sages-femmes, etc. Et bleu marine pour les infirmiers.

Une distinction suffisante pour nourrir les doutes d’internautes affirmant que l’infirmière n’est, en réalité, pas infirmière. «Farida n’est pas une infirmière, ou une médecin. [La] carte de CPE la trahit c’est juste une employée de l’hôpital, non médicale, soit de bureau soit d’entretien, preuve à l’appui. Menteuse et manipulatrice. Les infirmières ou les médecins ont une carte CPS et non CPE», écrit par exemple «Le Patriote Français» sur Twitter, suscitant près de 1 000 retweets au moment où nous écrivions ces lignes.

Infirmière et faisant fonction

En fait, les deux badges de couleurs différentes sont bien visibles sur plusieurs photos de l’événement. C’est d’ailleurs ce qu’on peut constater sur le live de Brut, un peu avant 1 h 46 de vidéo, où le badge est bleu d’un côté, rose de l’autre. Contactée par CheckNews, la CGT du Val-de-Marne, qui a rapidement communiqué sur le sujet car en relation avec la famille de la personne interpellée, indique que cette femme est infirmière depuis huit ans, actuellement au service gériatrique de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne). Depuis un an, elle est plus spécifiquement cadre hospitalière faisant fonction. Elle est donc en charge d’une équipe de plusieurs infirmiers.

Ce que confirme à CheckNews Thierry Fogolin, élu CGT à l’hôpital Paul-Brousse : «Elle fait même office de référente dans les services lorsque les cadres sont absents.» Il ajoute qu’elle a «fait partie de façon très active» de la gestion de crise. «Elle a été exposée à tel point qu’elle a attrapé le Covid.»

En septembre, Farida C. faisait partie des signataires pour un «appel pour des états généraux de l’hôpital public», publié dans le JDD. Elle était alors présentée à cette occasion comme «cadre de santé faisant fonction» et «infirmière en gériatrie» à l’hôpital Paul-Brousse.

Comment expliquer que la personne interpellée avait deux cartes ? «Elle a un badge recto-verso, explique la famille de Farida C. D’un côté infirmière et de l’autre faisant fonction de cadre. Elle travaille en tant que cadre de santé et fait parfois des nuits en tant qu’infirmière.»

Selon la préfecture de police de Paris, 32 interpellations ont eu lieu au total dans le cadre de cette manifestation. D’après nos informations, l’infirmière a été interpellée pour «outrage et jet de projectile sur les forces de l’ordre». Auprès de CheckNews, le parquet de Paris confirme son placement en garde à vue, toujours en vigueur à l’heure où nous publions cet article. «Des investigations sont toujours en cours. Aucune décision sur les suites n’est prise à ce stade.» Nous saurons en fin d’après-midi, à l’issue des 24 heures de garde à vue, si des suites seront données. Un rassemblement de soutien est prévu devant le commissariat du Ve arrondissement, à 16 heures, précise la CGT.

Cordialement,

Ecoutez le podcast hebdomadaire des coulisses de CheckNews. Cette semaine :

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p class=”note”>Ecoutez le nouvel épisode du podcast de Checknews. Si rien ne s’affiche, cliquez sur ce lien.

Un Bruxellois de 19 ans accuse les forces de l’ordre de l’avoir «tapé» et «insulté» en marge d’une manifestation en hommage à George Floyd dans la capitale belge, le 7 juin. Alors que la vidéo où le jeune homme apparaît le visage tuméfié devient virale, les journalistes Anaïs Condomines et Vincent Coquaz tentent de remonter à la source de l’histoire.
Fabien Leboucq , Robin Andraca , Anaïs Condomines

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