Orpea : La chute d’Orpea en Bourse ne connaît pas de répit alors que le gouvernement s’en mêle – BFM Bourse

(BFM Bourse) – Le plongeon d’Orpea atteint des proportions considérables après que le groupe a annoncé avoir mandaté deux cabinets pour faire la lumière sur les accusations dont il fait l’objet. Face au scandale grandissant, l’Etat a également convoqué le directeur général du groupe, et n’exclut pas de diligenter une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales.

De mal en pis. Le cours d’Orpea atteint ce jeudi matin un niveau plus observé depuis novembre 2013, après que son directeur général Jean-Christophe Romersi a été convoqué par la ministre déléguée chargée de l’Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, pour “répondre” aux “accusations graves” concernant les pratiques du groupe dans ses Ehpad dénoncées dans un livre qui a provoqué une véritable tempête boursière. -16,1% lundi, -20,3% mardi, -20,9% mercredi et encore -8,1% ce jeudi peu avant 12h30 à 40,11 euros par action, quand celle-ci se traitait à plus de 86 euros à la clôture de jeudi dernier (-53%). En une semaine, Orpea a ainsi effacé près de 3 milliards d’euros de capitalisation boursière, les investisseurs n’ayant aucune visibilité sur les conséquences économiques des lourdes accusations portées des lanceurs d’alerte interrogés par Victor Castanet.

Dans une lettre au ton sévère adressée ce jour au dirigeant, la ministre en charge du dossier annonce qu’elle souhaite l’entendre au cours d’un entretien (mardi prochain à 9h15) “qui sera l’occasion d’entendre les explications du groupe sur plusieurs points qui feront l’objet d’enquêtes approfondies par les services de l’Etat”. La ministre souhaite notamment des précisions sur “l’attribution aux établissements de consommables tels que les protections hygiéniques ou sur les enjeux liés à la nutrition des résidents”, “les pratiques managériales du groupe concernant les personnels, le taux d’encadrement”, “les modalités de signalement et le suivi des faits de maltraitance signalés par les proches des résidents” ainsi que “les pratiques financières du groupe”. Une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) “sur tout ou partie des établissements de votre groupe” pourra être diligentée à la suite de cet entretien, ajoute-t-elle.

Dans le livre-enquête “Les Fossoyeurs”, le journaliste Victor Castanet décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont “rationnés” pour améliorer la rentabilité d’Orpea. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.

Changement de posture

Sans avoir lu le livre en question, Orpea avait dénoncé dès lundi soir ces accusations qu’il qualifiait de “mensongères, outrageantes et préjudiciables”. Ce jeudi soir, “après avoir pris connaissance de l’ensemble des éléments du livre”, le groupe change de posture et dit désormais traiter ces allégations “avec le plus grand sérieux”. Orpea annonce par ailleurs avoir pris la décision de mandater deux cabinets pour mener une évaluation indépendante “afin de faire la lumière” sur cette affaire. Ces deux cabinets, dont les noms seront communiqués dans les prochains jours, auront accès à toutes les informations d’Orpea et de ses établissement qu’ils jugeront nécessaires, est-il précisé dans le communiqué. Le groupe continue néanmoins d’affirme “qu’à aucun moment la direction n’a mis en place un système quelconque pour orchestrer les pratiques qui lui sont reprochées”, et “tient à renouveler [son]engagement envers les familles, les résidents et les collaborateurs, dont nous comprenons les inquiétudes, mais aussi l’incompréhension et la peine face à ces allégations”.

Vers “une crise de réputation”

Du côté des analystes, AlphaValue sabre ce jour sa cible de 119 à 38,8 euros sur le titre qu’il recommande désormais à la vente alors qu’il était auparavant à l’achat. Le courtier juge de fait l’ouvrage “accablant” pour le gestionnaire de maisons de retraite et estime qu’Orpea va désormais devoir faire face à une “crise de réputation” alors que sa probité est rudement mise en doute. Stifel maintenait de son côté mardi soir son conseil à l’achat et son objectif de cours de 121 euros sur Orpea mais soulignait également que “de telles critiques affectent toujours l’image de marque du groupe concerné et le secteur dans son ensemble, avec le risque potentiel d’une exclusion des fonds tournés vers les critères ESG”.
L’analyste de la banque d’investissement américaine rappelait néanmoins dans sa note qu’Orpea revendique un taux de satisfaction de 95% chez ses résidents, une statistique qui laisse selon lui envisager l’hypothèse d’incidents “isolés”. “Orpea évolue en outre dans un secteur soumis à une réglementation stricte et à des inspections par les pouvoirs publics” ajoutait-t-il, estimant “curieux d’imaginer qu’Orpea ait pu se développer en France et à l’international s’il n’avait pas scrupuleusement respecté ses obligations”.

Dans le sillage d’Orpea, le spécialiste des maisons de retraite médicalisées Korian poursuit aussi son spectaculaire plongeon entamé lundi, abandonnant 9,6% à 19,28 euros peu après 13h, ce qui porte sa chute à 31,4% depuis la clôture de jeudi dernier, et LNA Santé (Le Noble Age) recule aussi de plus de 7%.

Quentin Soubranne – ©2022 BFM Bourse

Vous suivez cette action ?

Recevez toutes les infos sur ORPEA en temps réel :


Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *