Orange Business s’apprête à supprimer 700 postes

Orange Business s'apprête à supprimer 700 postes

Le couperet est tombé. Un peu plus d’un mois après l’annonce de son nouveau plan stratégique, Orange s’apprête à mettre en œuvre son plan d’économies. Au-delà de la cession attendue d’Orange Bank, l’opérateur s’attaque à un autre foyer de pertes récurrentes : sa division entreprise. Anciennement baptisée Orange Business Services (OBS), Orange Business va faire l’objet d’une profonde restructuration.

Selon une information de La Lettre A, reprise par Le Monde, quelque 700 postes de l’entité SCE seront supprimés sur un effectif de 5 700 collaborateurs. La CFDT évoque, elle, la destruction de 670 emplois. Les activités liées au cloud et à la data (Orange Business SA) et à la cybersécurité (Orange Cyberdefense) seraient exclues du périmètre. L’opérateur devrait présenter aux représentants syndicaux un projet de rupture conventionnelle collective dans ce sens au prochain comité social et économique (CSE), fixé ce mercredi 22 mars.

Cette réduction de 12 % de l’effectif de l’entité SCE, qui regroupe les services télécoms et informatiques traditionnels, vise à mettre un terme à l’hémorragie, pour un retour à la rentabilité au plus tard en 2025. En 2022, la branche entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 7,93 milliards d’euros, en légère hausse (+ 0,2 %) mais avec un EBITDAaL – le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement – en repli de 18,8 %.

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Simplifier l’offre

Pour redresser la barre, Orange Business procède à une revue en détail de son portefeuille. Sa directrice générale, nommée en mai 2022, Aliette Mousnier-Lompré (en photo ci-dessous) a annoncé son intention de réduire de moitié les offres marketing au catalogue. Le changement de nom incarnant cette volonté de simplification.

Lors de la dernière édition de l’Orange Business Summit en septembre, Aliette Mousnier-Lompré annonçait déjà la couleur en retenant cinq « propositions de valeur » : construire des réseaux digitalisés et sécurisés (Evolution Platform), valoriser les données (Analytics & AI), inventer le bureau du futur (Workplace Together), construire une relation plus intime avec ses clients (Augmented Customer Expérience), et relever les défis de l’industrie 4.0 (Smart Industries).

En tant qu’ESN (entreprise de services du numérique) adossée à un opérateur, Orange Business a un positionnement particulier sur le marché. Intégrateur réseau et numérique, la société entend mettre à profit cette double expertise, télécoms et digitale, en se positionnant en « leader des solutions de connectivité de nouvelle génération ».

Dans le souci affiché par Christel Heydemann, nouvelle directrice générale d’Orange, de recentrer le groupe sur ses fondamentaux, sa filiale B to B consolidera son assise dans le cloud, la data et la cybersécurité. Ce qui devrait passer par des opérations de croissance externe. Depuis les acquisitions, en 2018, de Basefarm (cloud) et Business & Decision (data), Orange Business s’est montré plus attentiste avec quelques petits rachats.

Devenir un leader européen de la cybersécurité

Pour devenir un acteur majeur de la cybersécurité en Europe et atteindre un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros d’ici 2025, Orange Cyberdefense procédera à des acquisitions ciblées et accéléra sur le marché des professionnels et des PME. Il s’agit pour Orange Business de trouver des relais de croissance à la baisse continue dans la téléphonie fixe avec le recours accru à des solutions « over the top » comme Microsoft Teams, Zoom ou Google Meet.

Par ailleurs, le paysage concurrentiel se durcit. Les autres opérateurs n’ont pas attendu pour se positionner, eux aussi, sur le cloud, la connectivité et la cybersécurité. A l’image de British Telecom qui compte, rappelle L’Usine Digitale, de belles références en France, comme Michelin, Alstom et TotalEnergies.

Les concurrents français ont eux aussi retenu peu ou prou le même triptyque, qu’il s’agisse de Bouygues Telecom Entreprises, SFR Entreprises ou du dernier entrant, Free Pro. Lancée en mars 2021, la filiale entreprise du groupe Iliad compte au moins doubler son chiffre d’affaires d’ici 2025 pour atteindre de 400 à 500 millions d’euros à horizon 2025. Par ailleurs, elle présentera d’ici quelques semaines de nouvelles offres dans le domaine de la cybersécurité.

Premier plan de départs après « la crise des suicides »

Quoi qu’il en soit, le projet de restructuration sera difficile à mener. Il s’agit du premier plan de départs volontaires conduit par Orange depuis « la crise des suicides » de 2009-2010. Il s’accompagne d’un programme de formation et de reconversion pour 5 000 collaborateurs. Il prévoit aussi, selon Le Monde, des transferts de sites. Les collaborateurs des sites de Boulogne-Billancourt, Clichy et Montreuil rallieront Stadium, le navire amiral basé à Saint-Denis.

Sur son site, la CFE-CGC d’Orange s’est dite « particulièrement inquiète du déclin d’un fleuron économique de notre pays ». Pour le syndicat, « le pilotage par la réduction des coûts est un échec. Il obère toute perspective de croissance ». Déplorant « une fois de plus les dividendes versés aux actionnaires », il estime que « le nouveau plan stratégique n’apporte aucune réponse aux enjeux essentiels », dont : « Comment faire d’Orange Business une ESN leader ? »

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