Opération Barkhane : le «retrait coordonné» du Mali prendra «4 à 6 mois», près de 3000 soldats français resteront au Sahel – Le Parisien

C’est désormais officiel. Comme pressenti depuis plusieurs semaines, la France, ses alliés européens dans Takuba et le Canada annoncent un « retrait coordonné » du Mali ce jeudi matin dans un communiqué commun, précisant que « les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies ». Une déclaration qui vient entériner les décisions actées mercredi soir lors d’un sommet réunissant plusieurs dirigeants européens et africains et qui a précédé une conférence de presse à l’Elysée, durant laquelle Emmanuel Macron a notamment affirmé que la France et ses alliés « continueront de jouer un rôle cadre » dans la région. Encore 2 500 à 3 000 soldats français resteront au Sahel après le retrait du Mali d’ici 6 mois a confirmé l’État-Major français dans la foulée.

Un départ d’ici à 6 mois. Le président français, qui s’est notamment exprimé en présence de Charles Michel, le président du Conseil européen, et de Macky Sall, président de l’Union africaine et président de la République du Sénégal, a expliqué que ce départ des troupes prendra « 4 à 6 mois » et a affirmé que le Sahel et le Golfe de Guinée étaient désormais devenus des « priorités de la stratégie d’expansion » d’Al-Qaïda et Daech.

« Nous allons donc progressivement fermer, dans un exercice qui va prendre 4 à 6 mois, les bases qui sont présentes au Mali. Pendant ce temps (…) nous allons continuer d’assurer les missions de sécurisation de la Minusma », la Mission de l’Onu au Mali, forte de plus de 13 000 Casques bleus, a déclaré le président en conférence de presse. Les Nations unies qui ont d’ailleurs concédé que le retrait français aura un « impact », mais que la mission de l’ONU « s’adaptera ».

Barkhane n’est pas « un échec ». Interrogé par des journalistes sur le bilan de l’opération Barkhane, Emmanuel Macron a expliqué récuser « complètement ce terme d’échec », estimant notamment que l’intervention de la France au Sahel a évité « un effondrement de l’État malien » et a aussi salué « les succès » sur place des militaires tricolores, notamment dans la lutte contre le terrorisme.

La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes djihadistes qui sévissent aussi dans d’autres Etats sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération anti-djihadiste régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.

Mais malgré des victoires tactiques, le terrain n’a jamais été véritablement repris par l’Etat malien et ses forces armées. Facteur aggravant, le gouvernement malien a été renversé lors d’un double coup d’Etat en 2020 et en 2021, aboutissant à l’arrivée au pouvoir d’une junte qui refuse d’organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région. Pour mémoire, depuis 2013, 53 soldats français ont été tués au Sahel, dont 48 au Mali.

Wagner au Mali. Ces mercenaires « viennent essentiellement sécuriser leurs intérêts économiques et la junte elle-même, c’est ça la réalité de ce que nous voyons », a assuré Emmanuel Macron alors que les autorités maliennes continuent de nier leur présence sur leur territoire. Mise au ban par les Etats ouest-africains, Bamako fustige la présence militaire occidentale sur leur sol et fait désormais appel, selon les Occidentaux, au groupe privé Wagner, dont la présence a été identifiée ces dernières années dans une vingtaine de pays africains.

« Ces mercenaires sont présents depuis des années en Libye pour prélever des ressources et ce qui doit revenir au peuple libyen (…). Ils sont présents depuis plusieurs années en République centrafricaine avec des exactions terribles contre les populations civiles », a dénoncé le président français. « Ils arrivent au Mali avec des finalités prédatrices (…) parce que la junte, qui est au pouvoir après deux coups d’État, considère que ce sont les meilleurs partenaires qu’ils peuvent trouver pour protéger leur propre pouvoir, pas pour lutter contre le terrorisme », a-t-il martelé.

« Vous allez avoir de plus en plus de sociétés privées qui utilisent l’insécurité liée au terrorisme (…), elles ne seront d’ailleurs pas que russes », a-t-il prévenu. Le président a estimé à environ 800 le nombre de mercenaires actuellement déployés au Mali, un chiffre déjà évoqué par plusieurs sources sécuritaires françaises.

VIDEO. Fin de l’opération Barkhane : pourquoi la France réduit sa présence militaire au Sahel

Redéploiement tactique. Ce départ contraint du Mali force donc Paris à accélérer cette réorganisation dans d’autres pays de la région menacés par la contagion djihadiste, notamment dans le golfe de Guinée. Hors du Mali, Paris compte poursuivre la lutte anti-djihadiste dans la région, où les mouvements affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs. Outre un renforcement de sa présence au Niger voisin confirmé ce jeudi par Emmanuel Macron, qui héberge déjà une base aérienne française et 800 militaires, Paris ambitionne de proposer ses services à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin…) pour les aider à contrer la propagation du djihadisme vers le golfe de Guinée. Encore 2 500 à 3 000 soldats français resteront au Sahel après le retrait du Mali d’ici 6 mois a confirmé l’Etat Major français dans la foulée.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading