« On n’a pas le choix pour continuer à vivre » : ruée sur la vaccination en France malgré les réticences – Le Monde

Vaccination contre le Covid-19 dans un centre commercial de la région parisienne, le 13 juillet 2021.

Mercredi 14 juillet, on a fait la queue toute la journée sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. Pour visiter, sans passe sanitaire, les blindés stationnés après le défilé ou pour prendre en main les Famas sous la tente dressée par le 1er régiment d’infanterie de Sarrebourg (Moselle).

Mais là où il fallait vraiment s’armer de patience, c’était pour pénétrer dans l’immense barnum blanc planté au milieu de la place : le centre de vaccination géré par la Croix-Rouge. Contrairement à la plupart des centres, on peut aussi s’y présenter sans rendez-vous. Faute de pouvoir en trouver sur la plate-forme Doctolib, des centaines de Franciliens ont tenté leur chance en ce jour de fête nationale.

Sasha, 23 ans, sa sœur Salomé, 21 ans et leur cousin Valerian, casquettes noires vissées sur la tête, poireautent depuis « plus de trois heures… et ça n’avance pas ». Ils sont venus de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) : « Les centres près de chez nous ne proposent pas de rendez-vous avant début août. » Les billets pour Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) sont déjà pris : départ le 7 août. A l’origine, les cousins n’avaient pas l’intention de se faire vacciner. « On a tous changé d’avis, dit Sasha. Après ce qu’a dit Macron, on n’a pas le choix si on veut aller au restau, au ciné ou même prendre le train. »

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Dans la file, parqués derrière cinq rangées de barrières, certains s’énervent. Avec leurs gilets orange, des médiatrices de lutte anti-Covid-19 tentent de désamorcer les tensions : « C’est mieux de revenir la semaine prochaine. »

Nabil, chemise blanche et pantalon noir impeccables, était là à 9 h 30, soit une heure et demie avant l’ouverture du centre. Trois heures plus tard, il a dû abandonner sa place dans la file d’attente. Coup de téléphone du patron : il faut rappliquer fissa, les clients se bousculent. Nabil est serveur place du Châtelet. Il ne voulait pas se faire vacciner – « C’est n’importe quoi leur truc, ça n’empêche même pas de l’avoir ni de le transmettre ». Mais il ne voulait pas non plus « faire un test PCR tous les deux jours pour pouvoir aller travailler ». Alors Nabil est revenu tenter sa chance après le service. « Franchement, ce vaccin, c’est une obligation sans l’être : si on ne le fait pas, on ne peut plus entrer nulle part, même pour faire les courses. »

« On enchaîne, ça n’arrête pas »

Depuis l’intervention du président de la République, lundi soir, le centre est pris d’assaut. Environ 1 000 personnes vaccinées mercredi, comme la veille, contre un rythme de croisière entre 600 et 700 par jour la semaine dernière. « C’est la ruée, le raz de marée, on n’a jamais vu ça, dit, presque essoufflée, entre deux injections, le docteur Djazira Cerbah, l’une des deux médecins du centre. On enchaîne, ça n’arrête pas. »

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