“On est dans l’hystérie militante” : Anne Hidalgo ne veut plus travailler avec deux élues du groupe écologiste – Le Journal du dimanche

Verte de rage. À peine un mois après sa réélection, Anne Hidalgo vient de faire un acte d’autorité fracassant. Au risque de déstabiliser encore un peu plus une majorité ­municipale parisienne déjà ébranlée après la démission, jeudi, de Christophe Girard, son adjoint à la culture. Ce départ ­avait été provoqué par la virulente campagne menée contre lui par des militantes féministes, dont deux siègent dans le groupe Europe ­Écologie-Les Verts (EELV) au Conseil de Paris. Jeudi une manifestation avait rassemblé une ­vingtaine de personnes, dont certaines brandissaient des pancartes “­Pédoland” et “Pédos en ­commun” (un ­détournement du slogan de ­campagne d’Anne ­Hidalgo, “Paris en commun”).

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Leur cible : Girard, qui, au titre de ses fonctions d’ex-secrétaire général d’Yves Saint Laurent, avait dans les années 1980 financièrement soutenu Gabriel Matzneff, l’écrivain visé par une enquête judiciaire pour “viol sur mineure”. C’est dans la foulée de ce rassemblement que Christophe Girard, qui n’a été entendu que sous le statut de témoin dans cette affaire, a jeté l’éponge, après des mois d’une campagne parfois violente contre lui.

Christophe Girard devrait, lui aussi, porter plainte pour “diffamation”

“Girard n’est visé par aucune plainte dans l’affaire Matzneff, rappelle une proche d’Hidalgo. Il y a quinze jours, devant son domicile, on lui a balancé de l’urine sur la figure! Il a préféré se retirer…” Proche de son adjoint à la culture, révoltée par les attaques contre lui, Anne Hidalgo a donc pris le parti de trancher dans le vif : elle dénonce, dans un communiqué, “des propos indignes” et “des ­banderoles infamantes”, et annonce un dépôt de plainte contre X pour “injures publiques” que préparent les ­services juridiques de la Ville de Paris. Une réplique inédite dans ce type d’affaires, où des personnalités politiques sont publiquement mises en cause, alors même qu’elles ne sont l’objet d’aucune poursuite pénale. Christophe Girard devrait, lui aussi, porter plainte pour “diffamation”.

La maire a également visé, sans les nommer, deux élues sur la liste EELV, Raphaëlle Rémy-Leleu et Alice Coffin, qui avaient pris une part active à la manifestation et, ce faisant “se placent ainsi d’elles-mêmes en dehors de la majorité municipale”. “On est scandalisés par la manière dont se sont comportées Coffin et Rémy-Leleu, ­fulmine l’entourage d’Hidalgo. On est dans l’hystérie militante. On ne peut pas travailler avec ce type de personnes.” ­Comment ­procéder, dès lors? “On espère pouvoir ­trouver un ­chemin, poursuit cette source. On a ­demandé des excuses ­publiques, on va voir comment ça va se ­décanter.”

À l’évidence, pas favorablement. D’abord parce que les deux principales intéressées campent sur leurs positions. “Le groupe ­écologiste de Paris [GEP] fait toujours partie de la majorité et je fais toujours partie du GEP, qui nous a réaffirmé son entière solidarité”, clame Alice Coffin, laquelle n’envisage “absolument pas” de présenter des excuses. Et estime : “C’est très grave de vouloir poursuivre en justice des pancartes politiques.”

Du côté du groupe écologiste, on se montre passablement embarrassé

Le blocage semble total. Même si le camp Hidalgo tente de relativiser : “Il valait mieux que ça sorte en début de mandature plutôt que de rester sur des ­non-dits et de se retrouver au moment du vote du budget, en fin d’année, avec un problème non géré, dit Patrick Bloche, adjoint au maire chargé de l’éducation et du Conseil de Paris. Mais il n’y a pas de fracture politique, ni de désaccords de fond entre la composante EELV et la majorité municipale.” À en croire ce proche de la maire, “la majorité du groupe Vert est sur une position fondamentalement différente de l’extrémisme de ces deux élues et reste attachée à un projet commun”. Il ajoute qu'”au-delà de la position officielle du groupe écologiste, les cinq adjoints Verts et la majorité de leurs élus portent un jugement sévère sur ces militantes”.

Du côté du groupe écologiste, on se montre passablement embarrassé. “L’intégralité du groupe écologiste a très fermement condamné certaines pancartes, explique un proche de David Belliard, tête de liste EELV pendant la campagne et aujourd’hui adjoint aux transports. C’est notre souhait de continuer. On a besoin d’avoir une majorité solide. Mais il n’y aura pas d’exclusion du groupe : ces deux élues restent dans le groupe écologiste et donc dans la majorité.” Les prochaines réunions de la majorité parisienne devraient se tenir dans une ambiance des plus cordiales.

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