Omicron: “Endémique ne veut pas dire que la maladie n’est plus dangereuse, ni que c’est la fin” – L’Indépendant
Sous l’effet du variant Omicron, le Covid-19 pourrait devenir une maladie endémique et non plus pandémique. Des spécialistes rappellent que les maladies endémiques tuent aussi. Et que l’inaction “expose l’humanité à de nombreuses années supplémentaires de maladie”.
Le Sras-CoV-2 et ses futurs variants vont-ils transformer le Covid-19 en une maladie bénigne? Depuis quelques semaines, plusieurs études semblent aller dans ce sens sous l’effet d’un variant Omicron rapidement devenu majoritaire avec une létalité bien moindre.
De nombreuses autorités sanitaires saluent même l’effet Omicron et évoquent déjà le fait que la maladie passera du statut de pandémie à endémique. Un calendrier est même avancé: d’ici au mois de mars-avril, c’est presque sûr, la maladie sera “traitée comme une grippe” d’ici peu.
Mais sommes-nous pour autant sortis d’affaire avec ce Covid-19? Aris Katzourakis, professeur sur l’évolution des virus et des génomes à l’Université d’Oxford, s’alerte de voir le mot endémique “à ce point devenu l’un des plus mal utilisés de la pandémie”.
Dans un article publié dans Nature, ce dernier évoque “des hypothèses erronées qui encouragent à une complaisance mal placée. Cela ne signifie pas que le Covid-19 prendra fin naturellement.”
Et le professeur de rappeler la définition, pour un épidémiologiste, d’une infection endémique: “C’est une infection dans laquelle les taux globaux sont statiques – ni en hausse, ni en baisse. Plus précisément, cela signifie que la proportion de personnes qui peuvent tomber malades équilibre le ‘nombre de reproduction de base’ du virus, le nombre d’individus qu’un individu infecté infecterait, en supposant une population dans laquelle tout le monde pourrait tomber malade. Oui, les rhumes sont endémiques. Il en va de même pour la fièvre de Lassa, le paludisme et la poliomyélite. La variole aussi, jusqu’à ce que les vaccins l’éradiquent”.
1,5 million de morts de la tuberculose en 2020
Et pour le dire plus clairement, Aris Katzourakis, ajoute: “Une maladie peut être endémique et à la fois répandue et mortelle. Le paludisme a tué plus de 600.000 personnes en 2020. Dix millions sont tombés malades de la tuberculose cette même année et 1,5 million en est mort. Endémique ne signifie certainement pas que l’évolution a d’une manière ou d’une autre apprivoisé un agent pathogène pour que la vie revienne simplement à la normale. Le coronavirus est là et il va rester”.
Pour le professeur, dire que le Covid-19 deviendra endémique, “c’est pousser les politiques à ne rien faire ou à faire peu”. “Même si une région du monde atteint un équilibre – que ce soit celui de la maladie et de la mortalité faibles ou élevées – cela pourrait être perturbé lorsqu’une nouvelle variante avec de nouvelles caractéristiques arrive”.
Delta et Omicron apparus là où la maladie était endémique
L’histoire même des variants du Sras-CoV-2 devrait nous mettre en alerte selon Katzourakis. “Plus un virus se réplique, plus il y a de chances que des variants problématiques apparaissent, très probablement là où la propagation est la plus élevée”. Et de citer les exemples des variants Delta et Omicron “trouvés pour la première fois en Inde et en Afrique australe – tous les endroits où la propagation était endémique”.
Penser qu’une maladie “endémique est à la fois bénigne et inévitable est plus que faux”. “Cela expose l’humanité à de nombreuses années supplémentaires de maladie, y compris des vagues d’épidémies imprévisibles”.
Une maladie “endémique n’est pas la fin de la maladie”, confirme le docteur Ellie Murray.
A micro-linguistics lesson:
Pandemic, epidemic, & endemic are words for diseases in populations, so they all contain “demic” which means people (like “demographics”).
Pan- means all
Epi- means upon
En- means withinEn-demic. Not End-emic.
Within the people. Always a problem.
— Dr Ellie Murray, ScD (@EpiEllie) January 24, 2022