Offensive turque en Syrie : l’image d’une Union sans véritable voix s’impose à nouveau – Le Monde

Les Vingt-Huit se sont contentés de « défendre des positions nationales fermes » en matière de livraisons d’armes vers Ankara, suspendues par Paris et Berlin.

Par Publié aujourd’hui à 18h56, mis à jour à 19h15

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la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lundi 14 octobre, à Luxembourg.

Habituée à ses divisions et à une prudence obligée, compte tenu de ses difficultés pour concilier les vues de 28 pays, la diplomatie européenne sait transformer une formulation vague en un « message ferme d’unité ». C’est encore ce qui s’est produit à Luxembourg, où étaient réunis, lundi 14 octobre, les ministres des affaires étrangères.

On pensait qu’ils ne pouvaient que condamner l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie. Peut-être qu’ils s’engageraient à geler toute livraison d’armes à Ankara. En réalité, il aura fallu une longue discussion autour du verbe « condamner », parce que la Grande-Bretagne, sans doute soucieuse de préserver la relation avec les Etats-Unis, et l’Allemagne, craignant apparemment les possibles conséquences d’une formulation trop ferme sur le problème de la migration, hésitaient.

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Finalement les 28 ministres sont arrivés à signer un texte de conclusions qui dénonce bel et bien l’offensive. Et évoque un embargo. « Pour vous dire la vérité, je ne l’espérais en arrivant ce matin », indiquait la Haute représentante Federica Mogherini. « C’était, pour moi, la moindre des choses mais on a dû longuement débattre », ajoutait le ministre luxembourgeois Jean Asselborn.

La Turquie devrait envisager le règlement de la question de sa sécurité par le canal de la diplomatie, indique le communiqué des Vingt-Huit

Le texte final appelle Ankara à retirer ses troupes et à suspendre ses actions militaires « qui menacent la stabilité et la sécurité de toute la région ». Il insiste sur les conséquences humanitaires de l’offensive, qui complique la tentative de trouver une issue politique négociée au conflit syrien et « menace aussi sérieusement les progrès dans la lutte contre Daech ». La Turquie « partenaire clé de l’Union européenne » devrait envisager le règlement de la question de sa sécurité par le canal de la diplomatie, indique encore le communiqué. Qui réclame aussi, comme le souhaitait la France, une réunion de la coalition internationale contre l’Etat islamique (EI). Selon Mme Mogherini, le texte adopté s’apparente à une requête officielle adressée à Washington pour la tenue de cette réunion.

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La question de l’embargo sur les livraisons d’armes, déjà appliqué par une demi-douzaine d’Etats membres, dont la France et l’Allemagne, ne pouvait être réglée que d’une manière ambiguë. Parce que certains pays considéraient qu’il y a une urgence, alors que les procédures juridiques européennes pouvant mener à une telle décision sont très longues. Parce que les Européens n’appliquent en général un embargo que sur la base d’une décision des Nations unies. Parce que la Turquie est membre de l’OTAN, comme 22 pays de l’Union européenne et que ces derniers se seraient trouvés en porte-à-faux… Peut-être, également, parce que la Grande-Bretagne et d’autres affichaient des réticences à l’idée d’un embargo généralisé.

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