« Ocean-Viking » : le sauvetage du navire humanitaire fracture la relation entre la France et l’Italie – Le Monde

Manifestation en faveur de l’accueil des migrants sur le port de Toulon. L’« Ocean Viking » est arrivé à Toulon vendredi 11 novembre avec 230 migrants à son bord, après trois semaines d’errance en mer.

Paris qui dénonce l’attitude « inadmissible » de Rome. Rome qui dénonce une réaction française « agressive, incompréhensible et injustifiée ». Vendredi 11 novembre, la crise diplomatique entre la France et l’Italie se poursuivait, alors que le navire humanitaire Ocean-Viking avait accosté au petit matin à Toulon, après trois semaines d’attente en Méditerranée centrale et le refus obstiné de l’Italie d’offrir un port sûr aux 230 migrants à son bord – quatre autres avaient été évacués plus tôt vers Bastia pour des raisons sanitaires.

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En représailles vis-à-vis de l’Italie, qui aurait dû accueillir le bateau de l’ONG SOS Méditerranée en vertu du droit maritime international, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, jeudi, des « conséquences extrêmement fortes sur la relation bilatérale » et de possibles « suites juridiques ». « Si on n’arrive pas à mettre le débat public sur le cœur de tout ça – on a besoin de coopération pour prévenir les migrations, et de lutter contre les inégalités qui les produisent – on passera un temps fou et une énergie folle à essayer d’avoir un traitement simplement des symptômes », a souligné Emmanuel Macron, vendredi, lors du Forum de Paris sur la paix. « La coopération internationale est nécessaire », a-t-il insisté.

Dans l’immédiat, la France a suspendu sa participation au fragile mécanisme de relocalisation mis en place cet été. Celui-ci prévoyait qu’une douzaine d’Etats membres de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, accueillent de manière volontaire 8 000 migrants arrivés dans des pays de première entrée en Europe, comme l’Italie. « La relocalisation prévue au bénéfice de l’Italie de 3 500 personnes en France entre l’été 2022 et l’été 2023 est complètement suspendue », a annoncé le ministère de l’intérieur. Jusque-là, seules quelques dizaines de demandeurs d’asile en avaient bénéficié. La France a aussi renforcé ses contrôles aux frontières avec l’Italie, « sachant que plus il y a de contrôles, plus on leur renvoie de migrants », a fait valoir un conseiller de l’exécutif. « C’est le gouvernement italien qui est perdant », a revendiqué M. Darmanin.

Crise diplomatique

A Rome, on fait mine de tomber des nues. Vendredi, la cheffe du gouvernement d’extrême droite, Giorgia Meloni, a dénoncé une réaction française « incompréhensible ». Jointe par Le Monde dans l’après-midi, la présidence du conseil se borne à expliquer la tension actuelle par un changement d’avis inexpliqué de Paris. Comme si la France s’était montrée d’abord ouverte à accueillir le navire, avant de se rétracter brusquement, laissant l’Italie isolée. A la racine de cette explication déroutante se trouve la publication, mardi après-midi, d’une dépêche de l’agence de presse italienne ANSA, citant une source anonyme du ministère de l’intérieur français selon laquelle les autorités de Paris se préparaient à accueillir l’Ocean-Viking à Marseille.

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