Nouveaux variants, tension hospitalière… ce qu’il faut retenir des recommandations du Conseil scientifique – Le Parisien

Des signes d’espoir en ce début d’année. « La vague exceptionnelle n’est pas terminée, mais la situation commence à évoluer plus favorablement », a expliqué jeudi Jean Castex lors d’une conférence de presse, en détaillant le calendrier de levée des restrictions. Un constat souligné quelques heures auparavant par le Conseil scientifique qui a rendu ce même jeudi son avis sur la situation sanitaire. Cette 5e vague liée au variant Omicron et « son retentissement sur le système de soins, va rester élevé mais en partie gérable jusqu’à mi-mars », soulignent les membres du conseil, qui proposent plusieurs recommandations pour traverser ce début d’année.

  • Quel scénario après le mois de mars ?

Les signes d’une amélioration de l’épidémie en France se dessinent. Le Conseil signale toutefois la possibilité de l’émergence d’un nouveau variant « très difficile à anticiper ». Plusieurs scénarios se profilent déjà, selon les experts : soit l’arrivée d’un « nouveau variant très transmissible mais encore moins sévère » ; celui d’un variant « se rapprochant » de ceux déjà observés en termes de sévérité ; ou encore, plus préoccupant, « celui d’un variant qui échapperait au vaccin ».

« Dans tous les cas, les capacités des systèmes de surveillance, épidémio-clinique afin de définir très rapidement les caractéristiques du nouveau variant seront essentielles », insistent les scientifiques, qui ajoutent qu’elles « doivent donc être anticipées et préparées ».

  • Limiter les déprogrammations d’opérations

Si des signes d’amélioration se manifestent sur le plan sanitaire, la situation prochaine va rester « contrastée », estime le Conseil scientifique. Malgré un scénario catastrophe évité, le système de soins va « rester en très forte tension pendant plusieurs semaines, en particulier dans le sud de la France », note l’instance, citant les problèmes liés aux absences du personnel soignant. Autre enjeu à venir, celui des reports de soins des patients non-Covid.

La déprogrammation des malades médicaux (cancers, maladies chroniques…) « risque d’être plus marquée que lors des vagues précédentes », estime le Conseil qui recommande « d’éviter la prise en charge dégradée de ces patients, en particulier dans le domaine de l’oncologie, des transplantations d’organes, de la cardiologie et des maladies chroniques ». Autrement dit, il convient de limiter autant que possible les déprogrammations chirurgicales et médicales de ces patients.

  • Des moyens supplémentaires en milieu scolaire

Particularité de cette 5e vague, le taux d’incidence reste le plus élevé chez les enfants et les adolescents. Du jamais-vu depuis le début de la pandémie de Covid-19. Dans ce contexte, et au vu de la circulation du virus dans les écoles, des « moyens supplémentaires pourraient être alloués » pour « renforcer les protocoles sanitaires de prévention et dépistage » dans ces établissements et les crèches, suggère le Conseil. Dans un premier avis publié jeudi (mais aujourd’hui remplacé), l’instance avait même soutenu que ces soutiens devaient être alloués « au plus vite ». Ce changement résulte d’une réunion du conseil scientifique jeudi midi. « Il est apparu dans les discussions qu’en ce qui concerne la persistance de la cinquième vague, les écoles en sont un élément mais pas le seul », nous indique-t-on.

  • Une information de qualité

Si le Conseil salue le « travail remarquable effectué depuis le début de l’épidémie par la majorité des journalistes », il déplore dans certains cas des « logiques d’audience » qui peuvent mettre sur un pied d’égalité « des points de vue pseudo-symétriques opposant d’un côté des opinions scientifiquement marginales, douteuses ou erronées, et d’un autre côté des avis largement partagés par les communautés scientifiques ».

Des « dérives manifestes » susceptibles d’être « largement relayées et amplifiées sur les réseaux sociaux ». Ainsi, selon l’instance, « il importe que les différentes communautés de professionnels concernées (journalistes, professionnels de santé et scientifiques) assument plus fermement (…) les responsabilités collectives qui leur sont confiées par la société en matière d’information scientifique ».

  • Garder le système de tests actuel

Malgré une saturation passagère du système assurant le suivi des cas, le Conseil estime que le nombre de tests utilisés « va commencer à diminuer quand on aura une baisse du nombre de contaminations ». Dans ce contexte, il recommande de garder le système actuel (PCR, antigénique, autotest) durant les semaines qui viennent. Et souligne qu’il est « essentiel de disposer d’un système diagnostique et de surveillance opérationnel ».

Une modification du système pourra s’envisager plus tard, jugent les scientifiques : « en mars/avril 2022, on pourra à nouveau se poser la question d’une utilisation plus marquée des autotests si la situation sanitaire le permet ».

  • Se saisir des traitements antiviraux

Le Conseil revient également sur les options thérapeutiques développées contre le Covid, citant l’Evusheld, le Ronapreve ou encore le Sotrovimab (pas encore autorisé en France). Si des freins existent pour utiliser ces traitements notamment « en termes d’organisation de soins », il est important que les professionnels de santé s’emparent de ces outils thérapeutiques, souligne le Conseil.

« Le circuit de prescription de ces traitements doit être amélioré », insiste-t-il, rappelant les bénéfices des médicaments déjà autorisés en France. Ces progrès doivent toutefois en appeler d’autres : « pour l’avenir il est important de continuer d’identifier et d’évaluer de manière précoce des anticorps en développement clinique dans le monde ».

  • Plus d’actions visant les immunodéprimés

Patients dialysés, atteints d’un cancer ou ayant subi une greffe d’organe… On compterait en France près de 250 000 personnes immunodéprimées. Une population jugée vulnérable puisqu’en raison de leurs traitements, la vaccination, même complète avec une 3e dose, reste « peu ou pas efficace chez ces patients », rappelle le Conseil. Dans ce contexte, des « actions prioritaires » doivent être menées sur cette population.

En tête, un meilleur accès à des traitements anticorps monoclonaux (en prévention ou après une infection au Covid) ou par antiviraux en cas d’infection. Autre action possible, une large campagne d’information « sur la nécessaire solidarité avec cette population », une mise à disposition de masques FFP2 ou encore l’administration d’une seconde dose de rappel (dite « 4e dose »), dans un délai de 3 mois après le premier rappel.

  • Un effort poursuivi en Outre-mer

La situation reste particulièrement préoccupante sur ces territoires : les passages aux urgences, les hospitalisations et entrées en réanimation sont reparties à la hausse sur l’ensemble des départements d’outre-mer après l’augmentation brutale du nombre de cas liés au variant Omicron.

Dans ce contexte, « l‘effort de primo-vaccination doit être poursuivi en urgence dans ces territoires en particulier vers les personnes les plus fragiles et le personnel médical », note le Conseil. Enfin, l’instance rappelle, outre la vaccination, l’importance « des gestes barrière, du respect des couvre-feux, du télétravail, et l’aération des pièces », dans un contexte de « période de vacances à La Réunion, et période de carnaval en Guyane et bientôt aux Antilles ».

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