Nouveau gouvernement : malgré quelques figures nouvelles, Macron et Borne choisissent la continuité – Le Monde

Les visages d’Emmanuel Macron et de sa première ministre Elisabeth Borne apparaissent sur le plateau de TF1, le 20 mai 2022.

Emmanuel Macron l’avait promis au soir de sa victoire, le 24 avril. Son nouveau mandat ne serait pas « la continuité » du précédent. Premier président de la République réélu hors période de cohabitation depuis 1965, il s’était engagé à s’éloigner « des rites et chorégraphies usées » pour gouverner selon une « méthode nouvelle ». Près d’un mois après son élection, à l’heure d’annoncer la formation d’un nouveau gouvernement censé incarner ce qu’il qualifie de « mandat nouveau » d’un « président nouveau » pour un « peuple nouveau », le chef de l’Etat a pourtant privilégié la continuité au changement, les « talents » éprouvés aux figures disruptives, la sécurité au vertige de l’inconnu.

Bruno Le Maire (maintenu à l’économie), Gérald Darmanin (à l’intérieur), Eric Dupond-Moretti (à la justice)… La nouvelle équipe constituée avec la première ministre, Elisabeth Borne, ex-ministre du premier quinquennat et annoncée, vendredi 20 mai, par le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kolher, en place depuis 2017, est composée de vingt-sept ministres et secrétaires d’Etat dont plus de la moitié était déjà membres du précédent gouvernement. Assez pour donner le sentiment d’un jeu de chaises musicales que l’on pensait dévolu au « monde d’avant ». Les principales figures, l’historien Pap Ndiaye propulsé ministre de l’éducation mis à part, sont des professionnels de la politique, là où 2017 avait fait émerger abondance de personnalités de la société civile. Signe de l’émergence d’une « génération Macron », fait-on valoir dans l’entourage du chef de l’Etat.

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« C’est un gouvernement paritaire, c’est important. (…) Il y a un équilibre entre certains qui étaient déjà ministres et des nouvelles figures. Des personnalités qui viennent de la gauche, du centre, de la droite (…) mais qui partagent la volonté de mettre en œuvre le programme pour lequel Emmanuel Macron a été réélu », a défendu Elisabeth Borne au journal télévisé de TF1, vendredi.

Mais quel signal la nouvelle équipe envoie-t-elle à cette France que l’on dit fracturée ? Quel message est adressé aux électeurs qui voteront pour le scrutin législatif des 12 et 19 juin ? « Aucun », estime, lapidaire, le directeur général de l’institut de sondage IFOP, Frédéric Dabi. « Ni audace ni renouvellement. Tout terne et gris », a attaqué Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale.

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« On jugera sur pièces »

Pour relever le défi de l’urgence climatique, le couple exécutif a choisi de faire appel à une libérale, Amélie de Montchalin, ancienne ministre de la fonction publique désormais chargée de la transition écologique et de la cohésion des territoires, et à une pragmatique, Agnès Pannier-Runacher, ancienne ministre de l’industrie, aujourd’hui chargée de la transition énergétique. Toutes deux seront ministres de plein exercice et travailleront avec la locataire de Matignon désormais chargée de la planification écologique. « Ce qui est inquiétant, c’est que toutes deux sont considérées comme des fidèles d’Emmanuel Macron et de ce qui a été fait jusqu’à présent, lors d’un quinquennat perdu pour le climat. On jugera sur pièces », estime Jean-François Julliard, directeur de l’ONG Greenpeace France.

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