Nouveau bac : comment la réforme Blanquer pourrait bientôt évoluer – Le Parisien

« Détendre l’élastique », « faire baisser la température », « calmer le jeu »… Des étages de l’Education nationale au trottoir de la rue de Bellechasse, à Paris (VIIe), où flottaient ce vendredi encore quelques dizaines de drapeaux de manifestants, les métaphores sont variées mais le propos unanime. Il est temps pour les lycées de redescendre en pression, après quatre semaines marquées par une violente agitation autour des épreuves de contrôle continu du nouveau bac, à l’ organisation chaotique et contestée.

Mais comment apaiser ? Alors que beaucoup comptent sur les vacances scolaires — qui démarrent en région parisienne et en Occitanie — pour rafraîchir l’atmosphère des classes en ébullition, le comité de suivi de la réforme du lycée vient de lancer deux semaines de concertations avec tous les acteurs du monde scolaire.

Jean-Michel Blanquer s’est aussi dit prêt, jeudi, à « faire évoluer dans le sens de la simplicité » la deuxième session d’épreuves. Ces contrôles prévus en mars-avril devraient, selon nos informations, être décalées à la mi-mai. La banque nationale de sujets, dont des extraits ont déjà largement été publiés par des lycéens sur les réseaux sociaux, va quant à elle être rendue publique, manière de placer tous les élèves à égalité dans leurs révisions.

Le comité de suivi de la réforme remettra aussi le 11 mars sa copie au ministre sur les ajustements à apporter à plus long terme. « Mettre les gens autour de la table maintenant, c’est comme prévenir qu’on risque de tomber quand on a déjà la jambe cassée… » grince, drapeau FCPE sur l’épaule, Florence Claudepierre, représentante de l’association des parents d’élèves dans son département du Haut-Rhin. « En attendant, nos enfants sont soumis à une pression qu’ils ne devraient pas connaître. »

Reste qu’au sein du comité, on veut se donner des raisons d’espérer : le Snes, principal syndicat des professeurs de lycée, et farouche opposant à la réforme, se dit prêt à « réfléchir à des épreuves d’étape en première », explique sa secrétaire générale adjointe, Sophie Venetitay. Mais de là à consentir à évaluer les élèves en partie en contrôle continu, avec les notes obtenues tout au long de l’année par les lycéens, « c’est non et encore non », insiste-t-elle.

Le sujet, quasiment une affaire de principe, divise profondément le monde enseignant, entre ceux qui plaident pour un examen plus simple et plus moderne, et ceux qui craignent que le contrôle continu ne dilue le bac au point de lui faire perdre tout son poids. Les professeurs y perdraient un puissant levier pour motiver leurs élèves à travailler, et écouter en classe.

Vers des examens locaux pilotés par les enseignants ?

Pour contourner l’obstacle, on phosphore au ministère sur le moyen de passer par le chas de l’aiguille : proposer de faire évoluer les E3C en « contrôles en cours de formation », des sortes d’examens locaux, dans lesquels ce sont les enseignants, et non plus les rectorats, qui pilotent les sujets et les épreuves. Un système en vigueur depuis dix ans en lycées professionnels et en BTS… sans faire encore consensus. « Le système pose les professeurs comme juges et parties de leurs élèves, c’est problématique, estime Sigrid Gerardin, la porte-parole des enseignants des lycées pro au syndicat Snuep-FSU. En première et en terminale, on est sans arrêt en train d’évaluer les élèves, on perd donc du temps d’enseignement. »

« La vocation du contrôle continu est de valider le travail régulier de chacun, c’est aussi une préparation à l’enseignement supérieur », oppose Jean-François Ringard, le copilote du comité de suivi de la réforme, qui tient à rappeler que « la France est le seul pays d’Europe avec l’Ecosse à ne pas avoir instauré une part de contrôle continu dans son examen final. » Dans le cadre la réforme, 60 % du nouveau bac sera toujours sanctionné par des épreuves de fin de terminale, dont un grand oral dont les contours ne sont toujours pas précisés.

Indulgence «au cas par cas» pour les bloqueurs
Sous les fenêtres du ministère de l’Education, ce vendredi, quelques dizaines de porte-drapeaux fredonnent du Balavoine, avec des paroles maison : « Je ne suis pas un zéro ! » Ce que réclament ces parents d’élèves, pour la plupart adhérents de la FCPE ? L’amnistie scolaire pour les élèves de première, sanctionnés ces derniers jours d’une bulle à leurs épreuves de contrôle continu du bac, pour avoir participé aux blocus de leurs bahuts depuis le 20 janvier. Réponse de la rue de Grenelle : point d’indulgence générale, mais une mansuétude « au cas par cas » pour les jeunes.

« Partout où il y a confusion, le doute profitera à l’élève », explique Edouard Geffray, le numéro deux du ministère.Pas question, en revanche, d’annuler les épreuves, comme le demandent une partie des familles concernées, alors que 1,2 million de copies ont déjà été rédigées, et qu’un quart d’entre elles sont déjà corrigées. Selon le ministère de l’Education, seuls 15 % des établissements auraient été touchés par des perturbations lors de la passation des épreuves.

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