#NousToutes : des manifestations contre les violences faites aux femmes organisées partout en France – Le Monde

Manifestation le 20 novembre 2021 à Paris.

Les défenseuses et défenseurs des droits des femmes espéraient mobiliser en masse, samedi 20 novembre, dans les rues de Paris et de nombreuses autres villes de France, pour dire « stop » aux violences sexistes et sexuelles et « exiger des politiques publiques à la hauteur » contre ce fléau.

Selon le collectif féministe #NousToutes, à l’initiative de l’appel, une soixantaine de manifestations étaient organisées en France en amont de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre. Comme le rappelle le collectif, le 20 novembre est aussi la Journée mondiale de la protection de l’enfance et la Journée internationale du souvenir trans, et les manifestations rappelleront que les violences sexistes et sexuelles « qui visent particulièrement les enfants, les femmes ou les personnes trans ne sont pas une fatalité ».

A Paris, la manifestation partie à 14 heures de la place de la République vers celle de la Nation commençait à se disperser vers 17 heures. Les organisatrices ont revendiqué 50 000 participantes et participants, tandis que la préfecture de police en comptabilisait 18 000.

C’est moitié moins qu’en 2019, où la manifestation avait attiré 100 000 personnes, d’après les organisateurs (35 000 selon la police). Celle de 2020 avait été annulée en raison de la crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19.

Notre journaliste Cécile Bouanchaud suit la mobilisation à Paris :

101 femmes tuées par leur conjoint en 2021

Les militantes et les militants sont venus « crier leur colère » et interpeller les candidats et candidates à l’élection présidentielle et « dénoncer le décalage » entre les « discours [des pouvoirs publics] et la réalité », explique Marylie Breuil, du collectif #NousToutes. Elle déplore que les moyens déployés contre les violences faites aux femmes et les féminicides soient « dérisoires », malgré les progrès enregistrés depuis le Grenelle organisé à la fin de 2019.

Le collectif #NousToutes rappelle qu’environ 220 000 femmes sont victimes de violences et 94 000 sont violées chaque année en France. Depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif Féminicides par compagnons ou ex. En 2020, 102 féminicides avaient été recensés, et 146 en 2019, selon le ministère de l’intérieur.

Compte-rendu : Article réservé à nos abonnés En 2020, 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire en France

Moyens financiers, hébergement et prévention

Les organisations féministes estiment que l’Etat devrait consacrer un milliard d’euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd’hui. Elles demandent également des mesures de prévention : « Il faut apprendre aux plus jeunes ce qu’est le consentement, et que tous les collégiens ou lycéens passent un brevet d’éducation à la non-violence, sur le même modèle que [celui de] la sécurité routière », a détaillé Mme Breuil.

Les associations demandent aussi un effort supplémentaire pour créer plus de places d’hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent. Dans une telle situation, environ 40 % des victimes ne se voient proposer aucune solution d’hébergement, et seulement 12 % obtiennent une place adaptée, avec un accompagnement juridique et psychologique, selon un rapport publié jeudi par la Fondation des femmes.

Plusieurs candidats à la présidentielle annoncés

« Ce n’est plus possible de tolérer cette violence sur la moitié de l’humanité », a déclaré le candidat vert à la présidentielle, Yannick Jadot, présent dans le cortège parisien et pour qui « il faut des formations, des moyens pour les hébergements d’urgence ».

D’autres candidats à la présidentielle étaient annoncés, Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), ainsi que les comédiennes Sandrine Bonnaire et Muriel Robin, qui a incarné à l’écran Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari violent.

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La manifestation était également l’occasion de dénoncer l’inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal, ont précisé les organisateurs, qui attendent la comédienne et réalisatrice Andréa Bescond, autrice des Chatouilles, ou François Devaux, qui se bat contre la pédocriminalité dans l’Eglise catholique.

Pour la première fois, un « cortège chrétien », porté par des « organisations chrétiennes féministes et LGBTQIA [lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queers, intersexes et asexuels] », était présent dans le cortège parisien, « autour des victimes de violences sexistes et sexuelles dans nos Eglises ».

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Le Monde avec AFP

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