« Nous devons aller vers des solutions territoriales » : Jean Castex veut travailler avec les élus locaux pour faire face à la crise – Le Monde
En pleine préparation avec le président de la République, Emmanuel Macron, de son futur gouvernement, le nouveau premier ministre, Jean Castex, s’est rendu dans l’après-midi du samedi 4 juillet sur le site de recherche et de production de semi-conducteurs du groupe X-FAB France, dans l’Essonne. Un premier déplacement officiel auprès d’une société « très symbolique » de ses objectifs à Matignon, a-t-il expliqué.
Après un passage à l’Elysée pour discuter avec le chef de l’Etat de la composition de son équipe, Jean Castex s’est donc rendu sur le site de cette entreprise, à cheval sur trois communes (Corbeil-Essonnes, Le Coudray-Montceaux et Ormoy). Arrivé vers 15 h 45 sur le site, il a échangé avec les dirigeants et salariés, puis a visité la chaîne de production.
En arrivant, ce haut fonctionnaire jusqu’ici inconnu du grand public qui se présente comme « un gaulliste social » et « un homme des territoires », a affirmé devant quelques élus son souhait de « faire évoluer l’opinion qui pense qu’on ne peut faire de la politique que quand on est élu national ».
Encourager la relocalisation industrielle
X-FAB est « très symbolique de la situation actuelle et des objectifs qui sont les nôtres », a fait valoir M. Castex, pour qui celle-ci a été « impactée par la crise sanitaire » et se trouve, par ailleurs, « extrêmement exposée à la concurrence internationale ».
« C’est un bon exemple de ce qui est devant nous », a-t-il précisé. Et d’expliquer que l’exécutif travaille, dans le cadre de son plan de relance, à la recherche de solutions pour encourager la relocalisation industrielle afin de permettre le « maintien durable » d’emplois exposés à la concurrence internationale et « ne pas simplement agir sur le court terme ».
Jean Castex a insisté sur « l’investissement dans la formation et dans l’outil de production », qui vont permettre à cette entreprise en difficulté de passer les étapes qui sont devant elle. « Elle prendra sans doute des dispositions pour assurer sa compétitivité, et là il faut que l’Etat l’accompagne », a-t-il poursuivi.
« Solutions opérationnelles au plan local »
Le chef du gouvernement, qui se décrit comme « un homme des territoires », a également mis l’accent sur « l’insertion en entreprise et par l’activité économique », et surtout sur « l’action concertée des collectivités avec l’Etat ».
« Je tiens et j’assume, surtout en période de crise : on a besoin de l’Etat, mais d’un Etat qui sait [élaborer] la stratégie nationale, la recherche de solutions opérationnelles au plan local », a-t-il plaidé après avoir rencontré les élus locaux et les parlementaires de l’Essonne :
« C’est vers cela que nous devons aller, c’est vers ces solutions les plus territoriales, où [les élus] savent agir ensemble au-delà de leurs opinions politiques au service de l’emploi et de l’intérêt général. »
Un gouvernement avant lundi
En attendant, l’ancien « Monsieur déconfinement », qui fut secrétaire général adjoint de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy et qui vient de quitter les Républicains, entend faire « tout pour » former son gouvernement avant lundi avec le chef de l’Etat. Il souhaite prononcer sa déclaration de politique générale « en milieu de semaine prochaine » au Parlement.
Ce remaniement s’annonce « de grande ampleur », selon l’entourage d’Emmanuel Macron, qui a dit qu’il y aurait « de nouveaux talents » et « des personnalités venues d’horizons différents ».
Mais ce sera sans Laurence Tubiana, cheville ouvrière de la COP21 et de la Convention citoyenne pour le climat, dont le nom circulait pour le ministère de l’écologie. Elle a déclaré à l’AFP qu’elle « ne souhaitait pas » entrer au gouvernement.
« Des mesures d’urgence et des mesures structurelles »
Le choix comme premier ministre d’un profil « techno » donne les mains libres au chef de l’Etat, après trois ans d’entente cordiale avec Edouard Philippe, qui prenait un poids croissant dans la stratégie gouvernementale et dans l’opinion. Et alors qu’apparaissaient des dissensions, notamment pour la réforme des retraites. « Je ne suis pas ici pour chercher la lumière, je suis ici pour chercher des résultats », a assuré Jean Castex.
Alors que se profile une rentrée « très dure » sur les fronts économique et social, il sera chargé d’appliquer le « nouveau chemin » voulu par le chef de l’Etat, avec une priorité à la politique de santé, au grand âge et à un plan pour la jeunesse, et la remise en chantier de la réforme des retraites.
La méthode Castex ? « Ouvrir des concertations (…) avec la nation, avec les partenaires sociaux, dans les territoires, avec tous les acteurs » et élaborer un « nouveau pacte social » :
« Quand on est en crise, il faut continuer à soutenir l’économie, mais il faut faire des choix judicieux, des choix orientés, c’est-à-dire des choix qui permettent de reconstruire, de gagner en souveraineté économique, d’avoir une France plus économe du point de vue du respect de l’environnement, donc à la fois des mesures d’urgence et des mesures structurelles : c’est l’axe du plan de relance que nous préparons », a-t-il expliqué.