« Nous assistons à des dérives qui sont inadmissibles » : Jean Castex défend la nomination de Gérald Darmanin à l’intérieur – Le Monde

Jean Castex  et Gérald Darmanin.

Le premier ministre, Jean Castex, a dénoncé, mercredi 16 juillet, au Sénat des « dérives inadmissibles » face aux critiques relayées par une sénatrice socialiste concernant la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur, alors qu’il est visé par une enquête pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance.

« M. Darmanin a droit au respect des principes de la République, comme tous les citoyens. Nous assistons à des dérives qui sont inadmissibles, je le dis ici avec solennité et gravité », a lancé le nouveau chef du gouvernement lors des questions d’actualité.

La sénatrice PS Murielle Cabaret a reproché à Jean Castex son « soutien sans faille au ministre de l’intérieur, sans même attendre la fin de la procédure judiciaire ». Elle a pointé ce qu’elle considère être « une erreur éthique et politique d’une violence symbolique inouïe », qui reviendrait, selon elle, à considérer que « M. Darmanin est innocent, que la victime ment, au mépris des principes d’équité du contradictoire et d’équilibre entre les parties », tout en se disant « très attachée à la présomption d’innocence ».

Lire aussi Gérald Darmanin visé par des accusations de viol : les investigations reprennent

Le premier ministre lui a répondu que « ça n’est pas M. Darmanin [qu’il] défend » mais « les principes fondamentaux de l’Etat de droit ». « C’est en mon âme et conscience que j’ai fait cette proposition [à Gérald Darmanin] », a ajouté Jean Castex. « S’il était démontré que je me suis trompé, j’en tirerais toutes les conséquences », avait-il affirmé la veille dans un entretien au Parisien.

« Chasse à l’homme »

Mardi, c’est Emmanuel Macron qui avait pris la défense de son ministre, en s’érigeant contre « la démocratie d’opinion ». « Je suis le garant de la présomption d’innocence », avait dit le président de la République. Il avait ensuite souligné que les faits reprochés à Gérald Darmanin « remontent à beaucoup plus loin » que le début de son quinquennat et que « cette affaire a déjà fait l’objet de plusieurs enquêtes, et à plusieurs reprises a été classée ou a donné lieu à une absence de suites ». « Il y a une procédure pour des raisons de forme qui revient », a-t-il simplement convenu avant d’ajouter : « Il ne m’appartient pas d’en juger. »

Interrogée sur LCI jeudi, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, a aussi pris sa défense et affirmé qu’« on est en fait au-delà de la présomption d’innocence », après les précédentes décisions de justice. « Cela veut dire que demain, je peux déposer une plainte contre vous pour viol et que donc vous serez coupable et vous n’aurez plus le droit de travailler ? », s’est-elle interrogée.

Jeudi matin, sur Europe 1, Gérald Darmanin s’est dit « victime d’une chasse à l’homme » : « Je fais l’objet d’une calomnie, je ne souhaite à personne d’être accusé à tort et je ne souhaite même pas à mon pire ennemi d’être victime de la chasse à l’homme à laquelle je suis aujourd’hui l’objet », a déclaré le nouveau ministre de l’intérieur. Il a rappelé que trois décisions de justice « ont conclu à l’absence totale d’infraction ».

Tribune : « Les nominations de Darmanin et Dupond-Moretti discréditent les ambitions françaises de promotion des droits des femmes »

Reprise des investigations

La cour d’appel de Paris a ordonné, le 11 juin, la reprise des investigations visant l’ex-ministre de l’action et des comptes publics, concernant des faits qu’il aurait commis en 2009. Il a été accusé en 2017 de viol par une femme, Sophie Patterson-Spatz, qui l’avait sollicité en 2009, lorsqu’il était chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP (parti devenu Les Républicains), pour tenter de faire annuler sa condamnation de 2004, pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon.

Elle affirme que Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter son appui, et elle se serait sentie contrainte de « passer à la casserole », ainsi qu’elle l’a expliqué aux enquêteurs. Le ministre a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec cette femme, mais, selon lui, librement consentie.

Sa nomination au gouvernement suscite la colère de mouvements féministes et les critiques d’une partie du monde politique. Dans une tribune publiée dans Le Monde, un collectif de 91 « militantes, intellectuelles, femmes politiques féministes » écrit que ce remaniement « représente un virage politique antiféministe, dont la portée dépasse largement les frontières de la France » et « vient renforcer le “backlash” [“retour de bâton”] contre les femmes, en violation des droits fondamentaux ».

Tribune : « Les nominations de Darmanin et Dupond-Moretti discréditent les ambitions françaises de promotion des droits des femmes »

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading