Nokia quitte l’O-RAN, sur fond de guerre commerciale entre Washington et Pékin

Nokia quitte l'O-RAN, sur fond de guerre commerciale entre Washington et Pékin

La guerre commerciale à laquelle se livrent Washington et Pékin depuis maintenant quelques années continue à faire des vagues. La direction de Nokia vient en effet de suspendre sa participation à l’alliance O-RAN – qui vise à développer de nouvelles architectures réseau virtualisées pour ouvrir le marché des équipements réseau.

L’équipementier finlandais justifie ce départ par la présence au sein de cette alliance d’acteurs chinois blacklistés par les autorités américaines, qui les soupçonnent de collusions avec le régime de Pékin. Il s’agirait des sociétés Kindroid, Phytium et Inspur, toutes trois placées sur la “liste noire” de Washington au cours de l’été. La Maison blanche avait alors justifié cette mise au ban par le fait « que ces entités acquièrent et tentent d’acquérir des articles d’origine américaine pour soutenir la modernisation militaire de l’Armée populaire de libération », c’est-à-dire l’armée chinoise.

Dans un courriel interne révélé par Politico, le géant scandinave affirme : « nous n’avons pas d’autre choix que de suspendre toutes nos activités techniques » au sein du groupe, en raison d’une « question de conformité (…) concernant les contributeurs O-RAN figurant sur la liste des entités américaines ». Si le retrait de l’équipementier pourrait n’être qu’un épiphénomène passager, il fragilise quoi qu’il en soit l’alliance fondée en 2018 par les opérateurs internationaux Orange, AT&T, China Mobile, Deutsche Telekom et NTT DOCOMO.

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Vers une cascade de départs ?

« L’engagement de Nokia envers l’Open RAN et l’Alliance O-RAN, que nous avons été le premier grand fournisseur à rejoindre, reste fort. A ce stade, nous mettons simplement en pause l’activité technique avec l’Alliance, car certains participants ont été ajoutés à la liste des entités américaines, et il est prudent pour nous de laisser à l’Alliance le temps d’analyser et de trouver une solution », fait savoir la direction de Nokia dans un communiqué.

Reste que ce départ met en lumière la bataille larvée qui se joue entre certains de ses membres, de même que les soupçons qui pèsent sur ses membres chinois, soupçonnés de vouloir mettre la main sur l’Open RAN, cet ensemble de technologies visant à rendre interopérables les dispositifs hardware et software de technologies mobiles commercialisées par les grands équipementiers des infrastructures mobiles.

Interrogée par le site d’information Fierce, l’alliance s’est dite « consciente des préoccupations concernant les participants qui peuvent être soumis à la réglementation américaine en matière d’exportation ». Sa direction indique « travailler avec les participants pour assurer la conformité avec la loi américaine ». Une gageure alors que près d’un quart des membres de l’alliance sont chinois et que nombre de géants technologiques, à commencer par Google, Microsoft ou Facebook, pourraient être tentés de suivre la même voie que Nokia pour s’éviter tout désagrément avec les autorités américaines.

Les tensions qui secouent l’alliance ne laissent pas indifférent du côté de Bruxelles. La Commission européenne prend le problème très au sérieux et réalise actuellement une analyse des risques liés à l’ensemble de technologies Open RAN, afin de déterminer si l’architecture et les nouveaux fournisseurs peuvent présenter des risques pour la sécurité.

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