Noël sauvé, le Jour de l’An sacrifié : comment l’exécutif a tranché – Le Parisien

Une fin d’année sans fêtes… Jean Castex l’a confirmé ce jeudi : « l’amélioration de l’épidémie » de coronavirus « marquant le pas » et la condition fixée par Emmanuel Macron (passer sous les 5000 contaminations par jour) n’étant pas remplie, la sortie du confinement ne se passera pas comme prévu. Certes, la possibilité de se déplacer « partout » dans le pays, la vie sans attestation (en journée), l’absence de couvre-feu pour le réveillon de Noël, apporteront une bouffée d’air.

Mais le Premier ministre demande encore « des efforts » aux Français, car « la partie est loin d’être gagnée ». Un couvre-feu sera décrété de 20 heures (et non 21 heures comme prévu) à 6 heures, y compris le soir du Nouvel An. Les musées, cinémas, théâtres, les enceintes sportives ou les cirques, qui se préparaient à rouvrir, resteront portes closes pour trois semaines de plus.

VIDÉO. Noël, Nouvel An, couvre-feu à 20 heures… Ce qu’il faut retenir des annonces de Castex

« Prendre cette décision nous a été particulièrement douloureux », souligne le chef du gouvernement. Les discussions du couple exécutif se sont d’ailleurs poursuivies après le Conseil de défense et même la réunion du gouvernement de mercredi soir. Castex le sait, « ces mesures peuvent être mal ressenties ou mal comprises ».

Mais il s’agit de tout faire « pour réduire le risque de devoir vivre un troisième confinement dans les prochains mois », argumente le Premier ministre, qui se prépare déjà à scruter les chiffres de début janvier. Il insiste : « Mon rôle est de vous protéger, quitte à prendre des décisions difficiles. » Une scène en dit long sur son état d’esprit. Mercredi soir, tandis qu’une ministre plaide pour la réouverture de lieux recevant du public, il la stoppe net en ces termes : « La santé d’abord. »

Le couvre-feu «sera strictement contrôlé»

Faire une exception pour Noël, et distinguer cette fête catholique du Jour de l’An n’allait pas de soi. La question a fait débat lors du Conseil de défense. « Noël occupe une place à part dans nos vies et dans nos traditions », estime le Premier ministre, par ailleurs nettement plus préoccupé par les célébrations du Nouvel An. « Noël, c’est un format plus petit, ce n’est pas la bringue toute la nuit, explique un proche. Et il y a un attachement plus fort qu’au réveillon du 31. » Or, il fallait « donner une soupape aux Français », abonde un conseiller ministériel. Au risque que les jeunes, particulièrement éprouvés par cette crise, accusent encore une fois le coup.

Ceux qui seraient tentés d’outrepasser les règles sont prévenus, le couvre-feu « sera strictement contrôlé », comme « les rassemblements non autorisés et les fêtes sauvages », insiste le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dont la seule présence donne le ton. « C’est un double message, à Darmanin lui-même, sur le thème Il faut contrôler et au grand public », juge un conseiller ministériel. En filigrane, l’éternelle question de l’acceptabilité des mesures. La « lassitude » s’installe — Castex l’a martelé — la défiance aussi et l’opposition continue de donner de la voix. Les acteurs du monde de la Culture — dont la ministre Roselyne Bachelot brillait par son absence lors de la conférence de presse — clament, eux, leur colère et leur sentiment d’injustice.

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Le monde du sport est aussi durement frappé. Et que dire des bars et restaurants… « On arrive au bout. Il faut faire attention. On a demandé aux gens de couper leurs relations sociales, cela abîme », prévient un ministre, craignant « des tensions, des fractures ». Sans ces restrictions, fait encore valoir Jean Castex, « nous décalerions d’autant un retour à la normale ». Comme pour tenter de conserver une lueur d’espoir, alors que cette « épidémie dure plus qu’on ne l’avait imaginé ». Et ne semble plus en finir.

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