Neuf choses à savoir six mois après l’incendie de Notre-Dame – Franceinfo

Six mois après l’incendie de Notre-Dame, où en est-on de la reconstruction, des dons, des projets ?

Le 15 avril 2019 la cathédrale Notre-Dame de Paris était ravagée par les flammes. Six mois après cet événement qui a bouleversé le monde entier, les polémiques passées et l’émotion retombée, que se passe-t-il aujourd’hui autour de ce cet édifice emblématique ?

1Depuis six mois, les architectes élaborent un modèle en 3D de Notre-Dame

Retracer les plans de Notre-Dame avant et après l’incendie, c’est désormais l’objectif des architectes chargés du chantier de reconstruction de la cathédrale, qui doivent d’abord rassembler des données 3D très précises mais disparates. Depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris, plusieurs sociétés détentrices de modélisations 3D de certaines parties de l’édifice se sont manifestées, faisant miroiter le rêve de pouvoir rebâtir à l’identique ce patrimoine parti en fumée. “Avant 2010, nous ne disposons que de relevés à l’ancienne”, des plans “redessinés de nombreuses fois, très partiels et très imprécis”, explique Rémi Fromont, l’un des trois architectes en chef des Monuments historiques responsables du chantier. Une cinquantaine de scans au laser de l’intérieur sont effectués à cette époque par le chercheur américain Andrew Tallon (décédé en novembre 2018) de l’université de Vassar, au nord de New-York.            

Par la suite, d’autres intervenants comme les sociétés Art Graphique et Patrimoine, l’université de Bamberg en Allemagne ou encore l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft scannent l’enveloppe extérieure, la charpente, l’intérieur de la flèche ou les beffrois et accumulent des données pour leurs usages respectifs (documentation historique et scientifique, reconstitution virtuelle de l’édifice). Mais ces millions de données brutes sous forme de nuages de points ne constituent pas encore un ensemble uniforme à même de pouvoir dessiner un plan. En collaboration avec le CNRS, les architectes s’apprêtent à étudier toutes ces données et à les assembler dans un modèle 3D unique.

Capture en nuages points au laser 3D à l\'intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Capture en nuages points au laser 3D à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. (ART GRAPHIQUE & PATRIMOINE)

Réunir toutes les données et scanner les parties manquantes permettra d’ici “quelques mois” de redessiner des plans et de faire des comparaisons avant et après l’incendie, selon Rémi Fromont. Mais “même sans scan, on arriverait à reconstituer cette charpente médiévale”, précise l’architecte, dont les relevés manuels de cet assemblage en 2014 avaient duré un an. “Le scanner n’est qu’une machine qui nous permet d’y voir plus clair”, souligne-t-il. “Il faudra un œil et un cerveau pour analyser” ces données et décider des actions à mener.

2Les dons ont atteint 800 millions d’euros

Après l’annonce trop optimiste d’un milliard d’euros, on a craint en juin que seule une partie des promesses pour reconstruire Notre-Dame serait effective. A six mois, les grands dons du mécénat d’entreprise se concrétisent: on pourrait atteindre quelque 800 millions d’euros. Un certain nombre de donateurs finalisent leurs conventions et d’autres attendent la mise en place en novembre de l’établissement public.

Qui a donné quoi et comment ?
La collecte s’est effectuée via les trois fondations – Fondation Notre-Dame, Fondation du patrimoine, Fondation de France – et le Centre des monuments nationaux (CMN) dans le cadre de la souscription nationale. Ils ont récolté 616,6 millions d’euros ou de promesses de dons.
– La Fondation Notre-Dame, dont le président est l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a reçu 380 millions d’euros (46.600 particuliers, 168 entreprises et 29 collectivités publiques françaises et étrangères).
– La Fondation du Patrimoine a reccueilli environ 222 M d’euros de collecte, provenant de 230.000 donateurs de 152 pays.
– La Fondation de France a récolté  9 millions, dont 7 proviennent d’entreprises.
– Le CMN a encaissé 5,6 millions au profit de la reconstruction de la cathédrale.

Qui sont les “grands donateurs” et combien ont-ils ou vont-ils donner ?
– LVMH (Bernard Arnault) et Kering (Famille Pinault) qui ont déjà signé des conventions portant sur 200 et 100 millions d’euros, la concrétisation de nombreux dons promis par le secteur privé devrait se faire d’ici la fin de l’année.
– Total, qui s’était engagé à verser 100 millions d’euros via la Fondation du Patrimoine, a indiqué à l’AFP que sa convention “est quasiment finalisée et devrait être signée courant octobre”.
– Le groupe l’Oréal affirme que les engagements “pris en soutien à Notre-Dame sont fermes et confirmés”.
– La famille Bettencourt Meyers, au travers sa holding familiale Tethys et la Fondation Bettencourt Schueller confirme son engagement de 150 millions d’euros, qui viendra en complément de 50 millions d’euros à laquelle l’Oréal a décidé de contribuer.
– JCDecaux a assuré qu’il concrétiserait sa promesse de 20 millions d’euros.
– BNP Paribas, qui s’était engagé à hauteur de 20 millions, précise que “cette contribution sera versée dès la création de l’établissement”, en novembre.
– La promesse des frères Martin et Olivier Bouygues de verser 10 millions d’euros via leur holding familiale SCDM, est également en cours de concrétisation avec la Fondation Notre Dame.
– Le groupe BPCE, pour son don de 10 millions, est “en phase de finalisation de la convention avec la Fondation du Patrimoine”.
– Crédit Agricole : les 5 millions promis par  seront versés “d’ici la fin de l’année par la fondation Crédit Agricole Pays de France”.
– Le mécène Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, n’a pas encore pris de décision sur les modalités de versement de 10 millions d’euros.
– Le groupe d’assurances Axa s’est engagé à verser 10 millions d’euros répartis pour moitié entre la Fondation du patrimoine et la Fondation Notre-Dame.
– La Région Ile-de-France signera une convention fin octobre portant sur 10 millions d’euros.
– La milliardaire brésilienne Lily Safra, avec sa Fondation Edmond J. Safra, avait fait un don de 10 millions d’euros dès le lendemain matin de l’incendie à la Fondation du patrimoine.

3Deux écoles s’affrontent toujours sur le choix architectural de la reconstruction

Reconstruction à l’identique ou geste audacieux ? Six mois après l’incendie de Notre-Dame deux écoles s’affrontent toujours. 

D’un côté les “orthodoxes” plaident pour que la cathédrale du XIXe siècle avec la flèche recréée par Viollet-le-Duc, puisse renaître dans sa splendeur. Parmi eux, Stéphane Bern, chargé par le président Emmanuel Macron d’une mission sur le patrimoine. L’architecte en chef de la cathédrale lui-même, Philippe Villeneuve, et d’autres experts, tous très inquiets de l’invitation de l’exécutif à un geste architectural qui porterait atteinte à l’intégrité du chef d’oeuvre intemporel de Viollet-le-Duc. Une majorité des Français, si l’on en croit les sondages, sont également en faveur de cette option. 

Dans le camp adverse, les “modernistes” tiennent au contraire à ce geste novateur, qui s’affranchirait de l’oeuvre de Viollet-le-Duc, afin de laisser à l’édifice une empreinte plus ou moins audacieuse du XXIe siècle. Quoi de plus glorifiant que de laisser sa signature sur Notre-Dame pour ceux qu’on a surnommés les “starchitectes” ? Pour eux, la reconstruire avec une touche moderne serait la dernière évolution d’une longue série en huit siècles.

4Les architectes du monde entier s’en donnent à coeur joie pour imaginer la cathédrale Notre-Dame de demain

Sur les réseaux sociaux, humour et provocation ont fleuri dès l’annonce par l’exécutif d’un possible concours sur la future flèche : Notre-Dame surmontée d’un faisceau lumineux, d’une éolienne, d’un rayon vert, d’un château de conte de fées, d’un croissant musulman, d’une bouteille de champagne ou d’une nouvelle pyramide en verre… Alors que pourrait avoir lieu un concours d’architectes controversé, les imaginations s’en donnent à coeur joie : jardins suspendus, flèche lumineuse… Des projets ont fleuri dans les cabinets d’architecture du monde entier. 

FRANCE 2

– L’architecte britannique Norman Foster propose un toit en verre. La flèche, de forme pyramidale, serait faite en cristal et acier inoxydable. Sa base serait entourée d’une plateforme pour les visiteurs.
– L’architecte Alexandre Chassang du cabinet ABH propose une gigantesque flèche futuriste en verre.
– Le studio italien Fuksas propose une toiture et une flèche en verre ressemblant au cristal de Baccarat, qui serait éclairée de l’intérieur la nuit.
– Le studio slovaque Vizum Atelier propose une tour fine et légère tel un pic blanc prolongée d’un faisceau lumineux.
– Le graphiste Anthony Séjourné imagine un faisceau lumineux éphémère, qui pourrait s’exposer pour la période de Noël.
– L’architecte Alexandre Fantozzi (cabinet AJ6 Studio, São Paulo) propose une flèche complètement recouverte de vitraux dans les tons rouges.
– Le cabinet français Godart + Roussel propose une toiture de vitres et tuiles de cuivre, une flèche métallique qui surplomberait une verrière abritant une zone de promenade. Un plancher vitré s’ouvrirait sur l’intérieur de l’église.
– L’architecte russe Alexander Nerovnya veut marier le verre et la pierre. La toiture conserverait sa forme mais serait transformée grâce au verre; la flèche serait proche de l’ancienne.
– Le studio belge Miysis propose une verrière végétale moderne et une flèche reconstruite à l’identique.
– L’architecte Nicolas Abdelkader du studio NAB propose une serre en bois et une ruche géante. Dans cet espace, serait prévu un lieu d’apprentissage et d’insertion pour les personnes en difficulté.
– L’architecte Marc Carbonare propose une gigantesque esplanade ouverte au public avec en son centre une flèche en pierre et une véritable forêt.
– Le designer français David Deroo propose une flèche proche de l’ancienne par sa structure mais d’un blanc immaculé.
– Le designer français Mathieu Lehanneur veut créer une gigantesque flamme en souvenir de l’incendie.

5La reconstruction de Notre-Dame est “une mission de combat” menée par un militaire

“Ce n’est pas un musée ou un mémorial”, “c’est un marqueur très profond”, avait déclaré  aussi souligné, le général Jean-Louis Georgelin, ancien chef d’Etat-major des armées, chargé de piloter la reconstruction de Notre-Dame par Emmanuel Macron. En le nommant, le président de la République a parié sur un homme qui fera avancer avec la détermination d’un chef de guerre un chantier d’une extrême complexité.

Le général Jean-Louis Georgelin, chargé de piloter le chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, à a sortie de la première messe célébrée après l\'incendie, le 15 juin 2019
Le général Jean-Louis Georgelin, chargé de piloter le chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, à a sortie de la première messe célébrée après l’incendie, le 15 juin 2019 (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

En fixant un objectif de cinq ans pour la restauration de la cathédrale, Emmanuel Macron avait besoin d’un homme qui ne se perd pas en colloques, ne parade pas dans les médias et sait trancher dans les arbitrages entre des métiers et intérêts très divers. A 71 ans, originaire d’Aspet (Haute-Garonne), Jean-Louis Georgelin a qualifié son futur travail de “mission de combat”

Depuis des mois à l’Elysée, le général, avec trois personnes, prépare sa mission. Il reste muet en bon militaire, tant que le décret mettant en place l’établissement public qu’il dirigera n’est pas sorti. Ce sera en novembre. “Monsieur reconstruction” doit “veiller à l’avancement des procédures et des travaux”. Il en fera rapport régulièrement à son président, dont le bureau est à quelques dizaines de mètres.

6La charpente de Notre-Dame est devenue un outil pédagogique pour les Compagnons du Devoir

En attendant de savoir quand et comment sera reconstruite la charpente de Notre-Dame, les jeunes apprentis des Compagnons du Devoir l’utilisent comme projet pédagogique, en reproduisant deux “fermes” en chêne de la “forêt” de la cathédrale. D’une dimension de 10,70 m sur 7,50 m de haut, la ferme, posée sur des cales, a été fabriquée à 75% de sa taille réelle, en reprenant certaines des méthodes utilisées lorsque la charpente a été installée dans la nef, entre 1220 et 1240.

“Cela permet à nos apprentis d’être sur un chantier un peu spécial, avec des techniques d’assemblage assez complexes, la charpente étant intégralement faite en bois, sans métal”, souligne Arthur Cordelier, un jeune compagnon de 23 ans en charge des projets de formation autour de Notre-Dame.

Difficile de dire si l’incendie du 15 avril a suscité des vocations de charpentier, couvreur ou tailleur de pierre, mais le directeur général des Compagnons du Devoir, Jean-Claude Bellanger, s’attend “à une progression de 10 à 20%” des effectifs à la fin de l’année selon les métiers.

7Le choeur de Notre-Dame a déménagé

Depuis le feu du 15 avril, ce choeur prestigieux né dans le sillage de Notre-Dame au XIIe siècle, a été contraint de chercher refuge dans d’autres sanctuaires parisiens. Le choeur donnait autrefois près d’un concert par semaine et animait 1.000 offices par an. Désormais, il accompagne les messes en l’église Saint-Germain l’Auxerrois, toute proche du Louvre, et répartit ses concerts itinérants entre quatre églises de la capitale qui lui ont ouvert leurs portes.

Après le sinistre, “il a fallu qu’on s’attaque rapidement à réorganiser la saison 2019-2020, avec de nouveaux lieux et aussi évidemment s’adapter à la disponibilité de ces lieux, à leur acoustique”, souligne Henri Chalet, directeur artistique et chef de choeur principal de la Maîtrise. Impensable pour lui “d’arrêter de chanter pendant cinq ans” – le délai fixé pour restaurer ce chef-d’oeuvre de l’architecture gothique – sans mettre en péril cette tradition quasi-millénaire.

Henri Chalet, directeur artistique et chef de choeur principal de la maîtrise de Notre-Dame, le 18 avril 2019, après l\'incendie de la cathédrale
Henri Chalet, directeur artistique et chef de choeur principal de la maîtrise de Notre-Dame, le 18 avril 2019, après l’incendie de la cathédrale (JACQUES DEMARTHON / AFP)

“La cathédrale au Moyen-Age a été un haut lieu de découverte sur le début de la polyphonie. Avant, on chantait à l’unisson, on a découvert qu’on pouvait chanter à plusieurs voix, on a inventé le rythme et la mesure, à l’école Notre-Dame – et donc il y a un réel patrimoine musical immatériel qui est défendu par la Maîtrise”. Il faut que “notre savoir-faire continue”, plaide le chef de choeur.

Malgré sa détermination, il s’avère pourtant ardu de remplir les travées d’églises moins célèbres que Notre-Dame, qui comptait un public régulier de fidèles mais aussi de touristes venus du monde entier pour visiter le monument.

“Maintenant, notre challenge c’est de faire venir le public, parce que les gens venaient aussi pour l’édifice. Il faut que la Maîtrise continue à rayonner et à faire vivre Notre-Dame en dehors des murs”, souligne Marthe Davost, chanteuse lyrique de 29 ans. 

Financièrement, la situation est “compliquée”, reconnaît le directeur artistique. Confronté à une forte diminution des recettes des concerts, le choeur est aussi privé de l’appui financier de la cathédrale. Il ne survit que grâce aux subventions publiques (de l’Etat, de la mairie de Paris et du diocèse) et au mécénat privé. “Il y a eu beaucoup de promesses de dons (…) mais la majorité vont à la restauration de l’édifice”, note le chef de choeur. “C’est important que les gens comprennent que cette cathédrale est vivante et que ce ne sont pas que des pierres”.

8L’incendie de Notre-Dame a enflammé l’édition

Dès le lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris, les lecteurs ont plébiscité les ouvrages qui lui étaient consacrés. Face à ce phénomène éditorial, les principaux éditeurs de format poche du chef-d’oeuvre de Victor Hugo ont lancé des réimpressions et reversé une partie ou la totalité des bénéfices tirés des ventes du livre à la Fondation du Patrimoine, chargée de récolter les fonds et de superviser la reconstruction du bâtiment.

Les classiques et les beaux livres :
– Moins de 24 heures après le sinistre, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (édité par Pocket et Le Livre de poche) s’est retrouvé en tête des ventes de livres et de nombreux libraires ont été rapidement en rupture de stock.
– Le beau livre, Notre-Dame de Paris – la grâce d’une cathédrale, coédité en 2012 par Place des victoires et La nuée bleue, s’est arraché dans les librairies. Malgré son prix (85 euros) le livre était épuisé dix jours après l’incendie et l’éditeur a dû procéder à une réimpression.
– Autre livre qui s’est arraché en librairie, Paris Notre-Dame (Éditions du Patrimoine, 2014), rédigé par le conservateur général du patrimoine Thierry Crépin.

Victor Hugo par Nadar, 1880
Victor Hugo par Nadar, 1880 (NADAR / AFP)

Parmi les nombreux livres sur Notre-Dame qui ont suivi l’incendie, on peut signaler :

– Paru le 4 mai, Notre-Dame de Paris : ô reine de douleur (édition des équateurs) de Sylvain Tesson est devenu l’un des best-sellers de l’été. Le livre était toujours dans le Top 50 des ventes de livres dans la catégorie essais dans le dernier baromètre GfK/Livres Hebdo du 27 septembre.
– Publié le 23 mai, Notre-Dame d’espérance (Presse de la Renaissance) par Mgr Patrick Chauvet, le recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a connu un gros succès. Ce livre était terminé bien avant le 15 avril mais a été augmenté d’un court chapitre sur l’incendie que Mgr Chauvet a rédigé le dimanche de Pâques 21 avril.
– Auteur des Piliers de la terre, l’écrivain britannique Ken Follet a fait paraître le 13 juin, Notre-Dame (Robert Laffont), un court texte inédit en hommage à la cathédrale.
– Notre-Dame de l’humanité (Grasset) de l’historien d’art Adrien Goetz
– Notre-Dame de Paris : cathédrale éternelle (EPA) de Claude Gauvard et Joël Laiter
Notre-Dame de Paris : neuf siècles d’histoire (Parigramme) de Dany Sandron et Andrew Tallon, ouvrage qui retrace visuellement les moments-clés de la construction de la cathédrale, puis les remaniements dont elle a fait l’objet, à travers des images de synthèse.
Sur l’incendie et le sauvetage de la cathédrale, Sébastien Spitzer a publié Dans les flammes de Notre-Dame (Albin Michel) récit avec de nombreux témoignages de pompiers et d’urgentistes. 
15 avril 2019. Visions d’artistes vient de sortir, les bénéfices des ventes seront reversés à la Fondation de France pour la reconstruction de l’édifice.

Notre-Dame par Hervé Di Rosa, l\'une des oeuvres de \"15 avril 2019. Visionsd\'artistes\" aux Editions Jannink
Notre-Dame par Hervé Di Rosa, l’une des oeuvres de “15 avril 2019. Visionsd’artistes” aux Editions Jannink (Hervé Di Rosa / Editions Jannink 2019)

9Les fidèles catholiques sont en manque de leur cathédrale

Notre-Dame  n’était plus une paroisse depuis 1995, et donc baptêmes, mariages et enterrements n’y étaient plus célébrés, sauf exceptions. Ils n’étaient donc pas très nombreux, les “fidèles” de Notre-Dame, qui accueillait davantage de pèlerins, de touristes ou de personnalités. Pour autant, la liturgie des offices, le cadre, l’histoire, ou tout simplement la proximité attiraient des pratiquants. Voilà ce qu’ils confient, six mois après l’incendie. 

– Michèle Chevalier, 70 ans, fidèle aux vêpres et à l’office du soir de Notre-Dame : “J’y assistais presque tous les jours depuis 10 ans (…) J’y trouvais de la sérénité et une petite famille. Il y avait les habitués du lundi, du mardi, du mercredi. Chacun avait sa place”. Michèle Chevalier était à la messe ce 15 avril quand l’alarme s’est déclenchée. “Après, je me suis retrouvée orpheline, c’était comme un deuil. Je ne savais plus quoi faire”, explique cette fidèle. “J’arrive à prier. Mais ce n’est pas pareil”. Michèle Chevalier attend maintenant sa restauration et sa réouverture: “j’ai déjà un certain âge. S’il le faut, on y ira en déambulateur !”, s’esclaffe-t-elle.

– Marceline Maricel, 62 ans : “C’est l’église où je me sentais bien, j’y  venais entre 10 à 15 fois dans le mois”.

Fidèles assistant à la messe, Notre-Dame de Paris, 26 juin 2018
Fidèles assistant à la messe, Notre-Dame de Paris, 26 juin 2018 (LUDOVIC MARIN / AFP)

– Renaud, 52 ans, greffier depuis 25 ans dans le quartier, un fidèle du midi :
“Je venais trois ou quatre fois par semaine, depuis au moins 10 ans”. Il aimait le “passé historique, religieux, culturel et spirituel” d’un édifice dans lequel “sont passés beaucoup de saints”. Il se rend désormais à l’église Saint-Séverin, à quelques centaines de mètres. “Ca n’a plus cette même dimension”, relève-t-il.

– Nadia Latouche, secrétaire de direction : “J’adorais l’office du soir, avec les chants grégoriens ! Ne plus pouvoir rentrer, la flèche qui n’est plus là… Il y a quand même un manque. On a un petit pincement au coeur”.

– Albertine Dieme, 48 ans : “J’y ai fait ma confirmation, je partageais toutes mes émotions avec Notre-Dame. J’aimais aussi le fait qu’il y avait toutes les nationalités”

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