Netflix, premier média de France

 

23% du trafic internet occupé par Netflix

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Le premier chiffre est issu d’un rapport très officiel : « L’état d’internet en France » publié chaque année par l’ARCEP. Ce rapport dresse le bilan de ce qui entre et qui sort des tuyaux d’internet. Et on y apprend que plus de la moitié du trafic entrant d’internet en 2019 (55% pour être précis) et qui transite via les FAI vers les internautes provient de quatre acteurs du marché : Netflix, Google, Akamai et Facebook. L’étude de l’ARCEP apporte même quelques précisions : 

  • le trafic internet se concentre sur un petit nombre d’acteurs dont la position se renforce au fil du temps, ces acteurs étant exclusivement américains.
  • Non seulement Netflix arrive en première position avec 23% du trafic internet à destination des 4 OCEN à fin 2019, mais cet écart se creuse avec les autres fournisseurs de contenus, Google pointe à 15% et Facebook à moins de 10%.

Une situation qui amène le patron de l’ARCEP, Sébastien Soriano, à écrire : « au-delà de l’obligation de non-discrimination imposée aux opérateurs, l’impact majeur des grands fournisseurs de contenus et de services sur les réseaux mérite l’attention. »

Et ce n’est pas fini : en effet, les chiffres communiqués par l’ARCEP s’arrêtent à fin 2019. Depuis le confinement a encore renforcé le poids des plateformes et en particulier de Netflix. On se souvient que Netflix a accepté de limiter de 25% la qualité de ses vidéos pour ne pas encombrer les réseaux durant la pandémie, comme l’ARCEP le confirme : « Suite à un dialogue proactif initié par le Gouvernement ou de leur propre initiative, les fournisseurs de contenu et d’applications ont également contribué à l’effort collectif. Les « grands » utilisateurs des réseaux, telles les les plateformes de streaming vidéo ou encore les plateformes de jeux en ligne, ont réduit la charge de leurs contenus en circulation en limitant la bande passante requise par leurs services, en diminuant la qualité de leurs vidéos ou encore en programmant les téléchargements et les mises à jour de leurs services en période de faible affluence. »

8,6 millions d’abonnés fin juin pour Netflix ?

Selon le site Comparitech, les recrutements de nouveaux abonnés ont explosé durant la pandémie si bien que les prévisions du site pour la France font état d’une hausse du nombre d’abonnés de près de 30% en 6 mois : alors que Netflix comptabilisait 6,7 millions d’abonnés fin 2019 (selon les déclarations de Reed Hastings, le CEO de Netflix), Comparitech estime que Netflix comptabilisera 8,62 millions d’abonnés fin juin 2020. En ajoutant 1,9 million de nouveaux abonnés en six mois, Netflix deviendrait le premier média audiovisuel par abonnement à fin juin 2020, devant Canal + qui a déclaré 7,8 millions d’abonnés individuels fin mars 2020 (pour 8,4 millions d’abonnés au total). 

Netflix, ennemi public audiovisuel N°1

La puissance de Netflix commence à peser sur les grands groupes médias français et à inquiéter certains dirigeants. Pour preuve, Alain Weil, le PDG de NextradioTV, justifie en partie les difficultés de ses chaînes par la présence des GAFAN en France. Dans un entretien accordé le 28 juin au JDD, il déclare : « On assiste à des bouleversements structurels considérables qui vont totalement changer les équilibres. Tout change à vitesse grand V, notamment sous la poussée de Netflix, qui sort renforcé de la crise, l’envol d’Amazon Prime Video et l’arrivée de Disney. La télévision est à la veille d’entrer dans la spirale qu’a connue la presse il y a vingt ans. »

Beaucoup de professionnels espèrent que les pouvoirs publics arriveront à contraindre Netflix & co à s’impliquer durablement dans le modèle audiovisuel français, en respectant l’ensemble des obligations qui découleront de la transposition de la directive SMA. Ce qui pousse d’autres acteurs du marché à se structurer pour pouvoir répondre aux défis de la SVOD, comme Mediawan par exemple qui poursuit ses emplettes (Lagardère Studios) et son expansion européenne tout en misant sur les streamers pour accélérer sa croissance comme l’explique Xavier Niel dans les colonnes du JDD du 28 juin : « Et il s’agit de contenus locaux dont ces plateformes américaines ont cruellement besoin. Soit par obligation légale, soit parce qu’elles ont besoin de vendre à nos parents ou à nos enfants des séries locales qui leur parlent. »

En riposte à la prise de contrôle du marché audiovisuel payant par les géants américains de la SVOD, le gouvernement prépare une batterie de munitions destinées à les affaiblir : loi, décrets, ordonnances ! Avec l’espoir de les voir consacrer jusqu’à 25% de leur chiffre d’affaires à la création. Plus que jamais Netflix est l’ennemi public audiovisuel N°1, responsable de tous les maux d’un secteur en panne d’innovation depuis 15 ans. L’été promet d’être chaud !

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