« N’abandonnez pas maintenant ! » : les Sri Lankais s’emparent d’un nouveau symbole du pouvoir – Le Monde

A Colombo, la capitale économique du Sri Lanka, des manifestants investissent, le 13 juillet 2022, le périmètre où sont situés les bureaux du premier ministre, Ranil Wickremesinga.

Le visage fatigué mais le sourire aux lèvres, les manifestants déambulent sur la pelouse des bureaux du premier ministre du Sri Lanka, Ranil Wickremesinga. Victorieux, ils prennent possession des lieux. Les militaires armés, qui leur faisaient violemment face quelques heures auparavant, observent la scène, médusés.

Les Sri Lankais semblent ne plus rien vouloir lâcher. En dépit des gaz lacrymogènes, des canaux à eau et des charges de la police, ils sont parvenus à envahir, mercredi 13 juillet, un nouveau symbole du pouvoir à Colombo, la capitale du pays. Après avoir pris d’assaut, le samedi précédent, le palais et le bureau du président de la République, Gotabaya Rajapaksa, puis la résidence officielle du chef du gouvernement, ils se sont donc invités dans les bureaux de Ranil Wickremesinga, le premier ministre.

Dans une petite salle, située à l’arrière du bâtiment, une trentaine de personnes s’entassent pour regarder les dernières informations sur l’écran plat du chef du gouvernement, suspendu dans un coin de la pièce. Certains sont confortablement installés dans les moelleux canapés blancs ou sur de jolies chaises en bois, recouvertes d’un doux velours bleu. D’autres, se sont simplement assis en tailleur, à même le parquet.

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Lorsque le visage de Ranil Wickremesinga apparaît à la télévision, les manifestants le huent immédiatement. Le majeur tendu à la verticale, en direction de l’écran. Puis le silence se fait, chacun écoutant religieusement sa déclaration. Les paroles du dirigeant résonnent en cinghalais. « Nous ne pouvons pas permettre aux fascistes de prendre le pouvoir, lance-t-il. Les groupes qui sont venus dans le bureau du premier ministre n’ont aucune raison d’y être, ils sèment le trouble. »

Pourtant, entre ces murs, on s’attelle à remballer les objets de valeur et à décrocher des photographies historiques en noir et blanc. « Ils font un inventaire et vont ensuite consigner le tout afin de protéger ces objets de la foule. Dès demain, de nombreuses personnes vont vouloir venir visiter les bureaux », commente Tharindu, un homme d’une trentaine d’années.

Le président « Terminator » a fui

Des curieux ayant appris la prise de l’édifice par les réseaux sociaux ou les médias commencent déjà à affluer. Beaucoup arrivent à pied, en raison des sévères pénuries de carburant que subit l’île. En l’espace de quelques heures, une longue file d’attente s’est déjà formée pour entrer et visiter la bâtisse de l’époque coloniale.

Mercredi, les citoyens avaient attendu en vain la démission du président, Gotabaya Rajapaksa. Ce dernier avait promis, samedi, de quitter le pouvoir le 13 juillet. Mais le pays s’est réveillé avec la nouvelle de sa fuite. « Terminator », comme on le surnomme ici, avait décollé de l’aéroport international Bandaranaïke de Colombo, tôt le matin, à bord d’un avion de l’armée de l’air.

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