Municipales : le nouveau dilemme de l’exécutif – Le Monde

Edouard Philippe, Olivier Véran et le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, à l’Assemblée nationale, le 19 mai à Paris.

Edouard Philippe, Olivier Véran et le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, à l’Assemblée nationale, le 19 mai à Paris. CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP

Bis repetita. Deux mois après le premier tour des élections municipales, maintenu le 15 mars par un Emmanuel Macron hésitant, l’exécutif se trouve confronté au même dilemme au moment de fixer la date du second tour, initialement prévu le 22 mars mais reporté pour cause de confinement du pays. Doit-il passer outre le risque sanitaire toujours présent et programmer le scrutin à la fin du mois de juin, comme l’y invitent de nombreux élus locaux, notamment dans les grandes villes ? Ou jouer la prudence et renvoyer l’élection à plus tard, au risque d’un casse-tête politique mais aussi juridique, puisqu’il faudrait annuler les résultats du premier tour dans les 4 922 communes qui n’ont pas élu de maire ce jour-là ?

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Selon la loi d’urgence sanitaire adoptée le 23 mars, le gouvernement a jusqu’au 27 mai pour fixer la date du scrutin. Une première indication sera donnée samedi 23 mai, à l’occasion de la remise d’un rapport sur le sujet au Parlement. En attendant, c’est le grand flou. La question a occupé, mardi 19 mai, une partie du petit-déjeuner de la majorité. Selon plusieurs participants, le débat a été intense entre les tenants d’un scrutin en juin et ceux d’un report à l’automne voire au-delà, en fusionnant les scrutins régionaux, départementaux et municipaux au printemps 2021. « Il y a eu une discussion », euphémise un cadre de La République en marche (LRM).

Action coordonnée

Sur France 2, mardi matin, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, s’est en tout cas interrogé tout haut sur l’opportunité de convoquer rapidement les électeurs. « Est-ce qu’il est raisonnable d’envisager fin juin des élections, alors même que les campagnes [électorales] ne peuvent pas se dérouler ?, a-t-il demandé. La démocratie, ce n’est pas que le vote. La démocratie, c’est les campagnes qui permettent des débats, des confrontations, qui permettent d’expliquer ce que l’on veut faire ou ne pas faire dans une commune. » « J’incite à beaucoup de prudence quant à une décision hâtive qui précipiterait le second tour », abondait dans un communiqué publié quelques heures plus tard le président du groupe LRM au Sénat, François Patriat, donnant le sentiment d’une action coordonnée.

Lors du précédent petit-déjeuner de la majorité, la semaine dernière, le premier ministre, Edouard Philippe, avait au contraire trouvé incohérent de ne pas pouvoir voter si le déconfinement devait suivre son cours comme prévu à partir du 2 juin. Une préférence que Matignon refuse de confirmer pour l’heure. « On ne reporte pas une élection de gaieté de cœur mais on ne joue pas avec la santé des Français », lâche simplement un proche de M. Philippe. L’ancien maire du Havre, qui tente d’obtenir un nouveau mandat dans la cité portuaire, est, il est vrai, en ballottage pour le second tour face à un candidat communiste. Sur France 2, Richard Ferrand a mis en garde ceux qui « sont tentés d’aller vite ». « Je les comprends, a-t-il souligné. Ce sont essentiellement les sortants qui se disent : moins d’autres feront campagne, mieux je me porterai. Mais le risque est alors qu’il y ait une abstention extrêmement élevée. »

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