Municipales. Jean-Luc Moudenc appelle à « faire barrage aux gilets rouges » à Toulouse – actu.fr

Jean-Luc Moudenc, le maire sortant de Toulouse, met en garde les électeurs face au risque, à ses yeux, de confier les clés du Capitole « à l'extrême-gauche »
Jean-Luc Moudenc, le maire sortant de Toulouse, met en garde les électeurs face au risque, à ses yeux, de confier les clés du Capitole « à l’extrême-gauche » (©G.L. / Actu Toulouse)

Au lendemain de la fusion des forces de la gauche à Toulouse, le maire sortant et candidat à sa réélection, dimanche 28 juin 2020, Jean-Luc Moudenc a décidé de lancer un appel aux Toulousains, mercredi 3 juin 2020.

Lire aussi : Municipales à Toulouse. Voici la liste d’union de la gauche pilotée par Antoine Maurice pour le second tour

Dénonçant la forte présence d’éléments « d’extrême gauche » aux côtés de son adversaire Antoine Maurice (Archipel Citoyen, soutenu par EELV et LFI), Jean-Luc Moudenc (soutenu par LR et LREM) a estimé que « la formidable réussite économique de Toulouse est menacée » par une force politique « noyautée par l’extrême gauche », qu’il a qualifiée de « force obscure » à l’occasion d’une conférence de presse, mercredi 3 juin 2020. Interview. 

« En cas de victoire des Archipéliens,  les Ultras feraient la loi »

Actu Toulouse : la liste d’Archipel Citoyen et une partie des anciens colistiers de Nadia Pellefigue ont fusionné leurs forces, mardi 2 juin 2020. Quel regard portez-vous sur cet accord que la gauche qualifie d’ »historique » ?

Jean-Luc Moudenc : « Sur le plan politique, il est historique effectivement, parce qu’il signe l’abaissement dans des proportions inédites d’une grande famille politique longtemps puissante : la famille socialiste. Et, d’une façon symbolique, il acte aussi la marginalisation du Parti radical gauche (PRG), au regard de la place réservée fort loin sur la liste à un unique représentant, Pierre-Nicolas Bapt, dans une ville où le radicalisme de gauche a pourtant une longue histoire. C’est toute une tradition humaniste qui s’effondre dans la douleur depuis hier.

En cas de victoire des « Archipéliens », ce sont les Insoumis, les « Ultras » qui feraient la loi, puisqu’ils ont la majorité absolue au sein de cette liste. Ils accéderaient donc aux commandes des principales responsabilités. 

Chacun a également compris à travers la pièce de théâtre jouée depuis 10 jours, qu’ils entendaient fermement contrôler la présidence de la métropole avec l’un des leurs. Nadia Pellefigue, qui s’est retirée, l’a compris la semaine dernière. Claude Raynal, qui caressait depuis longtemps le rêve de piloter la métropole, vient de le comprendre à son tour ». 

« Archipel Citoyen perd sa virginité : son label citoyen ! »

Vous vous attendiez à ce qu’Archipel Citoyen accorde une meilleure représentation à ses partenaires  ?

J.-L.M. : « La liste est conforme à ce que je voyais venir depuis longtemps. 

Ce que je n’attendais pas en revanche, et qui est acté depuis hier après-midi, est qu’Archipel Citoyen perde sa virginité, son originalité c’est-à-dire son label citoyen. La société civile réelle, indépendante, a disparu. Tout le monde a compris qu’Archipel est désormais une alliance d’apparatchiks et d’idéologues, les appareils politiques ayant repris la main !

Les derniers à le dire sont d’ailleurs les colistiers issus de la société civile de Nadia Pellefigue. Ils ont refusé de se soumettre à la loi des partis, puisqu’ils ne se retrouvent pas dans le patchwork final, après cette dizaine de jours de pression, de marchandage, de tractations.

Dans une même logique, je pense que les Toulousains ne se laisseront pas berner. Ils ne suivront pas dans les urnes une consigne ordonnée par les partis tandis qu’ils ont compris que le scénario était écrit à l’avance par des éléments d’extrême gauche qui étaient et qui restent soigneusement dissimulés derrière la devanture verte et forcement sympathique d’une tête de liste qui n’aura aucune autorité en cas de victoire »

« Nous sommes pour l’écologie pragmatique »

Archipel Citoyen réalise un score important au premier tour. Jugez-vous que la tambouille politique suffise à freiner cette dynamique ?

J.-L.M. : « C’est un bon score, mais il est avant tout conforme à ce que nous observons dans les autres grandes villes.

Nous sommes devant une dynamique sociologique urbaine, plus que face à une spécificité toulousaine. Elle s’explique par la place qu’ont pris dans les consciences, le réchauffement climatique et ses dégâts.

Beaucoup de Toulousains inquiets pour leur avenir, soucieux de celui de leurs enfants, ont voulu exprimer un vote de secours au premier tour. Ils ont choisi un bulletin d’alerte pour signifier à tout le monde que nous devrions faire des choix beaucoup plus audacieux ».

Que répondez-vous à ces électeurs ?

J.-L.M. : « Je les comprends d’autant plus que moi même, avec mon équipe, j’ai accompli depuis six ans un travail considérable sur ce sujet. Il a permis à Toulouse de réussir un bond écologique bien supérieur, paradoxalement, à la période où M. Maurice était aux responsabilités entre 2008 et 2014 comme adjoint de M. Cohen. Que ce soit sur les transports en commun, la place de l’arbre et de la nature en ville, les circuits courts et l’accès aux producteurs locaux dans les marchés toulousains, l’énergie verte, on a accompli davantage que n’importe quelle municipalité avant nous. Je suis prêt à le démontrer face à mon adversaire et prouver son incurie sur tous ces sujets. Pour autant, je juge qu’il faut aller plus loin et c’est ce que nous disons depuis le début de la campagne.

Notre projet propose des progrès considérables pour notre environnement, mais selon une philosophie différente d’Archipel : nous sommes pour l’écologie pragmatique, l’écologie des solutions concrètes et pas de l’idéologie.  Nous ne pensons pas que le vert doit être mâtiné de rouge. Comme une très large majorité de Toulousains, je pense que l’écologie est une cause si fondamentale – car met en jeu la vie – qu’elle n’appartient à aucun parti.

Ce second tour, va démasquer notre concurrent sur cette thématique, comme sur d’autres d’ailleurs, à l’heure où la crise sanitaire dépassée, une crise économique et sociale débute et reste, malheureusement, devant nous ». 

Trois priorités : l’emploi, la santé, la sécurité

Justement, la crise va-t-elle réorienter votre projet ?

J.-L.M. : « Notre projet tel que présenté avant le 15 mars reste valide. Mais il doit être réorienté sur des priorités. Elles doivent mobiliser nos efforts durant le prochain mandat quitte à décaler d’autres réalisations. Ces trois priorités sont l’emploi, la santé et la sécurité ». 

Trois thématiques plutôt régaliennes. Comment un maire ou président de la métropole peut-il participer à sauver les emplois de l’aéronautique, par exemple ?

J.-L.M. : « En commençant par affirmer que l’aéronautique à un avenir, en participant aux plans de relance réfléchis et actionnés par les pouvoirs publics, et en plaidant aussi, tout simplement, la cause. Quand on est le maire de la 4e ville de France, on est écouté, entendu, on pèse. J’ai déjà plaidé, il y a plus d’un mois et le gouvernement a bien avancé sur la construction d’un plan de soutien. Lorsqu’il y aura des plans plus prospectifs encore, il faudra monter au créneau. Je le ferai ! Parce qu’il y a 60 000 emplois en jeu. Si le maire de Toulouse n’y croit pas, il ne se battra pas. Moi je me battrai. À l’inverse de mon concurrent, entouré d’opposants à la vocation aéronautique de Toulouse ».

Face à la défiance aussi ancienne que tenace de l’extrême gauche d’Archipel Citoyen, je soutiens sans équivoque ni débat toute la filière aéronautique. A ses 60 000 emplois, je dis : je me battrai pour vous !
Les extrêmes gauches d’Archipel n’aiment pas l’initiative privée. Ce mouvement est constitué d’opposants à la vocation aéronautique de Toulouse. 

Sur le plan de la santé et après la crise sanitaire que nous venons de vivre, quelles actions comptez-vous engager ?

J.-L.M. : « La crise a montré les limites de l’organisation de notre pays en matière de santé. Elle a révélé que l’État était parfois à la peine et a fait surgir de manière inattendue, un acteur nouveau en matière de santé : le maire ! Tous ont pris des initiatives ponctuelles. On aurait tort d’en rester là. Une loi de décentralisation est très prochainement annoncée. Il faut écrire très vite un volet là-dessus. J’avais présenté début mars, dans une indifférence générale, des propositions en matière de santé. Leur pertinence se trouve renforcée. Notre idée phare : doter tous les quartiers de maisons de santé avec des praticiens de disciplines différentes, dans une période ou une grosse partie des médecins généralistes toulousains atteint un âge qui va les mettre à la retraite.

Je crois aussi que l’hôpital public doit être doté de moyens nouveaux et se moderniser pour être plus efficace. Je rappelle que le maire est président du conseil de surveillance du CHU. Il a donc un rôle à jouer. À ce titre, je pense qu’il faut fédérer davantage le secteur public et les cliniques privées. L’hôpital et les cliniques se sont unis pendant la crise et ont constitué un réseau remarquable. On doit prolonger cette fédération.

Enfin, il faut nous améliorer en matière de prévention et éducation à la santé. La France a un système curatif élaboré mais n’a pas dans sa culture, ces notions-là ».

« J’appelle à faire barrage aux extrémistes » 

En cette période de crise, pourquoi érigez-vous la sécurité, compétence concernant d’ailleurs prioritairement l’État, au rang de priorité ?

J.-L.M. : « Qui sont les victimes de la délinquance, majoritairement ? Les plus démunis, les plus faibles. Alors que nous allons vivre une crise sociale, si on relâche l’effort en matière de sécurité, les plus faibles subiront une double peine

En matière de sécurité, nous avons mis des moyens comme aucune autre municipalité. Et ces choix n’ont eu de cesse d’être combattus par M. Maurice pendant que les Mélenchonistes n’ont eu de cesse de critiquer, d’insulter les forces de l’ordre. Maintenant que M. Maurice sert de paravent à la France Insoumise, je suis effrayé à l’idée de savoir que les Insoumis, les Mélenchonistes puissent avoir la responsabilité de la sécurité de la ville ! 

Plus que jamais, Toulouse a besoin d’un maire protecteur. Un maire protecteur pour l’emploi, la santé et la sécurité.

J’appelle à faire barrage aux extrémistes rassemblés dans la liste d’Archipel, à ces gilets rouges qui ont infiltré et débordé le mouvement des gilets jaunes, qui légitiment la violence contre la police, qui se moquent du sort du petit commerce toulousain, qui vont jusqu’à piétiner le droit de circuler et de flâner en ville le samedi, qui veulent sabrer la réussite toulousaine. 

Ils sont bien représentés, en la personne d’Odile Maurin, récemment condamnée pour violences volontaires sur des policiers, et qui est positionnée en 8e place de la liste, donc appelée à des responsabilités importantes en cas de victoire. Ne les laissons pas prendre les commandes du Capitole ! »

La crise condamne-t-elle la troisième ligne de métro ?

J.-L.M. : « Renoncer à la troisième ligne de métro, c’est ce qu’Antoine Maurice a en tête, même s’il se garde bien de le dire, car une grande majorité de Toulousains l’attend aussi sur ce projet. Pour ma part, je n’y renoncerai pas. Je rattache d’ailleurs ce projet à l’une de nos grandes priorités : l’emploi ! Cette troisième ligne, ce sont d’abord des milliers d’emplois pendant des années, des corps de métiers différents impliqués. Parce que c’est un grand chantier, un investissement de 2,7 milliards d’euros. J’ajoute que c’est le plus grand projet écolo de France !

Avec moi les Toulousains auront la troisième ligne de métro, avec Antoine Maurice non !

Le raisonnement est tout aussi valable pour la Ligne à grande vitesse (LGV) que nous défendons et pour lequel nous sommes très investis avec la présidente PS de la région Occitanie Carole Delga et le président PS du Conseil départemental de la Haute-Garonne Georges Méric. Ce n’est en revanche pas la priorité d’Archipel Citoyen, M. Maurice rabâchant qu’il faut se contenter de réaménager la ligne existante ».  

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