Municipales : cinq minutes pour comprendre pourquoi la gauche n’a pas (encore) gagné Marseille – Le Parisien

Marseille se réveille au lendemain du second tour des élections municipales… sans savoir qui sera sa nouvelle maire. Après un quart de siècle de gouvernance de Jean-Claude Gaudin à Marseille, la droite n’a pas encore dit son dernier mot.

La candidate de l’union de la gauche, Michèle Rubirola, a beau être arrivée largement en tête devant Martine Vassal (Les Républicains), cela ne signifie pas automatiquement qu’elle sera la prochaine maire de Marseille.

Comme à Lyon et à Paris, le scrutin s’y déroule par arrondissements. Et tout va se jouer en fin de semaine, vraisemblablement vendredi ou samedi, lors de la première réunion du nouveau conseil municipal. Explications.

Une victoire populaire…

Sur le papier, la victoire est sans appel. Avec environ 38 % des voix contre 30 % pour son adversaire des Républicains, Michèle Rubirola remporte largement le vote « populaire » à Marseille. « La droite n’est plus en mesure de gouverner », a lâché la candidate dans sa prise de parole depuis son QG de campagne, peu avant une heure du matin.

« Les Marseillais, dans leur plus grande majorité, ont voulu se débarrasser de la droite et d’un système qui a abîmé la ville, c’est flagrant », renchérit ce lundi matin auprès du Parisien l’écologiste Sébastien Barles, rallié à Michèle Rubirola pendant l’entre-deux tours et présent à ses côtés dimanche soir.

En face, Martine Vassal fait grise mine. D’autant que la candidate LR est elle-même battue dans son propre secteur, celui des 8e et 9e arrondissements. « Ayant perdu dans son fief, comment peut-elle prétendre être maire de Marseille ? », fait mine de s’interroger Sébastien Barles.

…mais une majorité relative au Conseil de la ville

Nouvelle maire de Marseille, Michèle Rubirola, donc ? Non. En tout cas, pas pour l’instant, et il faudra attendre vendredi au plus tôt pour le savoir.

Comme à Paris et à Lyon, s’ouvre désormais à Marseille ce qu’on appelle le « troisième tour ». Il ne concerne plus les habitants, mais seulement les conseillers municipaux. Car ce sont eux, au nombre de 101 dans la cité phocéenne, qui sont chargés d’élire, en leur sein, le prochain maire. C’est un peu le même principe que celui des grands électeurs, en vigueur lors des élections sénatoriales ou de la présidentielle américaine, par exemple.

Or, avec les quatre secteurs sur huit qu’elle a remportés, la gauche n’envoie « que » 42 élus au conseil municipal de Marseille. Soit neuf de moins que la majorité absolue. En face, les Républicains en délégueront 39. Le reste sera dispatché entre les huit élus de la sénatrice Samia Galhi, les neuf du Rassemblement national, et les trois du candidat LR dissident Bruno Gilles. En résumé, « le scrutin ne nous livre pas de verdict clair », a convenu Michèle Rubirola dimanche soir.

Le jeu des alliances

Pour aboutir à la majorité absolue, la gauche doit rassembler derrière elle, a minima, les élus de Samia Ghali et un divers droite. Sur le papier, une alliance avec la sénatrice ex-socialiste semble naturelle. Mais les discussions, censées débuter ce lundi, s’annoncent accrochées. « Ce soir, Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers Nord », a mis en garde Samia Ghali, sans s’exprimer davantage sur ses intentions.

« Elle a toujours déploré la maltraitance de la droite. Elle doit s’inscrire avec nous en trouvant des accords, par exemple sur les quartiers populaires », estime Sébastien Barles.

« Femme de gauche » comme elle se qualifie elle-même, Samia Ghali pourrait néanmoins succomber aux approches de la droite « qui lui promet monts et merveilles en vue des sénatoriales », selon La Provence. « Je n’ai pas perdu, ce soir il n’y a pas de majorité à Marseille », mais une « situation de blocage », a lâché de son côté Martine Vassal dimanche soir.

Quelle suite à l’affaire des procurations ?

Voilà pour la tambouille politique. Par ailleurs, planent toujours au-dessus du scrutin à Marseille les soupçons de procurations frauduleuses. Avant le premier tour, des pensionnaires d’un Ehpad auraient signé des procurations frauduleuses à leur insu, tandis que des candidates LR auraient proposé à des électeurs d’en remplir sans passer par un officier de police ou de gendarmerie assermenté. La justice a déjà lancé une enquête.

En parallèle de cette procédure pénale, des candidats pourraient aussi déposer des recours administratifs afin de faire invalider l’élection dans leur secteur. « On est en train d’étudier la question, c’est l’une des possibilités », nous glisse ce lundi l’entourage de Yannick Ohanessian, le candidat du « Printemps marseillais » dans les 11e et 12e arrondissements, dépassé de seulement 350 voix par son adversaire LR Julien Ravier. Dans ce 6e secteur, dix des treize élus qui siégeront au conseil municipal représentent la droite.

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