Municipales à Paris : «Je ne suis pas votre élève», Koh-Lanta et Monopoly… les moments clés du 2e débat – Le Parisien

C’était leur second grand débat télévisé, et il s’annonçait capital à cinq jours du premier tour des élections municipales. Les sept principaux candidats à la mairie de Paris étaient réunis ce mardi soir sur le plateau de France 3 et de France Info. Pendant un peu plus de deux heures et demie, ils ont débattu de très nombreux sujets, allant de la sécurité au logement en passant par la propreté et les transports, six jours après s’être prêtés au même exercice sur LCI.

Aucune proposition nouvelle n’a réellement émergé mais plusieurs invectives ont eu lieu sur certains sujets avec des candidats qui se coupaient la parole.

Pour celles et ceux qui auront raté ce deuxième débat ou qui en veulent un récapitulatif, nous avons recensé ci-dessous six moments forts à retenir. À noter que les candidats qualifiés pour le second tour se retrouveront pour un dernier affrontement télévisé mercredi prochain, cette fois sur BFMTV.

Dati à Hidalgo : « Je ne suis pas votre élève »

Une fois de plus, c’est la question du logement qui a opposé rapidement Rachida Dati (LR) à la maire sortante. Accusée régulièrement par ses rivaux de faire fuir les classes moyennes de Paris, Anne Hidalgo a interpellé la candidate LR. « Je voudrais demander à Mme Dati si elle sait quel est le revenu moyen d’un ménage avec deux enfants habitant dans le parc social à Paris ». « Cela va de 20 000 à 97 000… » « Le revenu moyen par mois? », insiste Hidalgo. « Il est au-dessus de la moyenne nationale », répond Dati avant d’être interrompue par la maire sortante. « Je vous donne le chiffre puisque vous ne le connaissez pas… ». Agacée, la candidate LR emprunte une réplique célèbre de François Mitterrand lors d’un débat face à Valéry Giscard d’Estaing en 1981 : « Je ne suis pas votre élève ».

« Le revenu moyen est de 3 000 €, pour un couple avec deux enfants », finit par lancer Anne Hidalgo assurant que le parc social est « essentiellement destiné aux classes moyennes ». « C’est faux ! », conclut Dati.

Buzyn : « Franchement Mme Hidalgo, vos vélos… »

Les sept candidats se sont également affrontés sur la question – sensible – de la circulation dans Paris. Agnès Buzyn a souhaité « remettre de l’ordre dans les rues de Paris », « anecdote » personnelle vécue le jour même à un carrefour parisien à l’appui. « J’étais à un croisement, et j’ai vu l’archétype de ce qu’on vit à Paris : deux camions poubelles, l’un privé et l’autre municipal, un camion de livraison qui n’arrivait pas à passer, des vélos tombés sur la chaussée avec des trottinettes, […] et un vélo percuté par un taxi », a-t-elle raconté, avant d’asséner : « Franchement Madame Hidalgo, vos vélos en même temps que les livraisons, que les camions-bennes… »

Cédric Villani a lui aussi dénoncé le « bazar dans les rues de Paris » et il en a profité pour rappeler sa volonté d’utiliser l’intelligence artificielle afin de fluidifier la circulation dans Paris.

Rachida Dati a plusieurs fois asséné qu’il y avait « moins de voitures, plus d’embouteillages » à Paris, ce que les chiffres démontrent effectivement.

Dati sur les alliances : « On n’est pas à Koh-Lanta »

Le sujet des alliances d’entre deux tours a, à plusieurs reprises, fait monter la température en plateau. Agnès Buzyn, qui avait notamment indiqué être ouverte à des alliances au cas par cas dans certains arrondissements, a notamment été interrogée sur un possible accord plus global avec Rachida Dati. Celle-ci, visiblement agacée, lui a rétorqué : « On n’est pas à Koh-Lanta et à qui vous donnez le collier d’immunité! ». « C’est un déni de démocratie », a poursuivi la candidate des Républicains, reprochant à son adversaire d’avoir « un poste de secours au cas où ».

« S’il y a des alliances au deuxième tour, ce serait sur la base d’un projet », s’est défendue l’ancienne ministre de la Santé, précisant notamment avoir des points « d’accord » sur « l’écologie avec Cédric Villani et David Belliard ». « Je ne suis pas entré en politique pour ce genre de chamailles », s’est lamenté Cédric Villani alors que le ton montait.

Le Monopoly de Simonnet

Chacun des sept candidats devait dire de quelle ville il comptait s’inspirer. Rachida Dati et Serge Federbusch ont cité New York, en raison de la politique de l’ancien maire républicain Rudolph Giuliani en matière de lutte contre l’insécurité. Plus classiques, Cédric Villani et Anne Hidalgo ont choisi Paris, la « Ville lumière ». Danielle Simonnet a dit s’inspirer de Berlin et du gel des loyers… avant de sortir un plateau de Monopoly. « Paris est en train de devenir un jeu de Monopoly, où les lobbies, les promoteurs, prennent notre ville comme un terrain de jeu », a-t-elle justifié.

Quant à l’écologiste David Belliard, son choix de San Francisco a été moqué par des internautes militant pour LREM qui ont évoqué les loyers très élevés dans la ville californienne.

Buzyn a changé d’avis sur les rythmes scolaires

Concernant la question – très politique – des rythmes scolaires, Agnès Buzyn est la seule à avoir indiqué vouloir revenir à la semaine de quatre jours d’école, et ce « dès la prochaine rentrée ». La candidate LREM a reconnu avoir été « initialement pour la semaine de quatre jours et demi ». Elle dit avoir changé d’avis car « sur le terrain, nous ne trouvons pas les animateurs suffisamment qualifiés » pour assurer les activités périscolaires les après-midis. Le retour à la semaine à quatre jours « ne change rien pour les parents, et permet d’avoir des animateurs de qualité et une meilleure organisation », a-t-elle estimé, chiffrant le coût de ce changement de rythmes à « entre 10 et 15 millions d’euros ».

Rachida Dati souhaite rester aux quatre jours et demi d’école mais en se montrant « exigeante » sur la qualité des activités proposées aux écoliers parisiens.

Belliard critique le meeting de Dati en plein coronavirus

Actualité oblige, les candidats avaient commencé leurs échanges en abordant la crise sanitaire du coronavirus, alors que 33 personnes contaminées par le Covid-19 sont déjà décédées en France. Cédric Villani a appelé à « se serrer les coudes » (au sens figuré mais aussi au sens propre pour se saluer) et à suivre et relayer les mesures mises en place par le gouvernement.

Mais Rachida Dati n’a pas apprécié que David Belliard l’accuse d’avoir maintenu son meeting salle Gaveau, lundi soir, alors que les rassemblements de plus de 1 000 personnes étaient désormais interdits. « Ce n’est pas la première fois que David Belliard fait des attaques très personnelles », s’est insurgée la candidate LR, dénonçant des « petites attaques » qui n’ont « aucun sens ». Rachida Dati a rappelé n’avoir finalement accueilli qu’un peu plus de 900 militants (et en présence de Nicolas Sarkozy), « dans le respect des préconisations et des recommandations, sans aucune difficulté ».

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