Mouvement social SNCF : «Faites vos grèves en dehors des vacances scolaires !» – Le Parisien
Ambiance assez tendue ce samedi matin à Austerlitz. Dans cette gare qui dessert le sud-ouest, de nombreux trains Intercités ont été supprimés, faute de conducteur. Seuls deux trains sont au départ, pour Brive-la-Gaillarde (Corrèze). Celui de 10h38 accuse déjà 55 minutes de retard.
Sur le quai, c’est la cohue : les voyageurs disposant d’un billet pour ce train sont mélangés avec les autres voyageurs dont le train a été annulé et qui tentent, malgré tout, de voyager. Quatre agents de la sécurité ferroviaire ont été déployés pour tenter de canaliser la foule. Certains tentent même de se frayer un chemin en passant par les voies…
Delphine a eu de la chance : sa fille de 12 ans a pu trouver une place, malgré des messages contradictoires envoyés par la SNCF. La collégienne a été prise en charge par les agents. « Je suis rassurée qu’elle soit dans le train », souffle-t-elle, en disant craindre que « les personnes disposant d’un billet se fassent lyncher ».
« Les agents auraient dû faire un filtrage en amont »
La fille de Magali a aussi pu trouver une place dans un train… dans le sas entre deux wagons. « Les agents auraient dû faire un filtrage en amont, et non pas filtrer au niveau du quai ! Il fallait mieux organiser les flux », regrette cette quadragénaire.
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Piotr, 41 ans, est furieux : venu à Paris pour fêter l’anniversaire de sa fille, hier, il ne peut pas repartir chez lui à bourges. Son train de 7 heures a été annulé. « J’en ai marre d’être pris en otage à chaque fois que les cheminots sont en désaccord avec leur direction, peste ce peintre en bâtiment. Faites vos grèves en dehors des vacances scolaires ! »
Gare de Lyon, Sandra est essoufflée. Elle devait quitter Paris avec son mari et sa fille de quatre ans pour passer le week-end à Sète (Hérault), c’était sans compter un mouvement social imprévu à la SNCF : son train de 8h21 a été annulé. La quadragénaire a bien été prévenue la veille par mail, même elle a tout de même décidé de se déplacer jusqu’à la gare de Lyon pour essayer de trouver une solution de repli.
Elle se dirige naturellement vers un des « Gilets rouges », un agent de la SNCF déployé pour aiguiller les voyageurs déboussolés pendant la crise. Comme elle, une dizaine de personnes se presse pour poser des questions au personnel.
« Je voudrais modifier le billet de mon mari et de ma fille », demande Sandra. « C’est impossible, les réservations ont été fermées. Ce que je vous conseille, c’est qu’ils prennent le prochain train, à 11h07, et qu’ils essaient de trouver une place », propose l’agente de la SNCF. Qui explique, un peu pressée, que si sa famille n’arrive pas à monter dans le train, ils peuvent retenter le lendemain en venant le plus tôt possible.
« Heureusement que je me suis déplacée » souffle Sandra, un peu sidérée de l’impréparation et dépitée de voir son week-end annulé. « Ce sont des informations que l’on n’arrive pas à avoir en ligne », poursuit-elle. Les panneaux d’affichage mentionnent que certains TGV et inOui en partance pour Nice (Alpes-Maritimes) ou pour Lyon (Rhône) ont été supprimés.
Pour Ouigo, « aucune solution de report »
Françoise, 68 ans, a appris en lisant le journal que tous les Ouigo étaient annulés. En gare, une annonce fait perdre tout espoir de se déplacer à ceux qui possèdent un billet Ouigo et qui souhaitent quand même prendre un train. « Pour ces voyageurs, aucune solution de report ne peut être proposée, un remboursement sera effectué automatiquement sous sept jours », crache une voix d’homme dans la gare.
Heureusement, Françoise avait pris un billet de TGV. « Mon train de 9h10 pour Toulon a été annulé, mais je devrais pouvoir prendre celui de 10h19 », explique la retraitée qui habite dans le sud de la France. Son fils Jean-Pierre, qui l’accompagne, insiste sur le conditionnel, tant la situation évolue de minute en minute. « On nous a dit que deux TGV vont être accolés pour faire partir plus de monde. Et après on nous parle de sécurité ? », s’inquiète-t-il.