Mosquée de Bayonne : la santé mentale du tireur au cœur de l’enquête – Le Parisien

Claude Sinké était-il sain d’esprit lorsqu’il s’en est pris à la mosquée de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et ses fidèles? Après 24 heures de garde à vue dans les locaux de la police judiciaire, l’octogénaire s’est longuement confié sur ses motivations : oui, il a bien tenté de brûler le lieu de culte, vers 15 heures lundi, en aspergeant d’essence la porte principale.

Mais, selon ce retraité décrit comme xénophobe et islamophobe par son entourage, il n’était pas question de tuer des musulmans. « Il a déclaré qu’ il voulait venger la destruction de Notre-Dame de Paris, affirmant que l’incendie de cet édifice a été provoqué par des membres de la communauté musulmane », a rapporté ce mardi soir le procureur de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Marc Mariée, lors d’une conférence de presse.

Une explication farfelue, aux relents complotistes : la piste accidentelle est privilégiée dans l’enquête sur l’incendie de la cathédrale parisienne. Devant les policiers, Claude Sinké a précisé qu’il avait pris soin de « repérer la mosquée de Bayonne à plusieurs reprises » pour être certain de passer à l’action quand celle-ci serait « très peu occupée ». L’exploitation des caméras de surveillance et les témoignages recueillis par les enquêteurs révèlent pourtant que le suspect a fait preuve d’un comportement ultra-violent.

Il a menacé les policiers avec son arme

Lorsqu’il est arrivé à la mosquée au volant de sa Ford Fiesta blanche, le retraité a d’abord pointé son revolver sur un premier témoin pour l’effrayer. Puis a tiré deux fois sur un fidèle de 74 ans assis sur une chaise, le touchant au thorax et au bras. Un second fidèle, âgé de 78 ans, a assisté à la scène depuis sa voiture et tenté de prendre la fuite. Le suspect l’a alors rattrapé puis ouvert le feu à travers la vitre, le blessant grièvement aux cervicales.

Plus inquiétant encore : Claude Sinké a ensuite versé un bidon d’essence sur le véhicule alors que la victime se trouvait encore à l’intérieur avant d’y mettre le feu. La Citroën C3 a été découverte intégralement carbonisée. Le fidèle a miraculeusement été sauvé des flammes par un témoin. Le pronostic vital des deux victimes n’était plus engagé ce mardi soir.

L’attitude belliqueuse de Claude Sinké s’est poursuivie jusqu’à son interpellation devant son domicile de Saint-Martin-de-Seignanx (Landes) : avant de se laisser interpeller, il a menacé les policiers avec son arme. Quatre grenades à plâtre, une grenade fumigène, un pistolet, un fusil de calibre 16 et de nombreuses munitions ont été saisies chez lui.

Présenté à un médecin psychiatre

Selon des sources proches de l’enquête, Claude Sinké a tenu des « propos décousus » lors de sa garde à vue, évoquant aussi ses problèmes de santé et dissertant sur les musulmans en général. C’est pourquoi il a été présenté à un médecin psychiatre ce mardi après-midi. Objectif : déterminer si son discernement était aboli au moment de l’attaque et s’il jouit de toutes ses facultés mentales. Et ainsi trancher entre le coup de folie et l’acte politique et islamophobe.

Le parquet national antiterroriste (PNAT) attendait encore les résultats dans la soirée avant de décider ou non de se saisir de l’enquête. Une décision très attendue par la communauté musulmane, désireuse d’un traitement judiciaire identique entre attentat islamiste et attentat d’ultra-droite.

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