Mort d’Idriss Déby : Le fils du président tchadien mort au combat prend les pleins pouvoirs – 20 Minutes

Mahamat Idriss Déby, le fils d’Idriss Déby, en mars 2013. — KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Il est le nouvel homme fort du Tchad. Après la mort du président Idriss Déby Itno, qui a dirigé pendant 30 ans son pays d’une main de fer, son fils Mahamat Idriss Déby a pris la tête d’une junte militaire et concentre tous les pouvoirs.

Idriss Déby est mort lundi, selon la présidence tchadienne, à l’âge de 68 ans, des suites de blessures subies au front contre des rebelles. Son fils, jeune général de corps d’armée de 37 ans, a dissous l’Assemblée nationale et le gouvernement. « Il occupe les fonctions de président de la République, de chef de l’État et de chef suprême des Armées », selon la charte de transition publiée mercredi.

Un conseil militaire de transition mis en place

« Il nomme et révoque les membres du gouvernement de transition » et désigne « les membres du Conseil national de transition », en charge de la fonction législative. Un Conseil militaire de transition (CMT) a été mis en place, composé de 15 généraux connus pour être dans le cercle des plus fidèles du défunt chef de l’État.

Ce CMT a juré que de nouvelles institutions verraient le jour après des élections « libres et démocratiques » dans un an et demi. Les rebelles, qui mènent depuis dix jours une offensive depuis la Libye contre le régime tchadien, ont promis de marcher sur N’Djamena et rejeté « catégoriquement » ce conseil militaire.

La position de la France scrutée

« Nous comptons poursuivre l’offensive », a assuré mardi Kingabé Ogouzeimi de Tapol, porte-parole du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). Les Etats-Unis ont appelé mercredi à une « transition pacifique et démocratique » vers un gouvernement civil au Tchad, sans aller jusqu’à condamner la prise du pouvoir par la junte militaire.

Avec la mort d’Idriss Déby Itno, les Occidentaux, Paris en tête, perdent leur plus solide allié contre les djihadistes dans une région sahélienne tourmentée, où l’ancienne colonie française faisait jusqu’ici figure d’îlot de relative stabilité​.

Depuis son arrivée au pouvoir par les armes en 1990, avec l’aide de Paris, Idriss Déby avait toujours pu compter sur son allié français qui a installé à N’Djamena le QG de sa force anti-djihadiste au Sahel, Barkhane. La position de la France sur la transition militaire est donc particulièrement scrutée.

« Coup d’Etat »

Pour de nombreux opposants qui ont toujours été réprimés par le régime d’Idriss Déby, cette prise de pouvoir par son fils n’est rien d’autre qu’un « coup d’État ». Une trentaine de partis d’opposition tchadiens ont dénoncé mercredi « un coup d’Etat institutionnel », et ont appelé « à l’instauration d’une transition dirigée par les civils (…) à travers un dialogue inclusif ». L’opposition a aussi appelé à « ne pas obéir aux décisions illégales, illégitimes et irrégulières prises par le CMT, notamment la charte de la transition et le couvre-feu ».

La toute-puissante Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l’État (DGSSIE), jusqu’alors dirigée par Mahamat Idriss Déby, « risque de se diviser. Ils vont régler leurs problèmes, comme ils l’ont fait dans le passé, par des tentatives d’éliminations physiques, avec donc l’implication de violences armées dans la capitale », poursuit-il.

Les menaces pèsent donc de toutes parts sur le nouvel homme fort du régime. Un Zaghawa, comme son père. Un militaire de carrière, comme son père. Jeune, certes. Mais Idriss Déby était lui-même arrivé au pouvoir à 38 ans, à la tête d’une rébellion.

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