Mort de Jacques Chirac : des milliers de personnes aux Invalides « pour partager l’émotion de sa famille et lui rendre hommage » – Le Monde

Dans la cour des Invalides, pour l’hommage populaire à Jacques Chirac, dimanche 29 septembre.

« Tous ceux qui l’ont aimé pourront venir. » Des milliers de Français ont répondu à l’invitation de la famille de Jacques Chirac, dimanche 29 septembre, en prenant la direction des Invalides, à Paris, pour rendre un dernier hommage à l’ex-président, mort jeudi, à 86 ans.

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Dès le matin, des centaines de personnes attendaient déjà sous la pluie, devant les grilles, comme l’a constaté notre journaliste sur place.

Le cercueil, qui a quitté peu avant 13 heures en convoi le domicile rue de Tournon, où l’ex-chef de l’Etat s’est éteint jeudi matin, est arrivé aux Invalides quelques minutes avant l’ouverture des grilles, accompagné de quelques applaudissements.

Philippe, 71 ans, était là depuis 10 heures. En 1968, il avait 20 ans et il était admiratif « de la manière dont le président Pompidou a géré la situation avec les étudiants ». Selon lui, « Jacques Chirac a continué à présider comme Pompidou tout en ayant sa personnalité ». « Il a été un grand ministre de l’agriculture, un secteur qu’il a bien défendu. Il était proche des gens. Je l’ai vu deux fois, il dégageait de la force et du dynamisme et de la proximité. Je lui ai demandé un autographe, il me l’a signé. Ce n’était pas une proximité feinte », veut-il croire.

Agnès est également arrivée tôt, bravant la pluie pour rejoindre les Invalides à vélo depuis Montrouge et rendre hommage à un homme avec qui son père avait eu l’occasion de travailler : « Il représente ma jeunesse et une partie de ma vie. »

Pour Danielle et Catherine, il était important de venir aujourd’hui, « parce que c’est un personnage qui représente la France de façon globale ». « Il a été maire de Paris, premier ministre, président de la Republique. Il représente le bon vivant, il a le sens de la famille. Il a connu la douleur au sein de sa famille et a aidé les Français. Je suis là pour partager l’émotion de sa famille et lui rendre hommage », poursuit Danielle. « Il a dit non à la guerre en Irak, mais il a relancé les essais atomiques. Pour nous, Domiens, il a mis en valeur les archipels et départements d’outre-mer. »

Philippe, Agnès, Danielle, Catherine et Hao sont venus aux Invalides, dimanche, pour rendre un dernier hommage à Jacques Chirac, mort jeudi 26 septembre.

« Pas un président comme les autres »

« Ce n’était pas un président comme les autres, pour la France et le monde », témoigne Han Guogang, qui est allé devant le cercueil recouvert d’un drap bleu blanc rouge, installé à l’entrée de la cathédrale Saint-Louis des Invalides, prononcer des mots d’adieux en chinois et en français. Il veut se souvenir d’un président « humain, qui avait de l’humour, était chaleureux ».

Dans la foule des inconnus ont été aperçus Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel et très proche de Jacques Chirac, ainsi que Jacques Toubon, Défenseur des droits et ministre de la justice du président défunt, et Christian Honoré, conseiller de Paris (Agir, opposition de droite). Vers 16 h 30, entre 4000 et 5000 personnes étaient venus se recueillir, selon la gendarmerie qui a indiqué que les Invalides resteraient ouvertes tant qu’il y aurait du monde.

Entre jeudi et samedi, quelque 5 000 personnes ont signé les registres de condoléances mis à disposition dans le vestibule de l’Elysée, puis sous le dôme des Invalides, dimanche.

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Un livret d’une dizaine de pages intitulé Jacques Chirac par ses mots, préparé par la famille, a également été distribué à l’assistance. « Vous l’aimiez, le respectiez. Il a fait partie de votre jeunesse, de l’idée que vous vous faites de la France. Il était le grand frère, le père, l’ami imaginaire. Essayons de le retrouver à travers ses mots », est-il écrit en préambule.

Aussi populaire que de Gaulle

Devenu de plus en plus populaire au fil du temps qui passait et l’éloignait du pouvoir, il est désormais considéré par les Français comme le meilleur président de la Ve République, à égalité avec Charles de Gaulle, selon un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, qui enregistre un bond de sa cote.

Son discours du Vél’d’Hiv en 1995, celui de sa victoire au second tour de la présidentielle en 2002, celui du Sommet de la Terre la même année, et encore son au revoir aux Français en 2007 étaient diffusés dans la cour des Invalides, avec une suite de Bach en intermède.

Lundi, une journée de deuil national suivra. Un service solennel présidé par Emmanuel Macron sera rendu à 12 heures dans l’église Saint-Sulpice à Paris, en présence des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d’Estaing. L’assistance sera à la mesure de l’afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi midi : parmi la trentaine de chefs d’Etat, seront présents le président russe, Vladimir Poutine, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, les présidents allemand, Frank-Walter Steinmeier, italien, Sergio Mattarella, et congolais, Denis Sassou Nguesso, le premier ministre belge, Charles Michel, ou encore les premiers ministres libanais, Saad Hariri, et hongrois, Viktor Orban.

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Un hommage particulier sera également rendu à l’ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, sa terre d’élection. Conformément au vœu de son épouse, Bernadette, Jacques Chirac sera inhumé au cimetière du Montparnasse dans le caveau où repose déjà leur fille aînée, Laurence, décédée en 2016.

Marine Le Pen renonce à se rendre à la cérémonie d’hommage à Jacques Chirac lundi

La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a renoncé à se rendre à la cérémonie d’hommage au président Jacques Chirac, qui se tiendra lundi 30 septembre à l’église Saint-Sulpice. La famille de l’ancien président, mort jeudi à 86 ans, avait émis des réserves sur la présence de la dirigeante d’extrême droite.

L’annonce de la venue de Marine Le Pen aux célébrations avait en effet créé des remous. Le ministre des comptes publics Gérald Darmanin (ex-Les Républicains) s’était ému de cette présence : « Je pense que le président Jacques Chirac a été sans aucune espèce de doute possible un grand ennemi de la famille Le Pen et que c’est un bel héritage que nous devons continuer à mettre en place ».

Jacques Chirac, qui a toujours refusé toute entente avec l’extrême droite, avait refusé de débattre avec le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, avant le second tourd e l’élection présidentielle de 2002, déclarant qu’il n’y avait « pas de débat possible » face à « l’intolérance et la haine ».

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