Mort de George Floyd : “Aux Etats-Unis, les policiers manquent de contre-pouvoirs” – LCI








Mort de George Floyd : “Aux Etats-Unis, les policiers manquent de contre-pouvoirs” | LCI

































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EMBRASEMENT – La mort de George Floyd, un Noir asphyxié lors de son interpellation, suscite une vague d’indignation et des heurts dans plusieurs villes américaines. Guillaume Debré, journaliste à TF1, revient sur les causes de cette situation.

La mort de George Floyd à Minneapolis (Minnesota), un homme noir de 46 ans lors de son interpellation par un policier blanc, a entraîné un soulèvement dans plusieurs villes américaines. Des milliers de personnes descendent dans les rues aux Etats-Unis pour dénoncer les mauvaises relations entre les citoyens et la police, ainsi que le problème endémique du racisme. 

Mais pourquoi la situation est-elle si tendue ? LCI a posé la question à Guillaume Debré, journaliste à TF1 spécialiste des Etats-Unis, pays dans lequel il a vécu plus de seize années. Il est notamment l’auteur du livre Je twitte donc je suis consacré à la présidence de Donald Trump.

LCI – En France, certains tracent un parallèle entre la mort d’Adama Traoré en France en 2016 et celle de George Floyd aux Etats-Unis. Selon vous, ces deux affaires sont-elles comparables ? 

Guillaume Debré – Je ne sais pas si nous pouvons faire une comparaison. Ces deux hommes sont décédés lors de leur arrestation. C’est tragique. Mais le contexte général est différent, notamment si on compare les polices américaines et françaises. 

En quoi la police américaine est-elle différente de la police française ?

Avant toute chose, nous ne devrions pas parler de la police américaine mais des polices américaines. Aux Etats-Unis, pays fédéral, chaque Etat, chaque comté, chaque municipalité dispose de sa propre force de police. C’est un système beaucoup plus complexe qu’en France et peu comparable. Aux Etats-Unis, les policiers sont très mal formés par rapport à chez nous. Ils se rendent la peur au ventre sur les interventions, notamment à cause de la circulation des armes. À tout moment, les choses peuvent mal tourner. 

Existe-t-il sentiment d’impunité chez les policiers américains ? 

On ne peut pas dire les choses comme ça, mais en cas de bavures, c’est le procureur général qui est chargé de l’enquête. Or, il est souvent élu par la population, la plupart du temps sur un discours sécuritaire. Il y a une sorte de conflit d’intérêts qui pose souvent problème. Autre particularité : les chefs de la police locale, comme les shérifs, sont eux aussi souvent élus sur un même discours sécuritaire. Les policiers manquent de contre-pouvoirs.

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Comment expliquer l’embrasement spécifique pour le décès de George Floyd ?

Ce n’est pas la première fois qu’un tel fait entraîne un embrasement. Ce fut le cas en 2014 à Ferguson dans le Missouri avec la mort de Michael Brown. Mais cette fois, la vidéo de l’agonie de George Floyd a été le déclencheur. Plus de huit minutes de souffrance. Puis, les policiers ont menti dans leur rapport. Sans oublier le contexte particulier dans lequel se trouvent les Etats-Unis avec un président, Donald Trump, qui semble souffler sur les braises et ne joue pas son rôle de rassembleur de l’Amérique. 

Le clivage entre Blancs et Noirs aux Etats-Unis se creuse-t-il ?

Exactement. La place de la communauté noire est la plaie béante de l’Amérique. Les cicatrices dues aux années d’esclavage de la population afro-américaine sont toujours vives. Cela crée des tensions extrêmes entre Blancs et Noirs, exacerbées par le clivage social. Par exemple à Minneapolis, 20% de la population est noire mais les policiers afro-américains ne représentent qu’à peine 9% des forces de l’ordre. Et c’est le cas partout aux Etats-Unis. Les Noirs ne se sentent pas équitablement représentés.  

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