Mort de George Floyd : Au procès de Derek Chauvin, les larmes, la colère et les regrets des témoins – 20 Minutes

Genevieve Hansen, une pompier de Minneapolis, essuie ses larmes en racontant, au procès de Derek Chauvin, que les policiers ont refusé de la laisser porter assistance à George Floyd. — Court TV/Sipa/AP

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Un ex-combattant MMA, une lycéenne et sa cousine de 9 ans, une femme pompier… Au procès de l’ex-policier Derek Chauvin, mardi, les témoins se sont succédé à la barre. Un à un, ces passants ont décrit leur « colère » et leur « tristesse » face à l’agonie de George Floyd à laquelle ils ont assisté, impuissants, encore hantés aujourd’hui de « ne pas avoir pu le sauver ».

Si leurs témoignages étaient avant tout dans l’émotion, la pompier a assuré que les policiers avaient refusé qu’elle vienne en aide à George Floyd. Et l’expert en arts martiaux a expliqué aux jurés que Derek Chauvin avait, selon lui, pratiqué un « étranglement sanguin » en pressant son genou contre le coup de la victime. Ce point central devrait être débattu par les experts médicaux au cours des prochaines semaines, avant un verdict attendu d’ici fin avril-début mai.

Donald Williams, ex-combattant MMA

« Vous êtes en train de lui faire un blood choke ! » Sur une vidéo du drame, on entend Donald Williams crier à Derek Chauvin d’arrêter. Devant le jury, il a répété que le policier avait, selon lui, effectué un « étranglement sanguin » en coupant l’arrivée du sang au cerveau via la pression exercée sur la carotide, sur le côté du cou de George Floyd. L’avocat de l’équipe du procureur lui a posé de multiples questions en se référant à son « expertise » des arts martiaux. Donald Williams a en effet combattu en MMA (mixed martial arts).

Celui qui était surnommé « The Deathwish » a signalé au jury qu’à chaque fois que Derek Chauvin effectuait un léger mouvement de rotation avec son genou et son pied, il augmentait la pression sur le cou de George Floyd. Après le départ de l’ambulance, il a appelé « la police contre la police », déclarant à l’opérateur : « Je crois que je viens d’assister à un meurtre ». Pour la défense, l’avocat Eric Nelson a rappelé que Williams n’était « pas un expert médical ». Selon lui, « la menace croissante de la foule en colère » a conduit Derek Chauvin à « détourner son attention du sort de M. Floyd ».

Darnella Frazier et Judeah Reynolds, une lycéenne et sa cousine de 9 ans

La caméra présente dans la salle d’audience a été coupée pour le témoignage de ces mineures. Darnella Frazier, 17 ans en mai dernier, est la lycéenne qui a filmé l’intervention de la police avec son smartphone. Son post sur Facebook est à l’origine du mouvement de mobilisation et a remis en cause la version initiale des autorités qui avaient qualifié la mort de George Floyd « d’urgence médicale ». « Certaines nuits, je reste éveillée et je m’excuse auprès de George Floyd de ne pas avoir fait plus, de ne pas m’être interposée, de ne pas avoir l’avoir sauvé », regrette-t-elle, assurant que les passants criaient « laissez-le », « vous lui faites mal », « il ne peut pas respirer », « il ne bouge pas ». Sa cousine de 9 ans a également témoigné de sa petite voix : « J’étais triste et en colère ». Derek Chauvin « avait l’air de l’empêcher de respirer et lui faisait mal ». Compte-tenu de leur jeune âge, l’avocat de l’ex-policier ne s’est, cette fois, pas risqué à un contre-interrogatoire.

Genevieve Hansen, la pompier qui n’a pas pu secourir George Floyd

Elle était en congés ce jour-là. Genevieve Hansen, pompier de Minneapolis et secouriste certifiée de 27 ans, dit s’être présentée aux policiers. Selon elle, ils lui ont répondu que si elle « était vraiment pompier », elle devrait savoir qu’on ne se « mêle pas » d’une intervention de collègues en cours. Quand elle a vu que George Floyd semblait « en détresse respiratoire », elle a supplié les policiers de la laisser vérifier son pouls et d’effectuer, si besoin, un massage cardiaque.

A la barre, la jeune femme décrit en détails les gestes qu’elle aurait pratiqués. Elle dit leur avoir proposer de les guider. « Mais ils ne m’ont pas laissé le faire », continue-elle. « Qu’avez-vous ressenti ? », lui demande le procureur. « J’étais bouleversée », répond-elle. « Et frustrée ? », enchaîne le conseil. Genevieve Hansen hoche la tête de haut en bas et répond « yes ». Sans parvenir à retenir ses larmes, qu’elle essuie à plusieurs reprises.

Comme face à Don Johnson, l’avocat de Derek Chauvin contre-attaque et souligne que Genevieve Hansen était calme au début, puis, qu’au fur et à mesure, elle est devenue « plus frustrée et agitée ». « ”Frustrée” n’est pas le bon mot », corrige-t-elle. « En colère ? », tente Eric Nelson. « Plutôt désespérée », répond-elle. « Vous avez traité les officiers de bitch (salope) », insiste l’avocat. Genevieve Hansen ne se démonte pas : « Je me suis mise en colère après que Mr Floyd a été chargé dans l’ambulance. Cela ne servait plus à rien de tenter de leur faire entendre raison. Ils venaient de tuer quelqu’un. »

» L’audience à suivre sur le compte Twitter de notre correspondant  @ptiberry

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