Mort de Denis Tillinac, écrivain, éditeur et polémiste qui animait la vie de la droite – Le Figaro

Viscéralement attaché à sa terre de Corrèze, Denis Tillinac était un admirateur de la France éternelle et profonde. L’écrivain, éditeur et polémiste, grand admirateur et grand animateur de la vie intellectuelle et de la droite française depuis les années 1970, est décédé à 73 ans dans la nuit de vendredi à samedi d’une crise cardiaque. L’annonce a été faite ce 26 septembre, un an jour pour jour après la disparition de son grand ami Jacques Chirac. Corrézien comme lui, il avait partagé ses combats politiques des années durant. Journaliste à La Montagne, il avait notamment suivi les campagnes électorales de Jacques Chirac sur ses terres, récit qu’il évoquait dans Spleen en Corrèze, paru en 1979.

Jacques Chirac sourira, tutoiera les maires, embrassera les dames, distribuera de fausses confidences. Ses pieds s’agiteront sous la table, sa voix chaude remplira les salles de mairie – une belle voix de caïd, un peu ténébreuse ; il allumera une quantité invraisemblable de Winston avec son bizarre froncement de sourcils…

Spleen en Corrèze

Dans ce journal d’un localier de «T…» en Corrèze, que l’auteur assure fictif tout en reconnaissant qu’il serait «grotesque de travestir le nom de M. Jacques Chirac», Denis Tillinac dévoile des morceaux de vie d’une France qui nous paraît aujourd’hui bien lointaine. «12 septembre. Week-end Chirac. Ce sera comme d’habitude : Chirac présidera deux ou trois assemblées ou séances de travail ; il remettra des distinctions, animera des vins d’honneur, présidera des banquets, recevra en audience une douzaine de notables et réglera dans un coin, entre deux réunions, les litiges et chamailleries de ses partisans. Ses proches se gonfleront de petits mots rédigés par les solliciteurs. Il sourira, tutoiera les maires, embrassera les dames, distribuera de fausses confidences. Ses pieds s’agiteront sous la table, sa voix chaude remplira les salles de mairie – une belle voix de caïd, un peu ténébreuse ; il allumera une quantité invraisemblable de Winston avec son bizarre froncement de sourcils… Tout cela très vite, comme un tourbillon. Dimanche soir, il regagnera Paris en hélicoptère…»

Les deux hommes s’étaient cependant fâchés quand l’auteur a choisi de soutenir Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 alors que le président sortant conservait de rancœurs à l’égard de son ancien ministre de l’Intérieur. Denis Tillinac avait ensuite pris ses distances avec le nouveau président élu jusqu’à participer, en 2016, à un rassemblement d’intellectuels et politiques à Béziers à l’initiative du maire Robert Ménard, chargé d’une table ronde intitulée Définir ce qu’est être de droite.

Conservateur revendiqué, amateur de rugby, Denis Tillinac a signé une soixantaine d’ouvrages (romans, récits, essais, nouvelles, poésies…), dont son dernier Dictionnaire amoureux du Général (De Gaulle) aux éditions Plon, paru en 2020. De nombreux prix ont jalonné sa carrière : le prix Roger Nimier pour L’Été anglais (Robert Laffont) ou encore le Grand Prix de littérature Henri-Gal, récompense de l’Institut de France sur proposition de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre.

À voir aussi – Conversation avec Denis Tillinac: ” A six ans, je savais que je ne serais jamais un adulte”

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading