Mort d’Adama Traoré : une nouvelle contre-expertise met en cause les gendarmes – Le Monde

Dans l’affaire Adama Traoré, jeune homme de 24 ans mort sur le sol de la caserne de Persan (Val-d’Oise) en juillet 2016 à la suite d’une interpellation musclée par les gendarmes, le marathon médico-légal se poursuit. Quatre jours après la révélation d’une expertise médicale exonérant la responsabilité des militaires dans le décès d’Adama Traoré, les conclusions d’une nouvelle contre-expertise indépendante, réalisée à la demande des parties civiles, viennent la contredire.

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Dans ce document daté du 2 juin, que Le Monde a pu consulter, l’expert, professeur spécialiste des maladies systémiques, dont la sarcoïdose (une maladie inflammatoire avancée par certaines expertises comme étant l’une des causes possibles d’une défaillance cardiaque de la victime), conclut que le « décès fait suite à un syndrome asphyxique. Le syndrome asphyxique fait suite à un œdème cardiogénique. L’œdème cardiogénique fait suite à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral. Le plaquage ventral a entraînéla mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position. Aucune autre cause de décès n’est identifiée. » « L’œdème cardiogénique n’est que la conséquence de l’asphyxie et non la cause », est-il précisé. « Ce rapport démonte point par point l’expertise de la semaine dernière et désigne le plaquage ventral comme ayant causé la mort d’Adama Traoré », se félicite Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille.

Onze documents médicaux

Dans cette affaire, les expertises médicales censées faire la lumière sur les causes de la mort se succèdent sans parvenir à des résultats concluants. Si toutes reconnaissent une mort par asphyxie, elles divergent sur son origine. Pour les proches de la victime, la mort d’Adama Traoré est due à la compression exercée sur sa cage thoracique lors du « plaquage ventral » par les trois gendarmes. Pour ces derniers, placés sous le statut de témoin assisté pour les faits de non-assistance à personne en danger, elle a été causée par une ou plusieurs fragilités antérieures du jeune homme.

La dernière contre-expertise indépendante se fonde sur l’étude de onze documents médicaux publiés sur la mort d’Adama Traoré en bientôt quatre ans : une autopsie, une contre-autopsie, un compte rendu anatomopathologique (analyse des tissus), un rapport d’expertise anatomopathologique, un rapport d’expertise toxicologique, un examen neuropathologique, une expertise du dossier médical, un examen anatomopathologique, une expertise médico-légale de synthèse, une contre-expertise médico-légale et un rapport d’expertise médicale.

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Ce dernier, ordonné par les deux juges d’instruction et mené par un collège de trois médecins, affirmait qu’une défaillance cardiaque était à l’origine de la mort du jeune homme. Datée du 24 mars, cette étude dit ne pas trouver « de pathologie évidente expliquant cet œdème cardiogénique » et l’attribue à l’association de plusieurs éléments : une sarcoïdose pulmonaire, une cardiopathie hypertrophique, un trait drépanocytaire, le tout « dans un contexte de stress intense » et « d’effort physique », « sous concentration élevée » de cannabis. Pour le professeur, auteur de la contre-expertise indépendante, les trois médecins n’ont fait « que des suppositions » sans démontrer « que ces pathologies [avaient] contribué à causer le décès d’Adama Traoré ».

Les parties civiles ont encore dix jours pour demander aux juges d’instruction d’ordonner une nouvelle contre-expertise.

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