Mission patrimoine : les 100 sites départementaux en péril sélectionnés par le comité de Stéphane Bern dévoilé – franceinfo
La Mission Patrimoine, et son président Stéphane Bern, sont de retour pour une cinquième édition. Créée en septembre 2017, elle a été initiée par le président de la République Emmanuel Macron et confiée au journaliste amoureux de l’histoire de France. L’objectif : identifier le patrimoine en péril et trouver des sources de financement afin de les préserver.
Présidé par l’animateur de Secrets d’Histoire, le comité de la Mission Patrimoine fait deux annonces dans l’année : la première, en mars, concerne les 18 “sites emblématiques” du patrimoine français qui bénéficieront d’une importante aide financière pour être restaurés. La seconde, fin août ou début septembre, révèle les 100 “sites départementaux” qui auront également le droit à un bon coup de main pour pouvoir être réparés et sauvés de la destruction. C’est donc ce lundi 29 août 2022 que la liste des 100 sites est officiellement annoncée.
Comme pour les éditions précédentes de la Mission Patrimoine, un édifice par département a été sélectionné cette année pour bénéficier d’une aide financière. Un pigeonnier en Nouvelle-Aquitaine, un théâtre au Pays de la Loire, des écuries en Franche-Comté… Les lieux choisis sont variés et ont un niveau de conservation et de détérioration différents.
Les sites patrimoniaux soutenus ne sont pas tous des édifices ou des habitations. “On veut représenter toutes les formes de patrimoine. Il y a beaucoup de châteaux, de lieux de culte en péril, c’est vrai. Mais on soutient des projets différents, du patrimoine industriel par exemple qui, par la même occasion, va revitaliser l’économie de la région”, raconte Célia Verot, la directrice de la Fondation du Patrimoine. Dans les Côtes d’Armor, c’est une passerelle construite d’après les plans de Gustave Eiffel, à La Roche-Jaudy, qui bénéficiera d’une aide. Datant du XIXe siècle, ce pont est l’un des premiers à avoir été construits par le célèbre ingénieur. Il est inutilisé depuis près de 40 ans à cause du très mauvais état de sa structure en fer qui a fini par rouiller. Les propriétaires ont candidaté à la Mission Patrimoine afin de le restaurer, le renforcer et le rendre accessible aux promeneurs dans le respect des règles de sécurité.
Cette initiative patrimoniale peut aussi venir en aide à des structures toujours en activité comme l’ancienne brasserie de Ville-sur-Illon, dans les Vosges. Construite en 1887, elle fut un haut-lieu de l’industrialisation et de la fabrication de bières dans le Grand Est pendant plus d’un siècle. Aujourd’hui, le grand bâtiment en pierre est devenu un écomusée et produit toujours de la bière à l’échelle locale selon des méthodes traditionnelles. Entretenu par une équipe de bénévoles, le lieu se dégrade au fil du temps, notamment au niveau de sa charpente.
“Il y a des lieux qu’on aime aussi parce que c’est beau”, confie la directrice. “Moi, j’ai un coup de coeur pour les abbatiales de Saint-Savin dans les Hautes-Pyrénées. J’ai eu la chance de pouvoir déjà y aller. Le lieu est magnifique, mais en très mauvais état. C’est dans une petite commune, toute la municipalité est très investie, d’ailleurs ! Le maire me racontait qu’il avait fait toutes ses études dans l’école communale en face de l’église et qu’avec ses amis il l’avait donc vu tous les jours, pendant des années. Maintenant, ils sont tous au Conseil municipal et ils s’intéressent au patrimoine, veulent sauver ces édifices. On a toujours envie d’aider des personnes aussi engagées”.
Avant de déposer une candidature sur le site internet de la Mission Patrimoine, n’importe qui peut signaler une construction en péril. Tout propriétaire, association, commune ou passionné de patrimoine peut identifier et prévenir qu’un bâtiment historique est dégradé. La déposition est ensuite analysée par différentes structures spécialisées avant d’être validée pour une candidature. Depuis la création de la Mission Patrimoine, 4800 sites ont été signalés.
Cette année, plus de 760 projets ont candidaté sur le site internet. Un comité composé de représentants de la Fondation du patrimoine, de la Française des Jeux et du Ministère de la Culture s’est ensuite réuni pour sélectionner parmi ces demandes les cent sites départementaux qui seront financés. “Il y a deux étapes : tout d’abord, c’est du terrain. Les délégations de la Fondation du patrimoine analysent les dossiers, vont voir les propriétaires. Ils font aussi une présélection avec les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) pour les candidats dont les sites sont déjà classés monuments historiques. Ensuite les dossiers examinés sont présentés au comité de sélection. Et on donne un choix final”, explique la directrice de la Fondation du Patrimoine, Célia Verot.
Pour les départager, quatre critères principaux sont étudiés : l’intérêt patrimonial et culturel au sein du département, l’état du péril, la maturité du projet et enfin la hauteur du projet de valorisation. Mais le choix peut parfois être difficile, notamment parce qu’ils ne peuvent choisir qu’un seul projet par département. “Tous les projets qui viennent à nous sont intéressants et en situation de péril. Quand on n’a pas pu en retenir un pour Mission Bern, soit la Fondation du patrimoine va l’aider en dehors du programme, avec les mécénats ou en lançant une collecte de dons, soit on sélectionnera le projet l’année prochaine”, ajoute la directrice.
Un résultat rendu possible grâce à l’argent récolté chaque année auprès de plusieurs donateurs mais aussi grâce au Loto du patrimoine : il a apporté plus de cent millions d’euros à la Fondation depuis sa création. “L’annonce des sites sélectionnés se fait avant le lancement du loto. Comme ça, les joueurs participent au jeu en sachant à quel édifice leur argent va aller”, complète Célia Verot. Les autres sources de financement proviennent des recettes mobilisées par la Fondation du patrimoine, le Ministère de la Culture mais aussi par de nombreux mécénats privés. “On récolte des fonds jusqu’à la fin de l’année et après on les redistribue”.
La somme versée varie en fonction du projet de restauration. Certains sites, classés monuments historiques perçoivent déjà des aides de l’Etat chaque année. Alors que d’autres partent de zéro. “Depuis plusieurs années on arrive à fonctionner de la manière suivante : on donne à chaque lauréat une somme qui est plafonnée à 300 000 euros mais ce ne sera que dans la limite de leur besoin. On est là pour compléter l’argent qui manque afin que les travaux puissent commencer dès que possible”, détaille la directrice de la Fondation du patrimoine.
Depuis sa première édition en 2018, la Mission Patrimoine a aidé 655 sites départementaux dans leur restauration, en métropole et en Outre-Mer. Parmi eux, 192 ont achevé leurs travaux et ont pu être sauvés.