Mis en examen, Ferrand se dit « déterminé à poursuivre sa mission » à l’Assemblée – Le Monde
Le responsable LRM était entendu dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de prise illégale d’intérêts dans ses fonctions de directeur de la mutuelle bretonne de 1998 à 2012.
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L’affaire des Mutuelles de Bretagne, révélée en mai 2017 par Le Canard Enchaîné, lui avait déjà coûté son poste de ministre de la cohésion des territoires. Elle le rattrape aujourd’hui au perchoir de l’Assemblée nationale, où il a été élu en septembre 2018. Richard Ferrand, quatrième personnage de l’Etat, a été mis en examen, dans la nuit de mercredi 11 à jeudi 12 septembre, par la justice lilloise, après treize heures d’une audition tendue, dans le cadre d’une enquête ouverte sur des soupçons de prise illégale d’intérêts dans ses anciennes fonctions de directeur de la mutuelle bretonne de 1998 à 2012.
Dans un communiqué diffusé aussitôt, M. Ferrand s’est dit « déterminé à poursuivre sa mission » de président de l’Assemblée, laissant entendre qu’il n’avait pas l’intention de démissionner.
Ouverte en janvier 2018 après une plainte déposée par l’association anticorruption Anticor, cette information judiciaire vise à déterminer si le député La République en marche (LRM) du Finistère, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, s’est rendu coupable du délit de « prise illégale d’intérêts », lors d’une opération immobilière engagée par les Mutuelles de Bretagne au bénéfice de sa compagne, l’avocate Sandrine Doucen.
Une juteuse opération
Les faits visés remontent à 2011. Le groupe mutualiste breton cherche à louer des mètres carrés dans le centre de Brest pour y déménager l’un de ses centres de soins. Leur directeur général de l’époque, Richard Ferrand, en profite pour organiser l’achat de locaux par sa compagne afin de les louer dans la foulée aux Mutuelles, par l’entremise d’une société civile immobilière (SCI) créée pour l’occasion. La proposition de la SCI est sélectionnée parmi d’autres. Elle permet à la compagne de M. Ferrand de réaliser une juteuse opération, puisque le prix d’acquisition du bien – 375 000 euros – va se voir financer par les loyers versés par les Mutuelles.
« Cela fait un an que M. Ferrand se dit blanchi par des décisions de justice, nous voyons aujourd’hui que c’était faux, déclare Jean-Christophe Picard, le président d’Anticor, à l’origine de la procédure judiciaire. Nous nous réjouissons que le dossier avance, malgré les manœuvres dilatoires qui ont été engagées. » « Quel que soit le temps que ça prend, on avance dans le bon sens », ajoute l’avocat d’Anticor, Jérôme Karsenti.