Michèle Rubirola élue maire de Marseille – Le Figaro

De notre envoyé spécial à Marseille,

Le scénario est digne d’une série Netflix. Au bout du suspense, dans une ambiance électrique, Michèle Rubirola a été élue nouvelle maire de Marseille. Elle succède donc à Jean-Claude Gaudin, qui dirigeait la ville depuis 1995. Après une campagne rocambolesque, Michèle Rubirola l’emporte au 2e tour du «troisième tour», avec 51 voix, contre 41 pour le candidat de droite Guy Teissier. Une majorité absolue qui lui permet de devenir la nouvelle édile de la cité phocéenne. Une victoire qu’elle doit en grande partie à Samia Ghali, l’ex-socialiste, ayant annoncé peu avant le vote du 2e tour retirer sa candidature et apporter son soutien à la candidate du Printemps Marseillais.

Dès 8h, devant l’Hôtel de ville de Marseille, l’ambiance est déjà électrique. Des centaines de manifestants se sont réunis, à l’appel des élus du Printemps Marseillais, pour soutenir Michèle Rubirola. «Nous refusons de nous faire voler cette élection par un troisième tour injuste qui n’a pas lieu d’être. Le Printemps Marseillais a terminé en tête à l’issue du second tour, Rubirola devrait déjà être maire», justifie l’un d’entre eux. Au fil de leur arrivée, les élus se font tantôt acclamer, quand ils sont du Printemps Marseillais, tantôt conspuer, lorsqu’ils sont d’un autre parti. À son arrivée, Michèle Rubirola est accueillie telle une rockstar, suivie par une nuée de caméras et de photographes.

À l’intérieur, l’ambiance est plus grave. Quelques minutes après le début de cette séance d’installation du Conseil municipal, Stéphane Ravier, candidat RN aux élections phocéennes, se lève et prend la parole. Il accuse ses adversaires de «confisquer la démocratie» et annonce que les élus du Rassemblement national ne participeront pas au vote. «Nous ne vendons pas nos électeurs», défend-il ensuite pour justifier ce choix, après avoir quitté l’hémicycle.

Lors du 1er tour, trois élus sont candidats : Michèle Rubirola (union des gauches), Guy Teissier (LR) et Samia Ghali (divers gauche). Lionel Royer-Perreaut (LR), qui avait annoncé sa candidature dissidente il y a quelques jours après le désistement de Martine Vassal, s’est finalement ravisé, laissant le champ libre au député Guy Teissier. À l’issue du scrutin, aucune majorité absolue ne se dégage : la tête de liste du Printemps Marseillais est en tête, avec 42 voix, devant Gilles Teissier (41 voix) et Samia Ghali (8 voix). Un élu a voté blanc.

Au bout du suspense

Après deux heures de suspension de séance, les élus reviennent dans l’hémicycle. L’ambiance est électrique. Samia Ghali et Michèle Rubirola demandent une suspension, que la présidente leur refuse. Guy Teissier prend à son tour la parole et accuse : «Ce que nous vivons ressemble à une assemblée plénière d’un parti marginal d’extrême gauche». Sous pression, la présidente de séance décide finalement de suspendre une nouvelle fois les débats, «le temps de déjeuner».

Une heure plus tard, tous les élus reviennent. Devant l’Hôtel de ville, Samia Ghali prend la parole : elle retire sa candidature et votera pour Michèle Rubirola. Quelques minutes plus tard, lorsque la sénatrice annonce la nouvelle dans l’hémicycle, les deux élues tombent dans les bras l’une de l’autre. Il faut dire que l’accord était loin d’être scellé. Quelques heures auparavant, les négociations entre elles avaient tourné court et Samia Ghali discutait avec Les Républicains.

Lors de sa rencontre avec Michèle Rubirola, la sénatrice avait réclamé une seule chose : le poste de première adjointe. Et la cheffe de file du Printemps Marseillais le lui a refusé : «L’avenir de Marseille ne doit pas se jouer autour d’une revendication individuelle (…) Je ne serai l’otage d’aucun chantage, je réfute ces pratiques bien éloignées des enjeux et j’invite Samia Ghali à faire de même», lui a-t-elle répondu. Il aura donc fallu attendre la fin pour voir les deux femmes s’entendre. À quelles conditions ? Les détails ne sont pas encore connus.

Il est 16h et Michèle Rubirola fête la victoire, devant l’Hôtel de ville, avec ses militants. Ces derniers ont passé la journée à attendre, pour pouvoir finalement laisser exploser leur joie à l’annonce du verdict.

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