Michel Fourniret hospitalisé, son pronostic vital engagé et non réversible – Le Parisien

Les jours de l’Ogre des Ardennes sont comptés. Selon des sources concordantes, le tueur en série Michel Fourniret âgé de 79 ans a été hospitalisé en urgence le samedi 8 mai à l’unité hospitalière sécurisée interrégionale de la Salpêtrière à Paris pour des problèmes d’insuffisance respiratoire. Le septuagénaire qui souffre de problèmes cardiaques et de la maladie d’Alzheimer a été placé dans le coma et serait considéré par les médecins comme non réanimable. Selon nos informations, son pronostic vital est engagé et ne peut être réversible. Un protocole d’accompagnement de fin de vie a été engagé.

Ces derniers mois, l’état de santé du détenu qui était incarcéré au centre pénitentiaire de Fresnes, s’est fortement détérioré. Il a déjà été hospitalisé à plusieurs reprises, notamment en novembre 2020 à l’hôpital Henri Mondor de Créteil (Val de Marne) où, dans le coma, il avait été placé en réanimation. Contacté le parquet de Paris n’a pas souhaité réagir.

Par ailleurs, sollicités, les avocats de Michel Fourniret, se sont dit étonnés d’apprendre cette hospitalisation par la presse. D’autant que le 15 avril dernier, devant la détérioration de l’état de santé de leur client, ils avaient effectué une requête d’ordonnance de sursis auprès de la juge d’instruction Sabine Khéris. Et le mois précédant, une réquisition de suspension de fin de peine. Un certificat médical daté du 1er mars dressait un bilan de santé très alarmant du détenu, diagnostiquant notamment la maladie d’Alzheimer.

« Ce qui se traduit par un trouble neuro-cognitif qui atteint tous les secteurs cognitifs, c’est à dire un syndrome démentiel d’intensité sévère », notait le certificat médical. « Les propos sont au mieux rares et inadaptés, au pire se résument à un jargon incompréhensible ». Le document médical pointait une « perte d’autonomie majeure qui nécessite l’aide d’un soignant pour tous les gestes de la vie quotidienne, notamment pour le repas où la fourchette doit lui être amené à la bouche ».

Condamné deux fois à la perpétuité pour les meurtres de huit femmes ou adolescentes et mis en examen à quatre reprises pour ceux de la petite Estelle Mouzin ou des jeunes femmes Lydie Logé, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce‚ le tueur en série ne sera jamais jugé pour ces crimes dont il a reconnu être l’auteur. « Cela fait plusieurs mois que son état et sa mémoire sont dégradés et que l’on se doute qu’il ne sera jamais jugé, observe Didier Seban, l’avocat des familles de ces victimes. Cette situation est évidemment dure à vivre pour les familles qui seront privées du principal accusé en cas de procès. ». De leur côté, les avocats du tueur en série remettent en cause « la valeur de ses déclarations tenues depuis deux ans compte tenu de l’ampleur de ses troubles cognitifs »

Une trentaine d’ADN inconnus prélevés sur des effets de Fourniret en cours d’analyse

À l’orée de la mort de l’Ogre des Ardennes, connaîtra-t-on un jour l’ampleur réelle des crimes du couple diabolique formé par Michel Fourniret et Monique Olivier ? L’ex-femme et complice du tueur avait confié à une codétenue de la maison d’arrêt de Rennes que le nombre de leurs victimes « dépassait largement la trentaine ». Comme l’a révélé mercredi le Parisien, une trentaine d’ADN inconnus prélevés sur des effets de Michel Fourniret sont en cours d’analyse afin de déterminer s’ils ne sont pas ceux pas de victimes oubliées. Ces traces génétiques font l’objet de rapprochements avec au moins 21 affaires non élucidées de meurtres ou disparitions aux mains de la police judiciaire et de la gendarmerie.

Cette liste concerne exclusivement des fillettes ou des jeunes femmes, âgées de 10 à 39 ans, mystérieusement évaporées ou assassinées entre 1987 et 2003 dans 17 départements. Cette volonté de la justice de tenter de compléter le palmarès sanguinaire de Michel Fourniret a été confortée par les récentes avancées dans les affaires Estelle Mouzin et Lydie Logé. Le tueur en série a été formellement relié tant à la disparition de la fillette de 9 ans en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne) qu’à celle de la jeune femme de 29 ans à Saint-Christophe-le-Jajolet (Orne) en 1993 grâce aux progrès de la science.

« Nous sommes par ailleurs convaincus qu’il a fait d’autres victimes, mais il ne pourra plus contribuer à la vérité ou à d’éventuelles recherches de corps… déplore Didier Seban. C’est regrettable est c’est imputable à la justice qui est restée trop longtemps inactive et n’a pas voulu se plonger sur le cas Fourniret. Cet exemple et l’incertitude qui continue de planer sur la réalité de son parcours criminel doivent inciter à changer la loi dans le traitement de ces criminels sériels et de ces affaires anciennes. »

La sixième campagne dans les Ardennes de recherche des restes d’Estelle Mouzin s’est soldée par un échec, malgré la conviction des enquêteurs, guidés par l’ex-épouse du tueur en série, d’être sur la bonne piste. Son épouse, Monique Olivier, avait été extraite pour l’occasion de sa cellule où elle purge une peine de sûreté de 28 ans de prison pour complicité dans quatre des meurtres de son ex-mari, et avait été interrogée une dernière fois, à la gendarmerie de Sedan. Selon elle, elle aurait accompagné son ex-mari avant de le laisser aller enfouir le corps de la petite Estelle le 11 janvier 2003. Deux jours plus tôt, la fillette de neuf ans avait été enlevée sur le chemin de l’école à Guermantes (Seine-et-Marne).

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