Meurtre d’Élodie Kulik. L’ombre d’un troisième homme évoquée par les premiers témoins – Ouest-France éditions locales

Au deuxième jour du procès de Willy Bardon, accusé du viol et du meurtre d’Elodie Kulik en 2002, les débats sur la personnalité de l’accusé ont parfois dévié, faisant surgir l’ombre d’un autre homme, « observateur » potentiel des crimes.

Dans la matinée, c’est Amélie D., maitresse de Willy Bardon à partir de 2007, et qui vit désormais avec lui, qui a répondu aux questions de la cour d’assises d’Amiens, notamment sur les violences conjugales subies auprès d’un précédent compagnon, et sur la réaction de celui qui était alors son amant.

« Willy voulait que j’appelle le 39.19, que j’aille voir des associations… mais je lui interdisais d’intervenir », a-t-elle expliqué à la barre. « Il a pris sur lui. J’avais peur des répercussions envers moi, que ce soit pire ».

Demandes insistantes

Tandis qu’elle voit en l’accusé un homme « gueulard », « dragueur », « très gentil », l’avocate générale Anne-Laure Sandretto s’attarde sur leurs pratiques sexuelles. Elle fait lecture de leurs échanges de SMS aux termes parfois crus, soulignant les demandes, qu’elle juge « insistantes », formulées par Willy Bardon pour des rapports lorsque Amélie D. a ses règles. Celle-ci évoque un « fantasme ».

Elodie Kulik « était indisposée au moment des faits, il me paraît important qu’on sache concrètement ce qui s’est passé à ce moment-là », se justifie l’avocate générale.

Puis, répondant aux questions de la défense, Amélie D. dévoile ses soupçons dirigés sur un autre homme, Christophe M., qui pourrait selon elle avoir participé aux crimes. Il aurait eu des « gestes déplacés » envers elle et sa petite soeur.

Anne-Laure Sandretto s’emporte: « à aucun moment pendant l’enquête vous n’avez écrit au juge d’instruction pour demander à réorienter l’enquête » vers cet individu.

« Il faut le savoir aussi, qu’on peut le demander », répond Amélie D. Sans preuve, elle estime qu’elle n’avait « pas le droit d’accuser ».

Obscénités

Une autre audition vient prolonger les échanges à propos de Christophe M., celle de Myriam H., sa compagne en 2012, époque où la police a conclu à la participation aux faits de Grégory Wiart, qui est décédé en 2003. Christophe M., qui n’était pas encore majeur, était alors son apprenti.

Myriam H., commerçante de 47 ans, a été en contact une seule fois avec Willy Bardon, quelques minutes seulement au cours desquelles il lui a proféré des « obscénités très choquantes », si « violentes » qu’elle n’a jamais souhaité le revoir.

Elle donne un échantillon très cru, et conclut : « C’était des mots hard »… Willy Bardon dit ne pas se souvenir « des termes », mais ne conteste pas.

Questionnée sur la personnalité de Christophe M., elle déclare d’emblée que « c’est très, très compliqué ». « Des fois on comprenait pas, il pétait un plomb. Il était très gentil et puis ça explosait », précise-t-elle, évoquant un comportement « bipolaire ».

Troisième homme ?

Elle est ensuite interrogé sur les réactions du « milieu du 4×4 », auquel elle n’a jamais appartenu mais que fréquentaient Gregory Wiart, Willy Bardon et Christophe M., quand l’implication du premier a été révélée, en janvier 2012, grâce à son empreinte ADN retrouvée sur la scène de crime.

« Tout le monde est tombé de haut », a-t-elle décrit. « Tout le monde a été un peu surpris, un peu en panique, il y eu beaucoup de coups de téléphones entre copains, entre gars du 4×4, le téléphone ne faisait que biper ».

Quelques semaines plus tard, Christophe M., dont le profil génétique pourrait correspondre avec un ADN mitochondrial retrouvé sur les lieux, avait été placé en garde-à-vue.

« Ça m’a énormément secouée, il y a beaucoup de choses qui se passent dans votre tête, si ça se trouve je suis en couple avec quelqu’un qui est impliqué », se remémore-telle.

La cour lui demande son sentiment. « Je me suis toujours posé la question – être impliqué je ne pense pas, être observateur de la scène, peut être, savoir des choses, je pense oui ».

Christophe M. sera entendu jeudi 28 novembre.

Partager cet article La cour d'assises de la Somme juge depuis le 21 novembre l'affaire du meurtre et du viol d'Elodie Kulik en 2002.

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