Meurtre d’Alexia: Condamné à 25 ans de réclusion, Jonathann Daval ne fera pas appel – 20minutes.fr

Meurtre d’Alexia Daval: Retour sur l’enquête — 20 Minutes

Jonathann Daval a été condamné ce samedi à 25 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises de la Haute-Saône pour le meurtre de sa femme Alexia en octobre 2017, au terme d’une affaire et d’un procès extrêmement médiatisés.

Après deux heures et demi de délibéré, les jurés ont rendu un verdict plus clément que les réquisitions de l’avocat général Emmanuel Dupic, qui avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité. L’une de ses avocates, Me Ornella Spatafora, a rapidement indiqué que Jonathann Daval ne ferait pas appel du jugement. « Nous ne ferons pas appel de cette décision », a-t-elle déclaré devant la presse, précisant : Jonathann Daval « accepte également cette décision ».

« Une très bonne décision »

Dans son box, Jonathann Daval a accueilli la décision, impassible, alors qu’à l’extérieur du tribunal, quelques dizaines de badauds se massaient derrière les barrières qui en barraient l’accès. Au prononcé du verdict, l’accusé a regardé sa propre famille tandis que sur les bancs des parties civiles, Jean-Pierre Fouillot, le père d’Alexia, passait un bras autour des épaules de son épouse Isabelle.

Quelques minutes plus tard, cette dernière est allée à la rencontre des journalistes, comme elle l’avait fait régulièrement tout au long du procès : « C’est une très bonne décision, exactement ce que j’espérais, à la hauteur de notre souffrance, ça va nous permettre de tourner une page », a-t-elle réagi. « C’était trois ans de combat » mené « juste pour elle », et « nous sommes arrivés à la fin », a-t-elle enchaîné les larmes aux yeux et le regard tourné vers le ciel, « j’espère qu’aucun d’entre vous, aucun Français ne l’oubliera ».

« La justice a bien fait son travail, a compris notre douleur », a renchéri son époux, Jean-Pierre. « Je suis très, très contente que cette étape s’achève, on est arrivé au bout de quelque chose de très long et de difficile pour laquelle on a beaucoup travaillé », a estimé Stéphanie, la soeur d’Alexia. « On a hâte de se retrouver ensemble et de retourner à une vie plus normale, on aspire à plus de sérénité », a-t-elle encore déclaré.

Un « crime conjugal (…) presque parfait »

Dans son réquisitoire, Emmanuel Dupic avait pointé un « crime conjugal (…) presque parfait », perpétré selon lui par l’accusé au motif qu’Alexia voulait le quitter, les défenseurs de ce dernier mettant en garde contre une « boucherie judiciaire ».

Le procureur en avait appelé aussi au « courage » des jurés. « Du fait de la médiatisation de cette affaire, cette décision sera regardée », avait-il relevé, avant de requérir « la réclusion criminelle à perpétuité », sans peine de sûreté. Là aussi, Jonathann Daval n’avait guère bronché. « Je crois (…) qu’il l’a tuée parce qu’Alexia voulait le quitter, tout simplement », avait soutenu Emmanuel Dupic qui a dépeint l’accusé en « manipulateur » et en « menteur ».

« Épouvantable »

Ce crime « particulièrement épouvantable », c’est « une affaire de crime conjugal qui est devenue, en raison de la médiatisation, extrêmement emblématique », avait-il également souligné, rejetant par ailleurs la thèse d’un meurtre commis après une simple dispute conjugale.

« Un monde s’écroule pour Jonathann Daval. Alexia met fin à la relation » et « le scénario c’était ça, on ne devait pas retrouver le cadavre, Jonathann restait dans cette famille », selon Emmanuel Dupic, d’où la dissimulation du corps dans un bois et, surtout, la tentative d’incinération. « La vérité n’est pas entendable : c’est épouvantable de tuer une femme parce que vous ne voulez pas qu’elle vous quitte », a encore fustigé l’avocat général.

U meurtre « pas prémédité » pour son avocat

Avocat de Jonathan Daval, Me Randall Schwrdorffer a assuré que le meurtre n’était « pas prémédité, pas réfléchi ». « C’est ce qu’on appelle « un coup de sang » », a-t-il lancé d’une voix de stentor. « La perpétuité c’est une peine qu’on prononce pour les criminels les plus dangereux de la société : Francis Heaulmes, tueur d’enfants, Michel Fourniret, Marc Dutroux, Guy Georges… Quel est le point commun avec Jonathann Daval ? Aucun. Si, la médiatisation », a poursuivi Me Schwerdorffer, qui a arpenté la cour d’assises faisant face aux jurés.

« Jonathann est effectivement un criminel. Il ne le conteste pas, vous allez le juger. Mais un jugement ce n’est pas une vengeance. Ce qu’on vous réclame, sur les bancs des parties civiles, c’est une vengeance, à cause des médias, des mensonges, parce qu’il a trahi ses beaux-parents (…) Tout ce qui fait l’affaire Daval, c’est la médiatisation », a-t-il insisté.

Sa consoeur, Me Ornella Spatafora, a quant à elle rejeté toute « dangerosité criminologique » de son client, exhortant les jurés à prononcer « une peine juste » qui « sanctionnera Jonathann pour ce qu’il a fait et l’homme qu’il est ». Au cours des débats, Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans, a reconnu avoir tué intentionnellement son épouse. « J’ai plus d’avenir (…) Je dois payer pour les actes que j’ai commis », a admis vendredi ce trentenaire émacié aux allures de frêle adolescent, victime mercredi soir d’un malaise vagal en plein interrogatoire.

« Morsure »

Jeudi, il était longuement revenu sur le soir du crime, qui s’était déroulé à leur domicile dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, sur fond de difficultés conjugales aiguës : Alexia souhaitait ardemment un enfant mais son mari, qui souffrait de troubles de l’érection, la fuyait de plus en plus.

Ce soir-là, il dit avoir refusé une relation sexuelle à son épouse. Une violente dispute aurait alors éclaté. Le facteur déclenchant ? Alexia l’aurait mordu, selon ses dires, provoquant sa rage : « La morsure, ça m’a mis hors de moi ». Il la frappe et l’étrangle : c’est « la colère de toutes ces années qui est ressortie (…) D’où l’étranglement pour qu’elle se taise », a-t-il dit, arguant qu’Alexia « l’humiliait ».

Le lendemain il emporte le corps dans un bois et y met le feu avant de donner l’alerte, soutenant que sa femme n’est pas revenue de son jogging. Le corps d’Alexia sera retrouvé deux jours plus tard. Pendant trois mois, son visage de veuf éploré apparaîtra dans tous les médias, contribuant à alimenter la médiatisation intense de cette affaire en pleine vague #MeToo.

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